crédit photo: Marie-Andrée Lemire

Qu’on leur donne le chaos au Théâtre rouge du Conservatoire

La pièce de théâtre qu’on leur donne le chaos est présenté ce 26 et 27 septembre, au Théâtre rouge du Conservatoire de musique de Montréal, dans le cadre du Festival international de la littérature. Sors-tu? a assisté à la première représentation.

4h18 du matin. Sept visages dressés sous le ciel grondant de Londres ne trouvent pas le sommeil. Tour à tour, plusieurs personnages témoignent face au public des doutes et des angoisses qui les habitent.

La pièce est basée sur le livre de Kae Tempest, sorti en 2022. Cette auteure anglaise y dépeint la misère de ses contemporains. Une génération désenchantée en quête de sens et d’échappatoire.

L’adaptation théâtrale est, quant à elle, signée Luce Pelletier. Cette dernière a privilégié une mise en scène très sobre. Les sept comédiens s’expriment ainsi, tour à tour, face à leur pupitre.

Notre société questionnée

Si Londres sert de décor, c’est finalement toute notre société qui est questionnée à travers les récits de nos sept personnages.

« L’Europe est perdue, l’Amérique est perdue, Londres est perdue », s’exclame l’un des protagonistes.

D’emblée, les spectateurs sont invités à s’interroger : Pourquoi tout ce sang versé pour créer des villes qui nous abiment ?

« On travaille sans répit puis on danse pour oublier, on se drogue pour oublier ».

L’un des personnages rappelle tout ce que les pays occidentaux ont pillé et volé. Et aujourd’hui ? On finit par vénérer des monuments d’hommes, pourtant réprimés.

Ici, c’est bien de problème structurel dont il est question. « Les émeutes sont minuscules et le système est immense ».

Nos personnages en sont pleinement conscients, la misère du quotidien n’est pas une question d’individualités. La brutalité est éminemment structurelle.

Impossible de ne pas évoquer dans ce contexte le problème de gentrification dont souffrent les classes populaires. Londres, comme tant d’autres villes, en est affectée.

« Londres devient une forteresse réservée aux riches », balance, plein de tristesse, l’un des protagonistes.

Des personnages désorientés

« Arrête de pleurer, consomme », voilà ce qu’on balance à ceux qui souffrent, s’interrogent et veulent bousculer notre société.

La cervelle de Pete est tuée par les drogues. Il en est pleinement conscient tout en étant happé par l’apaisement et l’extase que les stupéfiants lui procurent.

Bradley vit, quant à lui, la vie de rêve. Un appartement flamboyant, des rendez-vous Tinder qui s’enchaînent, de folles soirées entre amis… Mais la nuit, il ne dort pas.

« J’ai l’impression que ma vie est le rêve d’un autre. Je sais que j’existe, mais je ne ressens rien ».

Les mots sont forts, un brin, déstabilisants, mais ils résument parfaitement la tristesse et la quête de sens de nos sept personnages.

 

 

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