Paul McCartney au Centre Bell | Se préparer à l’inévitable fin prochaine d’une époque
Il n’y a pas plus grand rendez-vous intergénérationnel qu’un concert de Paul McCartney. Malgré l’exorbitante claque à dépenser au guichet, les X et millenials, qui n’ont vécu les Beatles qu’en archives relayées, ont visiblement sauté sur l’occasion pour en faire une sortie familiale, que ce soit avec les enfants… ou avec leurs parents.
Parce qu’aller voir Paul McCartney au Centre Bell en 2025, c’est surtout sauter sur l’ultime occasion d’aller voir et entendre le principal Beatles — désolé John, mais Mark David Chapman en a décidé ainsi… — encore vivant — désolé Ringo. Juste… désolé — avant qu’il ne soit trop tard. Avec l’intention de transmettre cette fascination pour les éternels Beatles à la génération future, et revivre ça avec ceux qui y étaient quand ça se passait.
Il y a de fortes chances que ce soit la dernière fois à Montréal. À part ce soir. Car il rejoue ce soir.
Mais à 83 ans, il faut le prendre quand ça passe.
On dit ça, mais…
À 83 ans, Sir Paul a encore du pep dans le soulier. Ça en est sidérant. Il a visiblement trouvé un élixir de jeunesse ou on ne sait trop.
Sa réputation ne s’effrite pas : sa présente tournée, Got Back, tourne partout dans le monde depuis 2022. On pense toujours que ça va s’arrêter, mais il rajoute toujours des nouvelles branches à cette tournée, et c’est ce qui a permis à Montréal de finalement avoir droit à un retour au Centre Bell.
Et les critiques sont élogieuses. On entend qu’il joue pendant presque trois heures encore. Des longs shows, sans pause, sans interlude de repos. Il enchaîne 35 titres, en alternant de la basse (sa fameuse basse-violon Höfner 500/1) à la guitare électrique (Les Paul rouge avec des imprimés de fans les bras en l’air, comme un miroir à son public), puis au piano, à la mandoline, à la guitare acoustique ou au ukulélé, appuyé son groupe de longue date. Sa dextérité semble impeccable, tant que sur les rudes cordes de basse que lors de quelques solos de guitare sympathiques.
À ses côtés, on retrouve les fidèles Paul « Wix » Wickens aux claviers, Brian Ray à la basse et à la guitare, Rusty Anderson à la guitare et le charismatique Abe Laboriel Jr à la batterie. S’ajoutent les Hot City Horns, avec Mike Davis (trompette), Kenji Fenton (saxophones) et Paul Burton (trombone), qui se sont joints à McCartney en 2018, lors de la tournée Freshen Up.
Bref, on sait tout ça, tout comme on peut deviner la grille de chansons, parce que c’est sensiblement toujours la même depuis des années à quelques différences près. La « différence près » cette fois-ci, c’est Michelle, rarement présente au setlist, mais puisqu’il se trouve en territoire francophone, Michelle et Montréal sont des mots qui vont très bien ensemble.
Mais même si on sait tout ça, il ne faut surtout pas le prendre pour acquis. Parce que rien n’est éternel. Pas même Sir Paul. Même si on en doute en le voyant.
Sa voix, par exemple, s’effrite légèrement. Ça paraît sur de airs plus ambitieux, comme Maybe I’m Amazed, mais ça se pose comme un charme sur de superbes moments posés comme Blackbird, interprétée en solo à la guitare. Un des plus beaux moments de la soirée, avec l’interprétation de I Got A Feeling en « duo virtuel » avec John Lennon, dont la trame est tirée de l’interprétation de celle-ci sur le toit d’Apple Corps – le fameux concert de retour impromptu de 1969 – et évidemment, la pétarade en règle sur Live and Let Die! On se croirait dans un show de Rammstein tellement les flammes fusent de toute part!
Cette grille de chansons établie et quasi-immuable est un peu étrange par moments, mais la carrière de McCartney est si vaste qu’on peut le comprendre. Et il insiste pour ne pas faire de son show un gigantesque hommage aux Beatles. Bien entendu, plus de la moitié du spectacle est dédiée aux chansons du quatuor de Liverpool, mais on pige aussi du côté de Wings, des albums solo, faisant même un détour vers l’album Egypt Station, de 2018, avec la chanson Come On To Me.
Ses anecdotes sont savoureuses même si les habitués les ont entendues plusieurs fois : l’ukulélé donné par George Harrison pour l’interprétation de Something, la rencontre de Jimi Hendrix dans un petit pub anglais dans les années 1960… on est suspendu à ses lèvres de la légende lorsqu’il nous ramène à son époque merveilleuse. Tout comme on s’émeut des images d’archives tirées du fantastique documentaire de Peter Jackson, paru il y a quelques années, où l’on voit les quatre Beatles dans des moments de coulisse parfaitement cabotins.
Seul bémol : les visuels, surtout les animations. Oh la la… par moments, on croirait voir des screensavers de Windows 2000, ou des extraits de jeux vidéos de type Rock Band (une connaissance nous a glissé la référence, et c’est difficile à ignorer). La simulation par intelligence artificielle des Beatles décédés aux côtés des Beatles encore vivant est aussi un peu cringe.
Ah puis, évidemment, on pourrait lui reprocher les chansons absentes, mais comme le soulignait si bien un spectateur : « McCartney a tellement de tounes importantes que personne ne s’est plaint du fait qu’il n’ait pas joué Yesterday ». Faut le faire!
Grille de chansons
Help!
Coming Up
Got to Get You Into My Life
Drive My Car
Letting Go
Come On to Me
Let Me Roll It
Getting Better
Let ‘Em In
My Valentine
Nineteen Hundred and Eighty-Five
Maybe I’m Amazed
I’ve Just Seen a Face
Michelle
In Spite of All the Danger
Love Me Do
Dance Tonight
Blackbird
Here Today
Now and Then
Lady Madonna
Jet
Being for the Benefit of Mr. Kite!
Something
Ob-La-Di, Ob-La-Da
Band on the Run
Get Back
Let It Be
Live and Let Die
Hey Jude
Rappel
I’ve Got a Feeling
Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band (Reprise)
Helter Skelter
Golden Slumbers
Carry That Weight
The End
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- Artiste(s)
- Paul McCartney
- Catégorie(s)
- Pop, Rock,
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