crédit photo: Andres Amaya
Sebastian Bach

Sebastian Bach au Théâtre Beanfield | Maudit beau trip de rock nostalgique

Sebastian Bach n’a rien à voir avec l’iconique compositeur et organiste classique allemand ayant vécu au XVIIIe siècle. Il n’est que l’un des meilleurs chanteurs de sa génération. Celle qui carburait jadis au spray net, en spandex, avec d’épiques solos de guit’ et tout plein de jolies minettes dans ses vidéoclips. Aujourd’hui, Vince Neil n’arrive à pousser la (bonne) note que s’il y a une paire de choristes et des backing tracks pour lui filer un coup de main, alors qu’Axl Rose, même s’il point ne fausse, manque hélas cruellement de souffle. Hier soir, dans un bondé Théâtre Beanfield (qui affichait complet), Bach a prouvé qu’il était encore et toujours capable d’interpréter des succès d’antan avec aplomb, enthousiasme et talent.

Depuis le début de sa carrière solo, Bach a joué avec beaucoup de musiciens fort compétents. En vrac, l’ont accompagné en tournée les guitaristes Paul Crook (Anthrax, Meat Loaf) et Mike Chlasciak (Halford), de même que les bassistes Steve Di Giorgio (Death, Testament, Megadeth) et Jason Christopher (Prong). En studio, il a pu collaborer avec Axl et Duff McKagan (Guns n’ Roses), Myles Kennedy (Slash), John 5 (Rob Zombie, Mötley Crüe), Wolf Hoffmann (Accept), Steve Stevens (Billy Idol) et Orianthi (Alice Cooper). Il a même brièvement fait partie du supergroupe Damnocracy, avec l’iconique Ted Nugent, Jason Bonham (fils de Bonzo, défunt batteur de Led Zeppelin), Evan Seinfeld (Biohazard) et Scott Ian (Anthrax, S.O.D., Mr.Bungle).

Or, pour tous les vieillissants rockeurs et rockeurs du monde entier, Bach sera éternellement la voix de Skid Row. Celui qui a chanté sur les quatre premières parutions du groupe, incluant les dorénavant classiques heavy — ou « hair metal », si vous préférez — que sont Skid Row (1989) et son plus musclé successeur Slave to the Grind (1991). C’est d’ailleurs la magnifique pochette de ce dernier (une œuvre du papa de Bach, l’artiste visuel David Bierk) qui ornait l’immense bannière accrochée derrière de la scène. En jouant la pièce-titre du même album, Bach annonçait — en s’assumant complètement — ce qui suivrait, soit un concert sous le signe de la nostalgie, célébrant le passé avec des hymnes fédérateurs issus d’une autre époque.

Bien que Bach vienne de lancer un quatrième album solo, Child Within the Man, il n’en a joué que deux extraits (soit Everybody Bleeds et What Do I Got to Lose, pour lancer le bal). À l’exception d’une trop courte reprise de Tom Sawyer (du monument du rock progressif que fut Rush), le reste du programme était dédié aux deux premiers de Skid Row, interprétant tous les classiques, sans exception, avec une fougue contagieuse. Au menu, 12 pièces de son ex-groupe sur 15, dont les rutilantes Rattlesnake Shake, Monkey Business et, à la toute fin, Youth Gone Wild, sont interprétées adroitement par le présent groupe de Bach : le bassiste Clay Eubank (Cody Parks & The Dirty South), le guitariste Brody DeRozie (Santa Cruz) et le batteur Bobby Jarzombek (Fates Warning).

Vêtu d’immense baskets roses, d’un t-shirt et de pantalons rouges à paillettes, Bach débordait d’énergie, arpentant la scène de long en large en faisant tourner son micro comme un lasso, avec un sourire grand comme ça. Ayant grandi en banlieue de Toronto, Bach était très heureux de retrouver ses fans canadiens, six ans après son dernier passage à Montréal (dans des Foufounes Électriques suintantes et pleines à craquer!), ville qu’il mentionnait — en français SVP — visiter depuis l’époque du mythique bar Le Mustache. Il a tenu également à rappeler son mémorable passage à l’Auditorium de Verdun avec Pantera en 1992.

Fort diverse (tous âges et sexes confondus), la foule ne s’est pas fait prier pour accompagner Bach, se transformant en bruyante chorale au grand plaisir du principal intéressé. En particulier lors des balades fédératrices que sont 18 and Life et I Remember You, qui fut dédiée à plusieurs immenses musiciens disparus. Bach a même chanté a cappella quelques lignes d’Heaven and Hell de Black Sabbath, en hommage au regretté Ronnie James Dio. Bref, une bien belle soirée à ressasser le passé, tout en vivant intensément le moment présent et en rockant comme il y a trente ans.

 

Photos en vrac

Sebastian Bach

The Bites (première partie)

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