crédit photo: Yanick Boyer
Totalement Sublime

THRU OAEE UIE: Le lab de création de Totalement Sublime

Totalement Sublime, le duo composé d’Élie Raymond de Foreign Diplomats et de Marc-Antoine Barbier de Choses Sauvages présentait, mardi soir, la deuxième partie de leur laboratoire de création THRU OAEE UIE. « L’idée, c’est un peu de composer la musique de notre deuxième album devant public », résume le second en entrevue avec Sors-tu? 

Sur le premier album du duo, « c’est beaucoup des loops qui se répètent ». L’ambiant y côtoie le jazz: les musiciens s’inspirent, entre autres, de la musique japonaise des années 1980.

Dans le cas de l’album en composition présentement, en plus de pencher davantage vers l’électronique, les musiciens ont voulu donner à leurs morceaux un côté plus performatif. « C’est comme ça que l’idée est venue de se dire qu’on pourrait improviser devant le monde, voir ce qui se passe », raconte Marc-Antoine Barbier.

Sors-tu? s’est rendu à l’Espace WIP mardi dernier, pour assister à cet enregistrement devant public. L’ambiance est tranquille, peu de gens sont présents. Quelques chaises, une vingtaine, sont installées devant la scène, mais la plupart des gens présents choisissent de rester debout. La musique produite sur scène par la formation est calme, envoûtante. Elle ne se prête pas à la danse, mais tous demeurent impliqués dans la prestation : l’écoute est active.

« D’être devant public, ça donne vraiment une autre vibe [que d’enregistrer seuls en studio] », affirme celui qui opère également avec Choses Sauvages. « Il y a un engagement de devoir livrer quelque chose aux gens. Ça demande un certain niveau de concentration. C’est le fun aussi d’avoir la réception des gens en direct ».

Le but de ce processus n’est pas de donner un spectacle, mais plutôt de faire participer le public à la composition par sa simple présence. Pour le spectateur, l’expérience est franchement intéressante. L’ambiance intimiste est à l’observation et la concentration. Pendant environ une heure, les musiciens jouent sur scène, accompagnés de Thomas Bruno-Faubert, qui fait aussi partie de Foreign Diplomats aux côtés d’Élie.

Avec les trois musiciens, on trouve également Philippe Marquis qui présente une animation virtuelle, projetée sur le mur derrière la scène. Celle-ci est hypnotisante. Il s’agit également d’un travail d’improvisation, puisque l’artiste visuel anime en direct en suivant la musique. Tout concorde, les stimulations visuelles sont aussi captivantes que celles produites par la musique.

Sur scène « on a plein de synthétiseurs, qu’on a tous synchronisés pour pouvoir faire plein de choses en même temps », illustre Marc-Antoine. Ils ont également un saxophone, une basse et une guitare électrique à disposition, qu’ils utilisent occasionnellement, quand bon leur semble. Lors du premier lab, tenu au mois de mars, ils n’avaient qu’un saxophone comme instrument autre que ceux électroniques.

Presque rien n’est prévu au niveau de la composition : les musiciens improvisent directement sur scène, devant public. « En général, on arrive avec juste une genre d’idée de quel mood on veut setter, résume le multi-instrumentiste. On sait comment on veut commencer, puis terminer. Souvent, on commence smooth, un peu ambiant, puis ensuite on fait lever le truc, on voit où ça nous mène ».

Un minimum de préparation est tout de même requis : « Comme je pars les drum machines, je prépare une couple de beats, de séquences de rythmes, deux ou trois petits trucs de synthétiseurs, mais ça reste vraiment embryonnaire ». Ces préparatifs sont nécessaires « juste pour qu’on aille quelque chose sur quoi s’accoter, parce que ça reste difficile de partir vraiment de rien. Donc ça nous fait un genre de fond pour commencer ».

Le duo improvise, mais ne part donc pas complètement de rien, il se donne des intentions pour savoir vers quelle direction se diriger.

 

Enregistrer sans se restreindre

Pour ce qui est de l’enregistrement, il est fait en multipistes: chaque instrument est enregistré individuellement, « donc après ça nous donne accès à tout ce qu’on fait », souligne le musicien. Ainsi, le duo a la possibilité de retravailler ses compositions ou même d’isoler certaines pistes.

On ne sait pas encore exactement ce que ça va donner pour l’album, mais c’est un peu ça le jeu dans tout ça. C’est d’expérimenter des affaires et voir où ça va nous mener.

De savoir à quel niveau il y aura du ré-enregistrement après les quelques laboratoires, « c’est encore vraiment difficile à dire pour nous, explique Marc-Antoine. On essaie un peu de se laisser aller au jeu puisque c’est vraiment une méthode de composition qu’on a jamais faite ». Il compare le processus à celui employé lors du tournage d’un documentaire: « tu prends plein de footage, et après, tu fais le ménage là-dedans ».

Pour l’instant, le duo ne se pose donc pas trop de questions par rapport à ce qui s’en vient. « On compose, on pitch plein d’affaires, mais on ne prend pas encore de recule là-dessus », résume-t-il . Il reste encore le travail de choisir ce qui sera conservé, en plus des autres séances d’enregistrement. « Peut-être qu’on va prendre les performances intégrales, peut-être qu’on va prendre des petits bouts. »

Ce qui est excitant c’est qu’on va avoir plein de stock et qu’on va avoir la possibilité de s’amuser avec ça.

Pour chaque laboratoire, ils reçoivent des commentaires de leur entourage, affirme Marc-Antoine. « Ça nous permet aussi de voir comment on va vouloir performer ça en direct» .

Pour ce qui est du nombre de séances d’enregistrement devant public, rien n’est certain. « C’est encore un peu en évolution », explique-t-il. La seule autre à être annoncée pour l’instant se tiendra au Festival Bleu Bleu, puis une autre devrait être annoncée à Montréal sous peu. « On devrait en faire autour de cinq, estime-t-il. On devrait finir avec un bon 5 heures de stock ».

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