SIGHT+SOUND 2025 | Opticus Slime et autres transformations queer

Le festival SIGHT+SOUND tenait sa 12e édition à Montréal la semaine dernière, du 26 au 29 mars, au Eastern Bloc dans le quartier Ahuntsic. L’événement, qui jumèle musique, arts numériques et installations aura présenté plusieurs œuvres en lien avec l’identité queer et le décolonialisme à une époque où ces thèmes sont plus d’actualité que jamais.

J’ai profité de l’occasion pour vivre ma toute première expérience de réalité virtuelle avec un casque, n’étant, fidèle à mon habitude, pas de mon temps, dans le cadre d’un atelier avec l’artiste T Braun. Spécialiste des questions de genre, iel nous propose de découvrir un univers numérique inspiré de ceux visités sur la plateforme VRChat, souvent utilisée par les personnes queer et trans de même que certaines sous-cultures comme les furries, comme nous l’apprendra l’artiste, de par son potentiel à explorer d’autres corps via des avatars modulables.

Dans le cadre de Becoming Slime, œuvre présentée en première mondiale dans le cadre du festival, on nous invite donc à devenir un être de « slime », terme sans réelle traduction francophone (être gélatineux?), afin de revisiter son corps et son « moi » psychologique à l’aide d’un double de nous-mêmes avec lequel on peut entrer en contact. L’expérience est amusante, et assez déconcertante, mais pose des questions identitaires intéressantes.

* Photo par Kenza Ben Thami, pour le Laboratoire d’art et de recherche décoloniaux (LabARD)

Intéressante également est l’observation des autres personnes présentes sur place qui essaient l’expérience. Certains auront tout de suite un réflexe de mouvement énergique et d’exploration alors que d’autres vivront l’œuvre de manière plus contemplative.

Même constat pour KICKWORD PROTOTYPE, autre activité de réalité virtuelle proposée cette fois-ci par la montréalaise Mathilde Geromin, alias lamathilde, qui nous donne accès une œuvre d’emporwerment et d’affirmation queer assez cool. On nous y invite à sélectionner une série d’insultes régulièrement entendues dans la communauté 2SLGBTQ+ pour ensuite se battre avec elle à la manière d’un boxeur dans un environnement bariolé et chaleureux afin d’affronter des traumas identitaires de façon plus ludique.

* Extrait de KICKWORD PROTOTYPE – lamathilde

L’artiste proposait également une seconde création, CHANTS D’AMOURS, celle-là plus simple, qui aura été ma favorite de l’exposition. L’œuvre vidéo de 3 minutes nous propose encore une fois de lire une série d’insultes, mais sur fond d’une entraînante pièce musicale originale de Nicolas Dion Buteau qui invite à l’affirmation et l’amour-propre.

Ce sont donc des expériences confrontantes que j’aurai pu vivre dans le cadre de SIGHT+SOUND 2025, étant moi-même membre de la communauté queer, mais dans un safe space sous la supervision des artistes eux-mêmes avec le soutien du Laboratoire d’art et de recherche décoloniaux (LabARD) de l’UQAM. Une belle expérience qui invite à la réflexion identitaire et l’introspection.

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