Safia Nolin

Safia Nolin et l’Orchestre JFP à l’Espace le vrai monde? I L’heure de gloire du nord montréalais

Depuis une couple d’années, j’habite le nord de Montréal. Et depuis cette même couple d’années, j’essaie de convaincre le monde que c’est nice, le nord de Montréal : Espace Loulou, Belle Afrique, Aire Commune, Brasserie Silo, Dic Ann’s, Chez ma tante, Goûter Tropical, L’île de la visitation… Tout le monde s’en fout. Aucun·e de mes ami·es n’est game de traverser le viaduc de la 40, comme si de l’autre bord, la Terre s’arrêtait sec et qu’on n’y trouvait plus qu’un gouffre plein de vieux monstres bibliques.

Mais vendredi, j’ai enfin découvert l’argument qui, je pense, me permettra d’amener la gang dans mon monde septentrional. Et j’ai nommé: L’Espace le vrai monde?, une salle de spectacle à même le collège Ahuntsic. On y présentait le 9 mai 2025 dernier un concert pas tout à fait comme les autres : Safia Nolin, accompagnée de l’Orchestre symphonique Joseph-François-Perrault.

Pour ceux qui, comme moi, n’étaient pas familier avec l’Orchestre JFP, sachez que c’est une cinquantaine de jeunes issus du programme arts-études, volet classique, de l’école secondaire JFP, qui ont, sous la baguette d’Éric Levasseur, le mandat de vous faire BRAILLER COMME DES MADELEINES. (En tout cas c’est ça qui est arrivé pour moi, pis c’étaient même pas mes enfants, fait qu’imaginez les parents dans la salle!)

Bon, je suis convaincu qu’ils auraient été amplement capable de me faire pleurer de par leur simple talent, mais c’est sûr que les compositions déjà pas toujours jojo de Safia, réinterprétées ici en formule orchestrale, c’est assez poignant merci, nonobstant l’âge des musiciens.

Et comme si c’était pas assez, la dernière chanson que Safia et l’OJFP ont jouée ensemble, c’était une composition spéciale, commandée à Safia par son ami Philippe Cyr, qui rend hommage à Pizza-Ghetti, le chien de l’artiste.

Hey voulez-vous me crever le coeur?

Les larmes coulaient abondamment dans ma grosse barbe de gars qui fait semblant qu’il ne braille pas souvent, pendant que 50 kids et une des plus grandes compositrices du Québec me rappelaient conjointement à quel point je n’étais pas en train de flatter mon pauvre chien esseulé à la maison en ce moment.

Entracte.

Je m’essuie la face, je vais me chercher une coupe de vin rouge pour me remettre de mes émotions et je me rassois sur mon B6 de siège pour la suite de la soirée, que Safia occupera seule sans orchestre.

Laissez-moi vous dire, moins grandiose, certes, mais tout aussi efficace comme formule. La force de Safia en spectacle est vraiment remarquable dans le contraste entre le sérieux de ses chansons (elle avoue elle-même être 100% emo et n’écrire que de la tristesse) et l’humour de ses interventions.

En fait, « contraste » pourrait être le thème de cette soirée : un orchestre qui suit un decorum rigide VS Safia qui reste naturelle; une salle méconnue VS la qualité du show offert; ma face d’ordinaire stoïque VS mes gros yeux de bébé rougis pas l’émotion.

Entouécas, je vous recommande chaudement de suivre le calendrier de l’Orchestre JFP, parce que des performances comme ça, dans les dernières années, ils en ont aussi faites avec Flore Laurentienne, Klô Pelgag et Lydia Képinski.

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