
Retour de Pulp | Entrevue avec le guitariste Mark Webber et conversation avec deux fans du groupe [balados]
Le groupe britannique Pulp est de retour avec un nouvel album, un premier en plus de 23 ans, intitulé More dont la sortie est prévue ce vendredi 6 juin. Quelques jours avant le lancement de ce nouveau disque, nous avons préparé deux balados à ce sujet : un au cours duquel nous nous entretenons avec le photographe musical Marc-Etienne Mongrain, ainsi que la mélomane et fan de Pulp Nadine Mathurin, puis un autre au cours duquel nous nous entretenons avec le guitariste Mark Webber.
En 2023, nous avions produit un balado en compagnie de Marc-Etienne Mongrain au sujet de Pulp, troisième joueur dans la fameuse guerre de la Britpop des années 1990. Il allait de soi que nous devions inviter Marc-Etienne à écouter ce nouveau disque avant la sortie, et l’inviter à partager avec nous ses impressions très renseignées et passionnées.
Nadine Mathurin a pour sa part assisté à deux des concerts de retour de Pulp en 2024, notamment en compagnie de notre rédacteur en chef Marc-André Mongrain au Kings Theater à Brooklyn.
Les trois acolytes échangent au sujet de chaque chanson que contient l’album. Une conversation passionnante à écouter par ici :
Écoutez également ce balado sur Spotify ou Apple Podcast.
Entrevue avec Mark Webber
À quelques jours du lancement de l’album, le guitariste Mark Webber a accordé une rare entrevue au balado Big Shiny Tounes, dans laquelle il revient avec lucidité et franchise sur les origines de cette réunion inespérée, les surprises du studio, son parcours personnel loin de la musique, et l’accueil intergénérationnel réservé à cette nouvelle mouture de Pulp.
Une réunion sans plan préétabli
Ce retour n’était pas planifié. En 2011-2012, lors de leur première tournée de retrouvailles, les membres de Pulp s’étaient fait une promesse : ne jouer que leurs classiques, sans composer de nouveau matériel. Lorsqu’ils sont remontés sur scène en 2023, les règles étaient plus floues. « Personne n’avait vraiment évoqué l’idée de créer de nouvelles chansons, jusqu’au jour où Jarvis [Cocker] s’est mis à jouer un morceau inédit avec la section de cordes pendant une répétition », se souvient Webber. C’était Hymn of the North, une pièce écrite auparavant pour une pièce de théâtre mais jamais enregistrée officiellement. Ce moment d’improvisation allait devenir la première étincelle.
Ce n’est que plusieurs mois plus tard, en tournée en Amérique du Sud, que l’idée d’un album a vraiment pris forme. Jarvis apportait des bribes de chansons, la bande se retrouvait pour jammer, et peu à peu, un répertoire s’est constitué, incluant des morceaux remontant aux années 1990, jamais publiés (Grown-ups, Got To Have Love). L’enregistrement s’est fait rapidement, loin des longues sessions fastidieuses qui avaient marqué leurs anciens albums. « On enregistrait une chanson par jour, dans une atmosphère beaucoup plus détendue qu’avant », explique Webber. Le producteur James Ford (Arctic Monkeys, Depeche Mode) a été essentiel dans cette approche directe et inspirée.
Loin des attentes, près du plaisir
Le contraste avec les années 90 est frappant. À l’époque, chaque disque de Pulp était le fruit d’un long processus complexe, parfois douloureux. « On passait des semaines à ajuster le son de la caisse claire », ironise Webber. Cette fois, il n’y avait ni label pour imposer des délais ni attente du public à satisfaire. « On l’a fait pour nous, parce qu’on avait envie, point. »
Lors de leur retour sur scène, les membres de Pulp ont été stupéfaits par l’accueil du public – et surtout par la jeunesse de celui-ci. « En Amérique du Nord, c’était même encore plus frappant. Il y avait plein de jeunes dans la foule. On ne comprend pas trop comment ils nous connaissent, mais c’est formidable. » Ce regain d’énergie, combiné à l’enthousiasme intergénérationnel, a renforcé leur désir de prolonger l’aventure, sans pour autant planifier quoi que ce soit à long terme. « On ne sait pas de quoi demain sera fait. Le monde est chaotique, on vieillit tous… alors on profite du moment. »
* À Toronto en septembre 2024. Photo par Nadia Davoli.
Une décennie loin de la musique
Entre 2002 et 2011, Mark Webber s’était éloigné de la musique. Passionné de cinéma expérimental, il est devenu programmateur de films pour des institutions prestigieuses comme le London Film Festival et le Whitney Museum. « J’avais perdu goût à la musique, même à l’écoute. J’étais écoeuré du milieu. » Ce n’est que progressivement, notamment grâce à des artistes comme Father John Misty, Big Thief ou Bleachers (influencés par les goûts musicaux de sa fille de 12 ans), qu’il a retrouvé le plaisir de jouer et de créer.
Webber a aussi évoqué le plaisir nouveau qu’il tire de rencontrer les fans. « Quand on était en pleine gloire, on était souvent coupés du public. Maintenant, avec les séances de signature et les événements autour de mon livre, je peux enfin parler aux gens qui nous suivent depuis toutes ces années. C’est touchant. »
L’avenir ? Incertain, mais ouvert
Pulp n’a pas l’intention de se relancer dans un cycle industriel d’albums et de tournées sans fin. La démarche actuelle reste libre, spontanée.
Le groupe s’apprête à entreprendre leur plus grosse tournée nord-américaine en carrière, avec un spectacle prévu à Toronto, au Budweiser Stage, le 16 septembre prochain, ainsi qu’un autre au Hollywood Bowl le 25 septembre en compagnie LCD Soundsystem. Aucun spectacle à Montréal? Nous avons posé la question au guitariste, qui nous explique la stratégie derrière cette sélection de salles.
Et Montréal dans tout ça ? Malgré des décennies d’attente, Pulp n’a encore jamais foulé les planches montréalaises. Webber s’en excuse, en mettant cela sur le compte des aléas de la logistique et des choix d’agents. « Ce n’est jamais une question de snobisme. J’espère vraiment qu’on pourra y jouer. »
Une nouvelle version de poche de son livre I’m With Pulp, Are you? (paru à l’automne 2024) sortira le mois prochain, « à un prix beaucoup plus abordable », souligne-t-il. Cette version sera légèrement mise à jour pour tenir compte de l’enregistrement du nouvel album et de la dernière tournée.
Écoutez l’entrevue en intégral par ici :
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