Tropical Fuck Storm

Tropical Fuck Storm au Café Campus | Une courte mais percutante leçon d’art punk viscéral

Le quatuor australien Tropical Fuck Storm monte sur une scène avec le naturel déconcertant de ceux qui savent où ils vont. Et même si la durée de leur présence est limitée, le groupe balaie ses styles : du punk bruitiste à la mélodie plus sombre, des explosions instrumentales aux moments presque atmosphériques, TFS garde une signature forte et laisse une impression indélébile aux spectateurs présents. On en a eu la preuve samedi soir au Café Campus.

D’abord annoncé pour 19h30, le début du spectacle a finalement été repoussé pour 20h30, ce qui n’a pas semblé déranger qui que ce soit. Des histoires de douanes plus longues que prévues, on ne sait trop. Quoi qu’il en soit, c’est samedi soir, la sympathique formation punk-garage montréalaise Tha Retail Simp est la seule première partie, et TFS ne joue jamais très longtemps. On en est d’ailleurs sorti à 22h30, rien pour troubler les couche-tôt.

De toute façon, même si certains spectateurs avaient été frustrés du retard, on leur aurait tout pardonné. On peut déjà se compter chanceux qu’ils soient là : la bassiste Fiona Kitschin nous a donné la frousse en 2023 lorsque le groupe a dû annuler sa tournée pour lui permettre de soigner un cancer de sein apparemment assez avancé. Combat heureusement remporté, ce qui a permis au groupe de se remettre en piste, de faire paraître le nouvel album Fairyland Codex cet été, et de repartir en tournée cette année.

Et même sans savoir tout ça, on leur pardonnerait tout ; les quatre musiciens auraient pulvérisé tout ressentiment à leur endroit dès les premières notes de Braindrops. Le ton était donné : les guitares soigneusement dissonantes de Gareth Liddiard  et Erica Dunn, et la batterie tranchante de Lauren Hammel évoquent une certaine anxiété, une rage même. Mais surtout une catharsis brillamment incarnée Liddiard, également chanteur, qui semble possédé de tout son corps par ses chansons.

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C’est un début percutant, brutal, qui ne laisse aucun doute : on va se faire secouer ce soir par cette tempête tropicale du tabarnak. Et ça adonne bien, c’est pour ça qu’on est venu, tels des chasseurs de tornades qui veulent observer de près la catastrophe naturelle pour en ressentir le thrill enivrant!

De Braindrops, on glisse vers Irukandji Syndrome puis Bloodsport, deux titres du nouvel album qui creusent le sillon sombre de leur univers. La basse martèle, les guitares grésillent, le rythme tangue entre punk, post-punk, noise, toujours au bord de l’implosion. On sent très vite que le groupe ne cherche pas à ménager son monde : pas de longs intermèdes, pas de solo inutile, mais une énergie concentrée, condensée. Chaque morceau compte, chaque transition pousse vers le suivant.

Vers le milieu du set, Goon Show puis leur prise d’Ann des Stooges offrent un léger moment de respiration, pas de pause douce, mais de subtil changement d’intensité. On comprend vite que les musiciens tirent à plein du répertoire de Fairyland Codex, le nouvel album paru cet été, et des deux premiers pré-pandémie, A Laughing Death in Meatspace (sortie en 2018) et Braindrops (paru l’année suivante).

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Le groupe interprétera des versions tonitruantes de Moscovium, Who’s My Eugene? et You Let My Tyres Down, leur morceau le plus écouté sur les plateformes d’écoute en ligne (avec raison).

D’ailleurs, pour vous donner une idée du ton endiablé sur lequel la bande interprète cette dernière, la perfo captée pour KEXP il y a quelques jours en est un excellent aperçu :

Après une telle tornade sonore, le public exige un rappel, ce qui viendra sous la forme d’une reprise savoureusement hystérique de Stayin’ Alive des Bee Gees, dont la version enregistrée fait aussi un tabac en ligne depuis qu’elle est parue comme B-side de Rubber Bullies en 2018 (et qu’elle a éclipsé cette dernière!).

On se rend compte qu’en une heure, le groupe aura tout donné : pas de faux pas, pas de perte de rythme. Chaque chanson joue sa fonction dans une construction échevelée de brutalité et de beauté à parts égales. Bon… pas nécessairement égales : c’était davantage brutal que beau, et ceux qui avaient omis de porter des bouchons d’oreille pourront en témoigner (n.d.l.r. : ce n’est pas notre cas, nous sommes des professionnels!)

En ressortant du Café Campus, en sueur, le coeur bourdonnant et la tête pleine de riffs, on constate une longue file d’attente  constituée de gens pour qui le Café Campus est un danceclub où il fait bon vivre la fièvre du samedi soir sur le plancher de danse. Et nous on rentre plus tôt, après avoir été brassés par une version noise rock du hit de Saturday Night Fever. Ils ne savent pas ce qu’ils viennent de manquer.

Grille de chansons

Braindrops
Irukandji Syndrome
Bloodsport
Goon Show
Ann
You Let My Tyres Down
Moscovium
Who’s My Eugene?
Rubber Bullies
Paradise

Rappel

Stayin’ Alive


 

Photos en vrac

Tropical Fuck Storm

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Tha Retail Simps (première partie)

 

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