crédit photo: Denis Martin

Shitshow à l’Espace Wilder | Chaos mesuré

La chorégraphe Dominique Sophie nous présentait la première de Shitshow à l’Espace Wilder le 12 octobre dernier. Rempli d’humour, d’un certain chaos et d’une trame sonore toujours délectable, le spectacle se démarque principalement par ses bifurcations inattendues et la qualité de ses interprètes.

Après un enregistrement sonore des plus hilarants, où nous avons pu apprendre que les personnes n’aimant pas les oeufs étaient quelque peu anormales, les interprètes ont commencé à faire leur entrée en scène. Se présentant tour à tour au public sous des masques de paresseux, de chaton-raisin (oui, imaginez-vous un chat avec un costume de grappe de raisins) et de taureau. Dr Step, maître de la cérémonie pour ce spectacle, a ensuite fait son entrée. Énergique et magnétique, il capte tout de suite l’attention du public. Le seul bémol à apporter est qu’il a commencé tellement fort, qu’il ne pouvait que se résoudre à baisser son niveau d’énergie par la suite.

Le spectacle prenait la forme d’une session de thérapie avec ce fameux docteur. Tout au long de la performance, ce personnage coloré prend le temps de nous présenter différents cas de figure dans le milieu de la télévision et du showbusiness en général. Il est passé de l’artiste qui se prend pour un autre au fait d’être constamment en train d’attendre, en passant par différentes mises en situation où tout vire mal, comme les fêtes d’enfants.

Interprétée par Kosi Eze, Éloïse « Ease » Caza, Delande « Djungle » Dorsaint et Clauter « Dr. Step » Alexandre, cette pièce d’un peu moins d’une heure trente utilisait surtout des codes du monde du théâtre et de la performance, tout en y intégrant des morceaux dansés. L’agencement de ces différentes codifications effaçait souvent l’aspect de danse et mettait peu en valeur les interprètes. Ils étaient tous d’extraordinaires danseurs avec des styles bien particuliers et un charisme indubitable. Tout ce magnétisme et cette présence étaient toutefois atténués par une trame narrative pas toujours claire, ni cohérente. Il y avait définitivement des éclairs de génie dans certains tableaux, mais l’ensemble supportait peu ces moments d’épiphanie.

Un autre élément à considérer est l’aspect du shitshow. Sans avoir d’attentes, on pourrait penser que l’idée du shitshow implique une mise en danger des artistes (pas dans une optique physique évidemment, mais plutôt une optique de performance), l’apparition d’imprévus ou encore d’éléments d’improvisation dans le spectacle. Il n’était toutefois jamais clair si certaines parties étaient improvisées ou non, si les artistes avaient une certaine liberté dans le cadre narratif ou si, au contraire, le spectacle était entièrement planifié de A à Z. Le chaos était donc traduit surtout par une panoplie d’accessoires et de costumes qui étaient jetés çà-et-là à travers la scène. Il aurait été intéressant de comprendre la part de hasard dans l’exécution du spectacle.

Le tout s’est terminé sur une longue improvisation dansée d’une vingtaine de minutes où les interprètes se laissaient aller sur plusieurs chansons aux styles différents. C’est le moment où leur talent de danseurs a vraiment été mis en valeur et cela arrivait malheureusement bien tard dans le spectacle.

Shitshow est un divertissement assuré si on accepte de se laisser transporter dans un spectacle où la cohérence entre les tableaux n’est pas toujours présente et où des interprètes incroyables vous en mettront plein la vue lorsque l’accent est mis sur eux.

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