Théâtre | Retour sur Glengarry Glen Ross au Centre Segal

Le Centre Segal présente du 16 au 30 mars 2014 Glengarry Glen Ross, de David Mamet. Une pièce mettant en scène des vendeurs de lots indésirables qui se font compétition pour remporter une Cadillac. Mensonges, manipulation, corruption… ils sont prêts à tout pour arriver à leurs fins. Retour sur cette histoire américaine, qui dénonce le capitalisme dans une écriture où l’humour noir et la vulgarité sont parfois mal dosés, mais efficaces vu le sujet.

Ils sont quatre agents d’immeubles : le jeune Richard Roma, grand manipulateur et meilleur vendeur, le ratoureux Dave Moss, le comique George Aaronow, plein de volonté mais dépourvu de talent et le vieux Shelly Levene, ancien grand vendeur désespéré de retrouver son titre, tous dirigés par leur patron John Williamson, ambivalent entre l’honnêteté et la tentation de corruption.

Les personnages bien définis apportent chacun leur couleur au texte explosif de David Mamet, explorant toutes les facettes que peut avoir un vendeur. Connu pour ses textes crus, l’auteur nous sert fréquemment des « fuck » et des « shit » dont on pourrait se passer, mais réussit tout de même à passer un message social évident. Surtout par la présence d’un client, parfaitement joué par Mike Paterson attirant la pitié du public alors qu’il est manipulé par les agents d’immeubles.

Mention particulière au jeu de Michel Perron qui campe George Aaronow l’employé du bureau laissé de côté, aimé en tant que personne, mais jamais vu comme une compétition. Le comédien, qu’on a pu apercevoir dans quelques comédies québécoises comme L’Appât ou Les Pêcheurs, apportait malgré son désespoir, une touche d’humour dans son interprétation.

La première partie de la pièce, trois scènes de deux comédiens à la fois, enchaînées dans un décor de restaurant assez simple a donné un départ très lent. Malgré des dialogues dynamiques et rapides, la mise en place des personnages et du contexte aurait pu se faire en une seule scène, laissant place à un peu plus de diversité. À la fin de la première moitié, Brett Watson nous offre tout de même un monologue bien senti, sur la peur et les chances à saisir.

Après l’entracte par contre, alors qu’on se retrouve dans le bureau saccagé des vendeurs, les textes rythmés de Mamet deviennent prenants. Les comédiens bougent beaucoup plus, ils ont des interactions plus énergiques, l’arrivée d’un policier ajoute une nouvelle énergie et le rôle du patron joué par Graham Cuthbertson prend plus d’espace et de sens. Il nous laisse même sur une petite touche d’espoir quant à l’honnêteté des vendeurs en général.

Il faut aimer l’humour noir et le genre américain pour apprécier Glengarry Glen Ross, pièce sur le capitalisme qui reste d’actualité après 31 ans d’existence. David Mamet en a d’ailleurs fait un film culte en 1992, mettant en vedette notamment Al Pacino et Alec Baldwin. Décidément une pièce dont on entendra parler encore longtemps comme un portrait du rêve américain.

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En représentation du 16 mars au 30 mars 2014 au Centre Segal

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