Selah Sue au Théâtre Corona | Un cocktail d’émotions parfaitement dosé

Alors que la saison culturelle 2016-2017 vient tout juste de commencer à Montréal, Selah Sue marque déjà l’événement avec une date unique au Théâtre Corona ce mercredi 14 Septembre. Une étape de la tournée nord-américaine que nous offre la chanteuse d’origine belge, dont la musique teintée de soul, pop, r’n’b avec quelques emprunts au rap et au reggae fait son chemin depuis un premier album sorti en 2011.

 

De la douceur pour commencer

Dans la salle, le public prend place alors qu’on peut observer des projections à l’arrière de la scène. Sur un fond de lumières rouges, des bribes de phrases et des mots associés à l’artiste sont diffusés. On y retrouve son nom, ses albums, son univers voire des extraits de ses chansons. L’occasion de se replonger dans ses créations avant même le début du spectacle.

À 20h, l’artiste Polly A ouvre le bal avec une première partie plutôt convaincante. Une heure plus tard, Selah est accueillie par ses spectateurs sous un tonnerre d’applaudissements (et encore, le mot est faible)! Elle a l’audace de briser la glace en solo, avec un premier titre en guitare-voix, Always Home, extrait de son dernier album Reason sorti l’année passée. Tout de suite, on est envoûtés par son timbre de voix chaleureux. Il y a quelque chose de touchant, de vrai, de – certes – émotionnel mais contenu, juste assez pour nous envelopper. Puis une ligne de basse vient se greffer tout en douceur. L’artiste a donc choisi la rondeur, le calme, devrait-on dire un certain intimisme pour débuter ce concert.

Ensuite, le claviériste embarque lui aussi sur la chanson Reason, et le groupe nous livre une version beaucoup plus épurée que celle studio. Notre attention se porte sur Selah Sue qui est tout simplement parfaite techniquement, en plus de clairement vivre les émotions dont elle parle.

C’est sur Daddy que le groupe joue maintenant au complet, avec l’entrée du guitariste, du batteur et d’une choriste femme. Cette chanson, comme une réponse à celle que la chanteuse avait composée pour sa maman sur son premier album, est l’occasion pour elle d’esquisser quelques pas de danse. Encore une fois, on ne peut que noter une certaine classe et de la sensualité.

 

Groove, rap et énergie

Une phase beaucoup plus énergique et « groovy » se profile, avec la reprise du titre Lost Ones de Lauryn Hill. Selah Sue commence par un semi-rap, entre la mélodie et le parler, avant de complètement se livrer au rap avec une crédibilité désarmante.

Sur le titre This World issu de son premier album Selah Sue, les musiciens enchaînent une série de solos. Le bassiste ouvre le bal, avec un jeu virtuose et beaucoup de groove, ce qui lui vaut de grandes acclamations du public. Puis le claviériste prend le relais. Il joue toujours assez rapidement mais il va chercher un univers tout de même un peu plus contemplatif. Le guitariste joue la carte de la montée en intensité, avec un côté très « guitar hero », il se plaît à faire le spectacle.

La choriste, qui est la suivante à passer, est très mélodieuse, et décide de jouer à un appel-réponse de chœurs avec le public. Elle donne de plus en plus d’intensité et de puissance vocale. Enfin, le batteur termine avec une réelle « transe rythmique », et le public est sans aucun doute conquis.

 

Un public dynamique et participatif

Après avoir fait un retour à une ambiance plus posée, Selah Sue chante Won’t Go For More, l’occasion pour le public de participer en tapant des mains sur les temps forts, accompagné par la choriste. Puis, Selah invite les spectateurs à chanter une longue série de « Go For More », comme des chœurs sur lesquels elle improvise vocalement. C’est une belle version, relativement proche de celle présente sur l’album. La symbiose basse/batterie nous transporte.

Sur Fear Nothing, l’artiste se livre totalement, elle ouvre grand les bras, dans des mouvements amples comme le courage qu’elle va chercher. Encore une fois, le public se laisse facilement transporter, on peut voir plusieurs petits groupes se déhancher volontiers sur la chanson.

Cette participation active des spectateurs n’est pas passée inaperçue aux yeux de l’artiste, qui a « trouvé l’énergie du public incroyable à Montréal ce soir », et qui prend alors le temps de le remercier.

Le concert s’achève avec Alone. Visiblement, la reconnaissance de Selah Sue a encore davantage motivé ses fans, à voir les corps et les têtes qui se balancent partout dans la salle.

Étant donné les cris, la clameur qui s’échappent de toutes parts, sans compter les pieds qui tapent au sol jusqu’à le faire vibrer, le rappel ne peut pas être considéré comme une option. Selah Sue revient avec une reprise de I Loves You Porgy en piano-voix, version qui inspire à bas mot le respect. Elle chante aussi Raggamuffin, un des titres phares de son premier album.

On retient de ce concert une artiste extrêmement humble et talentueuse, c’est ce qui frappe chez elle. Une petite frustration personnelle demeure cependant : elle n’a pas interprété le titre Alive de son dernier album, notre coup de cœur! Espérons qu’elle ne passe pas outre la prochaine fois qu’elle viendra nous voir à Montréal…

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