Rodriguez à l’Olympia | La légende essouflée
L’Olympia accueillait un public de tous les âges mardi soir avec la venue de Rodriguez. Pour la première fois à Montréal depuis l’explosion de son succès tardif, l’artiste a offert un spectacle alliant quelques-unes de ses compositions à plusieurs reprises personnalisées.
Le Sugar Man est monté sur scène tranquillement, mais sûrement, escorté par – celle qu’on pense être – sa fille. Débutant son spectacle avec Your Song d’Elton John, l’homme de 74 ans séduit déjà la foule très fébrile. Au grand plaisir de tous, il enchaîne rapidement avec ses succès les plus connus : Inner City Love, Crucify your Mind, I Wonder et Sugar Man.
Rodriguez semble ému de l’accueil que lui offre la foule, et va jusqu’à remercier son public quand il chante. Heureusement pour ses adeptes, l’artiste, presque aveugle, n’a pas perdu son incroyable voix, qui lui vaut d’ailleurs son succès instantané après la sortie du documentaire Searching for Sugar Man en 2013.
Carrière tardive
S’il n’a pas eu beaucoup de succès dans ses jeunes années, Rodriguez profite assurément d’une deuxième chance aujourd’hui. Car son histoire est assez farfelue – et il va sans dire que son succès international vient assez tardivement. Ayant sorti deux albums dans les années 1970 – respectivement Cold Fact (1970) et Coming from Reality (1971) -, Rodriguez ne fait pas fureur à ses débuts. Sans doute sa musique ne se différencie-t-elle pas assez des autres étoiles montantes de l’heure, dont Bob Dylan, à qui il est souvent comparé.
Mais quelques adeptes sud-africains le remarquent et font circuler sa musique comme des petits pains chauds. Puis, le disquaire Stephen Segerman et son ami se posent la question à laquelle ils espèrent trouver une réponse : mais qui est donc cet homme à la voix originale et aux balades agréables dont la voix résonne partout en ville?
Infirmant les rumeurs qui voudraient que Sugar Man soit mort en s’immolant sur scène, ils trouvent au fil de leurs recherches le désormais célèbre Sixto Rodriguez… toujours vivant ! Né (et ayant grandi) à Détroit, l’artiste d’origine mexicaine enfile les boulots sur les chantiers plutôt que de faire carrière dans la musique. La suite commence à être connue : après que le film Searching for Sugar Man ait obtenu l’Oscar du meilleur documentaire en 2013, Rodriguez refait surface.
Énergie manquante
On ne peut pas affirmer, par contre, que l’artiste est au meilleur de sa forme. Seul sur scène, il semble chercher ses accords. Il s’accorde, et change de guitare à deux reprises. « Wait, let me get this right. », lance-t-il. Malgré tout, le public est généreux et clame des « We love you Rodriguez » haut et fort. La foule semble prête à un show rock qui brasse alors que Rodriguez offre une ambiance plus calme, presque trop pour le public présent.
Rodriguez garde sa voix enchanteresse lorsqu’il reprend Light My Fire de The Doors, (I Can’t Get No) Satisfaction des Stones, Somebody to Love de Jefferson Airplane et Blue Suede Shoes de Elvis Presley. Mais la raison pour laquelle l’Olympia affichait complet mardi soir, c’était pour entendre ses chansons, pas celles des autres!
Le public lui laisse malgré tout sa chance, notamment grâce à son histoire assez rocambolesque. Mais tous se questionnent à savoir si Rodriguez sera sur scène pour encore longtemps. Car on ne peut pas se mentir : il n’a pas l’air « fort fort ». Ou peut-être n’est-il pas autant fait pour le succès qu’on ne le pense?
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