crédit photo: Frédérique Ménard-Aubin
Trop Humains

Trop humains au Théâtre de Quat’Sous | Cette farce qu’est la nature humaine

C’est en grande pompe que Catherine Vidal ouvre sa deuxième saison en tant que co-directrice artistique du Théâtre de Quat’Sous avec la mise en scène de la pièce Trop humains d’Étienne Lepage. Parés de leurs plus belles collerettes, dix beaux humains étalent les archétypes de notre temps avec beaucoup d’humour… et de crème.

Choix audacieux, s’il en est un, d’affubler l’hétéroclite brochette d’interprètes d’habits… de clowns. Tout est-il plus drôle avec un nez rouge? Quand même. Mais encore faut-il que le texte en soit un de fond, comme l’auteur Étienne Lepage sait le faire. Tantôt moqueurs, tantôt accusateurs, mais toujours grinçants, les mots de Lepage sont le ciment de cet enchaînement de monologues découvrant la nature la moins reluisante de l’humain.

Encadré d’un immense rideau comme au cirque ancien, un décompte de 12 tableaux mélangeant stand up, performance et sermon s’enchaîne sous nos rires étonnés et consternés. Avec des thèmes que l’on croirait tout droit inspirés des sept péchés capitaux, chaque personnage livre un portrait grotesque et burlesque des travers de notre société actuelle : avarice, envie, consommation, langue de bois, narcissisme, victimite aiguë : rien n’est épargné dans cette farce cinglante et jubilatoire.

Photo par Frédérique Ménard-Aubin.

Chaque monologue sert bien chacun des interprètes, bien que certains se détachent du lot : Thomas Derasp-Verge démontre un jeu physique impeccable et un timing comique à faire rougir les Olivier Guimond de ce monde, tandis que Ève Pressault intrigue et captive dans un numéro tout en nuance et en intelligence, dont la chute inattendue déroute et nous étouffe presque de rire. Et que dire de voir Mireille Métellus, grande dame distinguée, nous sermonner sur notre ingratitude « de chier dans l’eau potable », le tout ponctué de plusieurs « tabarnak » bien sentis.

Dans une langue qui ne s’excuse pas, à l’image de beaucoup de prises de paroles politiques et médiatiques ces derniers temps, cet exercice permet surtout de rire ouvertement d’une certaine absurdité de nos comportements et de dénoncer notre approche lente et sûre vers un mur invisible : la limite de la connerie.

Photo par Frédérique Ménard-Aubin.

Du 11 septembre au 5 octobre 2024 au Théâtre de Quat’Sous de Montréal.

Texte : Étienne Lepage

Mise en scène : Catherine Vidal

Avec Stefanelle Auger, Luc Bourgeois, Félix Collard, Thomas Derasp-Verge, Chantal Dupuis, Renaud Lacelle-Bourdon, Didier Lucien, Mireille Métellus, Tiffany Montambault & Ève Pressault

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