Orchestre Symphonique de Montréal

Pierre et le Loup à l’OSM | Comment initier les enfants à la musique symphonique ?

Dimanche après-midi, une foule de familles se rendait à la Maison Symphonique pour écouter Pierre et le Loup, conte musical composé par Sergueï Prokofiev (1891-1953) en 1936. Ce concert s’inscrit dans la série « Jeux d’Enfants » de l’OSM, destinée à éveiller les enfants à la musique symphonique. Présenté par Patrice Bélanger, narrateur du conte et animateur du concert, ce spectacle d’une heure est une vraie réussite. Le chef d’orchestre Adam Johnson, bras droit de Kent Nagano, plonge petits et grands au cœur de l’orchestre symphonique dans une ambiance décontractée et conviviale. À recommander à tous ceux qui souhaitent initier les plus petits à la musique.

Un spectacle pédagogique et divertissant

Une fois placés au milieu d’un parterre inhabituellement peuplé d’enfants impatients et intrigués, Adam Johnson et l’orchestre symphonique subjuguent la salle avec l’ouverture des Noces de Figaro de Mozart. Cette introduction haute en couleur donne le ton et fascine immédiatement. Une fois les présentations faites, Patrice Bélanger, ambassadeur des concerts de jeunesse de l’OSM depuis quatre ans, entre en scène. Pour capter l’attention de son auditoire, il entame un dialogue à deux voix avec une marionnette qu’il fait parler. Celle-ci pose des questions comiques au chef d’orchestre et fait rentrer les enfants dans le jeu. Tout le concert se veut donc interactif et se transforme en véritable spectacle.

Avant que Pierre et le Loup ne commence, l’Orchestre Symphonique présente au public des extraits de cinq pièces qui permettent de faire comprendre le pouvoir expressif de la musique. Il s’agit de montrer que celle-ci peut faire ressentir des émotions, imiter une voix ou une tonalité et aussi raconter une histoire, non par les mots, mais grâce aux notes. L’orchestre joue d’abord un extrait de L’Apprenti Sorcier de Paul Dukas (1865-1935), afin de nous faire entendre comment la musique peut susciter l’imagination.

Avec la Valse Triste de Jean Sibelius (1865-1957), l’orchestre démontre que la musique peut transmettre une émotion et en profite pour apprendre aux enfants le rythme basique de la valse. Le « vol du bourdon », issu du Conte du Tsar Saltan de Rimski-Korsakov (1844-1908) et le Carnaval des Animaux de Camille Saint-Saëns (1835-1921) étonnent à leur tour l’assemblée. Cette introduction-exposition se termine avec « L’Entretien de la Belle et de la Bête » issu de Ma Mère l’Oye de Maurice Ravel (1875-1937). Maintenant séduit et curieux, notre jeune public est prêt à écouter en entier le conte musical de Prokofiev.

 

Découvrir et redécouvrir Pierre et le Loup, conte symphonique pour enfants

Pierre et le Loup raconte une histoire simple, celle d’un petit garçon qui, contre les ordre de son grand-père, part chasser le loup qui rôde à la sortie de la forêt. Celui-ci finit par attraper le loup, qui est remis aux chasseurs du village. Ce conte, qui met en scène la figure hautement crainte du loup, est devenu un classique. Chacun des personnages de l’histoire sont joués par des instruments de musique différents : l’oiseau est joué par une flûte traversière, le canard par un hautbois, le chat par une clarinette, le grand-père par un basson, le loup par la section des cors, les chasseurs par des timbales et Pierre, le héros, est joué par les instruments à corde.

Cette histoire offrant des personnages-archétypes arrive à créer une tension subtile, grâce au dialogue entre les différents instruments. Créée en 1936 par Prokofiev, l’année de son retour en U.R.S.S., elle est destinée au Théâtre central pour enfants de Moscou. Originellement, elle visait à enseigner aux enfants la tonalité des différents instruments de l’orchestre, mais aussi à servir les idéaux du régime soviétique. La morale étant que la désobéissance aux aînés est parfois nécessaire, tant qu’ils répondent aux valeurs du régime (loyauté, bravoure, ingéniosité…)

Prokofiev était un ami de Walt Disney, qui proposa une courte version animée de Pierre et le Loup en 1946. En invitant Myriam Boucher, artiste vidéaste, à proposer sa version visuelle de Pierre et le Loup, l’OSM semble valoriser l’idée d’une collaboration entre image-vidéo, animation et orchestre. Myriam Boucher imagine un univers minimaliste en présentant les personnages et les animaux comme des ombres chinoises qui se découpent sur un fond d’images de nature aux couleurs saturées.

On peut toutefois regretter que son travail oublie un peu l’aspect dramatique et se présente plus comme un collage de différents éléments visuels. C’est bien le seul bémol que l’on trouvera à ce magnifique après-midi, à la découverte des secrets de la musique et de l’orchestre symphonique.

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