Taake à Montréal | Les ténèbres au Théâtre Plaza

Encerclée, marquée d’une croix, ou programmée avec une alarme. Pour les amateurs de black métal, toutes les façons étaient bonnes pour souligner la date du 21 février 2016. En ce jour du seigneur, les blasphémateurs sont allés honorer les messagers du diable. Le groupe norvégien Taake a accueilli ses fidèles au Théâtre Plaza le temps d’une séance sacrilège de headbanging.

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Le premier groupe à frapper les planches était Haeres. Originaire de la capitale nationale, la formation a lancé le concert avec une musique relevant du black et du death métal avec un côté mélodique marqué. Ce n’est pas le genre de musique qui possède un côté grinçant et craquant d’un black métal hivernal. Ça bouge. Ça headbang. Pour l’occasion, Matrak des groupes Chasse-Galerie et Forteresse était à la basse. La foule était éparse devant la scène, ce qui arrive trop souvent pour les premiers groupes. Une foule timide certes, mais une excellente performance du groupe de Québec a lancé en force un concert déjà prometteur.

Le groupe Young and in the Way de Caroline du Nord a ensuite pris d’assaut la scène. La foule était déjà un peu plus nombreuse pour écouter leur mélange de black métal et de crust. Le groupe se proclame être sous la bannière blackened crust, mais certains passages font sonner les cloches du punk. Un mélange intéressant et audacieux sans pour autant être dangereux.

Vattnet Viskar, groupe du New Hampshire, ont pris la relève de cette sombre soirée. Tout comme leurs prédécesseurs de Caronline du Nord, Vattnet Viskar s’éloigne des fondements classiques du black métal, et incorpore des éléments de plusieurs genres. On y entend un souffle de rock ici, et un peu de punk par là. Les tourbillons musicaux hybrides ont diverti le public au début de la prestation, mais on a senti un léger essoufflement de l’intérêt vers la fin. Impatience serait un terme plus juste. L’impatience de voir la porte des enfers s’ouvrir.

C’est après une pause un peu trop longue que l’enfer s’est imposé au Théâtre Plaza. On attendait la venue de Taake en automne 2015, mais des problèmes de visas ont ralenti leur arrivée en sol nord-américain. Ce délai a visiblement rendu la foule impatiente. Les quatre musiciens n’étaient pas encore tous sur scène que déjà, les applaudissements fusaient de toutes parts. C’est sans grand artifice qu’Hoest a fait son entrée. Ses traditionnelles lentilles blanches et un peu de corpse paint, sans plus. Ça ne l’a pas empêché de donner une performance digne de la réputation qui le précède. Il a développé une belle complicité avec la foule en leur permettant de chanter dans son micro à quelques reprises. Les headbangeurs n’ont pris aucune pause, et les cornes se sont élevées à chaque opportunité. Une hausse d’enthousiasme s’est fait sentir lors du solo de banjo de la chanson Myr. Taake a offert au public 1h10 de ténèbres. On aurait voulu que le groupe nous ramène en enfer dans ses valises.

On aurait pu s’attendre à une foule plus nombreuse avec une affiche aussi décadente, surtout lorsque le nom mythique de Taake y figure. Un autre concert métal d’envergure faisait rage simultanément à Montréal. La population métaleuse de Montréal s’est donc divisée le temps d’un concert, et les démons norvégiens ont perdus quelques suppôts le temps d’une soirée.