crédit photo: Noel Pendawa
Agora de la Danse

Show Gone à l’Agora de la danse | Entrevue avec Ame Henderson : Aborder la fin, dans l’amitié

Les chorégraphes et interprètes Ame Henderson et son fidèle ami Matija Ferlin ont décidé de clore ensemble, cette année, un chapitre qu’ils avaient débuté il y a plus de 15 ans. Une trilogie, plus précisément. Après The Most Together We’ve Ever Been, en 2009, et OUT OF SEASON, en 2015, le duo canado-croate revient avec sa dernière création commune, Show Gone, qui sera présentée à l’Agora de la danse du 5 au 7 novembre prochain. Entrevue avec Ame Henderson, artiste torontoise très liée à la scène culturelle montréalaise.

« Nous avons toujours su que la trilogie tournait autour de cette idée de début, de milieu et de fin, détaille Ame Henderson. Nous avions l’intention de la terminer plus tôt, poursuit-elle. Je dirais que nous avons été retardés par la pandémie et par des événements dans la vie de chacun qui nous ont touchés, dans nos contextes respectifs. Et donc, au moment où nous avons pu nous reconnecter pour continuer à travailler sur ce projet, cela faisait huit ans que nous ne nous étions vus. »

Nous avons été confrontés à notre propre idée, et cela nous a semblé vraiment urgent [de terminer la pièce].

Le monde bouge, évolue, peut-être plus rapidement que jamais. Alors que cette idée de finalité a toujours trotté dans la tête du duo d’artistes depuis 10 ans pour cette troisième création du triptyque, Ame Henderson pense que le propos de Show Gone pourrait résonner dans l’esprit de tous ceux ayant vécu, notamment, des pertes de contacts humains, voire des proches, durant la pandémie, ou simplement ces dernières années.

« Chacun va avoir sa propre résonance, je suppose. D’accord, cela s’est passé. Cela nous a touchés. Cela nous a changés. Il y a une perte. Et maintenant, que fait-on? Nous sommes toujours là, que fait-on? Comment se reconnecter, ou comment continuer à trouver des façons d’être en dialogue avec les gens qu’on aime? Je n’aime pas employer le mot universel, mais ce sont des questions communes, collectives. »

Des retrouvailles professionnelles et personnelles

Henderson et Ferlin ont commencé à travailler sur la production de Show Gone l’année dernière, en Croatie. C’était une manière pour eux de rallumer la flamme de leur collaboration artistique, mais aussi de rallumer la flamme de leur amitié. « Nous devions nous retrouver. Nous sommes amis depuis plus de vingt ans, et c’était la plus longue période où nous avions été séparés, avant de se revoir pour créer Show Gone. »

main showsgone noel pendawa 1 scaled* Photo par Noel Pendawa.

Ame Henderson perçoit de grandes différences entre les scènes culturelles de Montréal et Toronto, deux villes géographiquement proches, mais qui s’opposent sur pratiquement sur tous les aspects. Toronto est plus grande, les façons de faire de l’art sont plus expérimentales et diverses, mais à la fois moins centralisées.

Habitant à Toronto, Henderson s’est fait un nom également dans l’art visuel dans sa métropole, mais elle se sent plus proche, dans la danse, de la scène montréalaise.

J’ai étudié à Montréal et j’ai toujours eu un lien très fort avec la ville. J’y ai régulièrement présenté mon travail et je suis resté très connectée à la scène et aux artistes, avec qui je collabore étroitement depuis toutes ces années. Je ne fais pas partie de la scène montréalaise à proprement parler, mais j’ai l’impression d’y avoir une sorte d’affinité.

Le sujet de la perte, de la difficulté à se reconnecter avec ce qu’on connaissait auparavant, des nouveaux départs, parfois dans la douleur… Tous ces concepts peuvent être vus comme des thématiques lourdes de sens, dures à encaisser. Mais Ame Henderson prévient que le travail qu’elle façonne avec Matija Ferlin n’est pas forcément abordé dans une optique négative.

« Après avoir vu Show Gone, j’espère que les gens auront le sentiment d’avoir été invités à entrer dans leur propre processus, pour eux-mêmes. Un processus de réflexion, un processus qui permet de laisser un peu d’espace et de nourrir leur propre expérience, et, espérons-le, reconnaître un certain lien avec ce sur quoi nous travaillons, dit la chorégraphe et interprète. Il y a une sorte de légèreté dans notre proposition. Nous travaillons sur des sujets sérieux, mais nous avons un langage de performance vraiment drôle, irrévérencieux, un peu décalé. J’espère qu’il y a une façon pour que cela puisse sembler à la fois significatif, tout en permettant aux gens de ressentir un peu de légèreté dans leur cœur. »

Vous pouvez trouver tous les détails pour Show Gone, et vous procurer un billets pour l’une de ses trois représentations juste ici.


* Cet article a été produit en collaboration avec l’Agora de la danse.

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