crédit photo: Antoine Saito
Orchestre Symphonique de Montréal

Retour de l’OSM en présentiel à la Maison Symphonique avec Barber et Still – Sonorités américaines

Après des mois d’attente, l’OSM présentait hier son premier concert en présentiel depuis le début des confinements gouvernementaux. La fébrilité était palpable d’ailleurs à la Maison symphonique, personne ne sachant si l’on pourrait justement y retourner dans les prochaines semaines, avec la troisième vague qui se pointe le bout du nez.

Je dois vous avouer d’entrée de jeu que je ne suis pas particulièrement fan de Samuel Barber, qui constituait l’un des deux compositeurs américains sélectionnés avec William Grant Still, mais l’opportunité de retourner voir un concert en personne a pris le dessus.

Spoiler alert : j’aurai finalement été tout de même comblé!

J’avais aussi hâte de voir le travail de Thomas Le Duc-Moreau, chef assistant de l’OSM. Son cv déjà bien garni témoigne de son talent, et ce malgré qu’il ait l’air d’avoir 15 ans. C’est lui qui occupera pour le moment le poste de chef laissé vacant par le départ de Kent Nagano, le temps que la transition avec maestro Rafael Payare se termine plus officiellement.

* Thomas Le Duc-Moreau, chef assistant de l’OSM. Photo par Antoine Saito.

 

 

D’entrée de jeu, mentionnons déjà que le travail d’adaptation aux mesures sanitaires est exemplaire durant la soirée. La salle fonctionne en effet à capacité très très réduite et l’on se trouvait avec à peine plus de 10% des places occupées (250 sur 2100). L’ambiance est donc un peu déstabilisante, mais on ne peut plus sécuritaire.

Sinon, l’Orchestre symphonique ne perd pas de temps musicalement, interprétant d’entrée de jeu l’Adagio pour cordes (Op. 11) de Samuel Barber, sa seule composition réellement célèbre. À force de l’avoir trop entendu partout au cinéma, notamment dans Platoon, Le fabuleux destin d’Amélie Poulain ou même Petit-Pied le dinosaure et le film de Tenacious D, j’avais quelques appréhensions. Le risque de livrer un produit trop éculé est grand, mais l’interprétation somme toute correcte rendait bien le tragique et la grande émotion de la pièce.

Toujours dans le répertoire de Barber, on se lance par la suite dans le Concerto pour violon (Op. 14) et ses nombreuses sections pizzicato. C’est au soliste et prodige canadien Kerson Leong que reviendra la difficile tâche de mener à bon port cette pièce relativement technique, surtout durant son troisième mouvement presto in moto perpetuo endiablé. Son jeu de violon sensible réussira au final à redorer un peu le blason de Barber chez moi, ce qui n’est pas une mince affaire.

* Kerson Leong, violon. Photo par Antoine Saito.

 

Le concert se terminera donc sur la Symphonie no. 2 en sol mineur « Song of a New Race » de William Grant Still, que je découvre en direct. Passablement méconnu hors des États-Unis, le compositeur afro-américain et arrangeur jazz offre pourtant une musique particulièrement intéressante. Cette symphonie en particulier aura été composée afin de démontrer le talent des musiciens noirs, trop souvent mis de côté ou tout simplement oubliés dans le répertoire classique.

Le but est atteint! Les arrangements de harpe et de célesta, notamment, sont fort inventifs et témoignent d’un talent réel et d’une conception aussi moderne que novatrice de la musique. Mon seul bémol ira à l’interprétation un peu conservatrice du jeu de cymbales, que j’aurais aimé entendre résonner un peu plus pour rendre hommage à l’héritage jazz et blues de l’auteur.

Soirée courte et sans entracte au final, mais qui montre bien la résilience de l’Orchestre symphonique, qui n’est pas rouillé malgré la longue pause obligée de la dernière année. Après 1h15 de musique, tous auront le temps de rentrer chez eux avant le couvre-feu en ayant déjà hâte au prochain concert. D’ici là, celui-ci sera offert en rediffusion sur le web du 20 avril au 4 mai.

* Photo par Antoine Saito.

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