crédit photo: Richard Mercier
Philippe Brach

Philippe Brach au Théâtre Beanfield | Mannequins, extravagances, panne de courant et robe de chambre

C’est le Philippe Brach qu’on aime qui était de la partie ce samedi soir au Théâtre Corona (je refuse toujours d’appeler ça Théâtre Beanfield) pour présenter LA FIN, l’ultime prestation prévue de sa tournée tirée de l’album Les gens qu’on aime. Bon nombre de fans âgés de 25 à 35 ans s’étaient donné rendez-vous pour assister à cette prestation des plus singulières où la scène avait été envahie par une dizaine de mannequins aux allures étranges et effrayantes.

Quiconque connaît le personnage Brach s’attendait à une soirée extravagante, et sur ce point, il a été fidèle à sa réputation. Un exemple ? Avant même de mettre un pied sur scène, il nous a imposé l’infâme Baby Shark jouée en boucle pendant près de 10 minutes : « C’était pour m’assurer qu’il n’y aura pas de calisses d’itinérants dans la salle », nous lancera-t-il plus tard ironiquement, faisant un beau pied de nez au Complexe Desjardins.

Né pour être fou braque

Ouvrant le bal seul à la guitare avec Les oiseaux migrateurs, l’artiste en robe de chambre ne nous a pas laissés en mode intimiste bien longtemps, levant le rideau sur ses 6 musiciens (dont 2 drummeuses) et une panoplie de personnages effrayants aux yeux rouge pétants avant d’entamer la délirante Dans ma tête, tirée de son tout premier long-jeu. Rapidement, le concert a pris des allures de grand-messe folle braque, où les mannequins étaient « garrochés » dans la foule pour des séances de body surfing. Ne me demandez pas comment, mais un de ces personnages s’est même ramassé jusqu’au balcon !

Visiblement fort heureux d’être là, Brach a épicé ça et là le concert de discussions un brin cabotines avec son public, offrant même un moment Marketplace à un spectateur en lui donnant l’occasion de faire une petite annonce : «une table et des chaises en vente pour 100 $.» Les moments du genre furent légion tout au long de la soirée, notamment après La fin du monde où une apparente panne de courant survenue en face, au Joe Beef, a causé une petite interruption dans la salle. N’allez pas croire toutefois que cette brève interruption a décontenancé l’artiste : « Les riches au Joe Beef qui mangent du bœuf Wagyu ont dû capoter ! », nous a-t-il notamment lancé, hilare. Il en a également profité pour varloper « les crosseurs de Ticketmaster » qui « font plus d’argent que moi avec votre billet ce soir » (si seulement c’était une blague…).

 

Sur le plan technique, Brach et ses musiciens étaient en grande forme, livrant un fort généreux concert de plus de 2 heures, ponctué de 28 morceaux, majoritairement tirés de l’excellent album Portraits de famine, paru en 2015. Encore et toujours l’album le plus apprécié des fans à en juger par le formidable accueil réservé à des pièces comme Né pour être sauvage, Crystel, Alice, Monsieur le psy, Héroïne, L’Amour aux temps du cancer ou encore Bonne journée. Cette dernière, interprétée comme dernière chanson du spectacle, a mené à un formidable moment de communion où tous les spectateurs présents servaient de métronome à la chanson en tapant des mains et du pied.

Le bon public dans la bonne salle pour le bon artiste

Parlant du public, ce dernier était particulièrement enthousiaste et taillé sur mesure pour un artiste comme Philippe Brach : tous connaissaient les paroles, ne se gênant pas pour chanter à l’unisson et embarquer dans les belles niaiseries de l’artiste.

Un tel esprit n’aurait sans doute pas été possible dans de plus grandes foules de festivals estivaux, comme les Francos. Nous étions ici en territoire conquis, dans une formule intimiste, où plusieurs grandes chansons d’auteur étaient formidablement interprétées par une gang de musiciens visiblement complices qui ne se prenaient jamais au sérieux. L’une des 2 drummeuses se faisait notamment un malin plaisir à « sampler » les paroles de Brach en temps réel sur un séquenceur pour nous les faire rejouer par la suite entre les morceaux, ajoutant encore plus de ludisme à la soirée qui n’en manquait déjà pas !

Aucun doute : une salle de la taille du Théâtre Beanfield était idéale pour une telle unité entre un artiste, ses musiciens et son public. Et tout ce beau monde aura passé une belle soirée qui aura passé comme un coup de vent, malgré sa durée de plus de deux heures. Voilà une belle façon pour Philippe Brach de clôturer sa tournée… et on a déjà hâte de voir ce qu’il nous réserve sur disque et sur scène pour la suite des choses !

Photos en vrac:

SETLIST :

1.      Les oiseaux migrateurs

2.     Dans ma tête

3.     Last Call

4.    Né pour être sauvage

5.    Pakistan

6.    Nos bleus désirs

7.     Monsieur le psy

8.    Crystel

9.    Soleils d’automne

10.  Alice

11.    Divagation parlementaire

12.   Ôk Canada

13.   Révolution (la chanson)

14.  Tic Tac

15.  Le bonheur tousse moins qu’avant

16.  Héroïne

17.   La fin du monde

18.  Tu voulais des enfants

19.  Mes mains blanches

20. Les gens qu’on aime

21.   La peur est avalanche

22. Un peu de magie

RAPPEL 1

23. L’amour aux temps du cancer

24. C’est tout oublié

25. Rebound

RAPPEL 2

26. Le matin des raisons

27. Ressac sur ta peau

28. Bonne journée

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