crédit photo: Gauthier Dorenlot

PALOMOSA 2024 – Jour 1 | Underscores, Snow Strippers, Yung Lean et Gesaffelstein

Palomosa. Non, ce n’est pas le nom d’un drink à base de tequila avec genre une tranche d’agrume confite séchée en guise de déco. Ce n’est pas non plus un nouveau bar à vin dans Villeray. Nonononon. C’est le tout nouveau festival montréalais né, entre autres, de l’envie de Nicolas Cournoyer, l’homme derrière les incontournables Piknic Électronik, d’offrir un événement de l’envergure des Osheaga et Lasso à un public qui se tient un peu plus en marge.

Ce qui veut dire qu’on a droit à tous les codes d’un festival majeur : le parc Jean-Drapeau, les scènes multiples, les foodtrucks, les rangées de toilettes chimiques, les navettes marines, les activations de marques. MAIS avec un edge. Et ce edge, il vient à 100% de la programmation.

Parce qu’outre Kali Uchis, qui sera de toute façon remplacée in extremis par Jai Paul, les têtes d’affiche de Palomosa sont franchement plus à gauche que ce qu’on retrouve habituellement sur les programmations de cette ampleur.

Tassez-vous, Florence and the Machine pis Radiohead, les enfants s’en viennent.

Et ce vendredi de départ de festival lance la chose avec, pour vrai, la meilleure prog de tout ce qu’on a vu au Québec cette année.

SELON MOÉ.

UNDERSCORES

Make la jeunesse emo again.

C’est la mission que semble s’être donné April, artiste derrière le projet Underscores. Et à voir la foule aux airs d’Emily the Strange (pour les vieux comme moi) hocher la tête à l’unisson à la réception des mélodies tristo-hyperpop qu’offre Underscores en cette ouverture de festival, on dirait mission accomplie.

Seule sur scène, aidée seulement de mots qui apparaissent en arial, blanc sur noir, sur l’écran de LED derrière elle, April danse et chantonne comme s’il n’y avait même pas de foule. Comme on le ferait dans notre chambre à 15 ans en écoutant du crunkcore.

Une vibe qui sied à merveille à l’aspect très personnel et introverti de sa musique. Même dans ses moments les plus grandiloquents et maximalistes, son art reste sensible et semble constamment à ÇA d’exploser en mille miettes comme un vase de porcelaine en forme de bébé ange échappé sur le plancher de la friperie.

Là on l’encense beaucoup, mais faut dire qu’on était déjà sous le charme avant la performance. Wallsocket, son plus récent album, est un de mes préférés des dernières années, et la chanson You Don’t Even Know Who I Am est un pur chef-d’œuvre de ce nouveau courant musical. Y’a de la pop, du r&b, du punk. Si vous aimez 100 Gecs et Toro y Moi, ou si vous êtes d’âge mûr et avez grandi sur Senses Fails, vous allez pogner un deux minutes.

 

SNOW STRIPPERS

American Apparel type beat.

Crystal Castles-core.

Lil Mariko & Full Tac si leurs parents étaient riches.

Salem mais moins witch et plus bitch.

Ça c’est les notes que j’ai prises pendant la performance de Snow Strippers pour essayer de résumer ce que je voyais.

Et avec le recul, je dirais que je suis plutôt DEAD ON.

De l’EDM juste assez abrasif, avec des bruits de mitraillettes en guise de snares, une chanteuse aussi énergique que nonchalante appuyée par un DJ qui a l’air de mon cousin David et qui fait des moves de clip de rap plutôt que de véritables pas de danse : tous les ingrédients d’un succès électro underground sont là.

Encore une fois, on était gagné d’avance, vu notre amour de leur dernier album et plus précisément de ce MÉGA TUBE qu’est So What If I’m A Freak.

Nos seules petites critiques (constructives):

  1. Y’est un peu tôt dans la journée pour booker Snow Strippers.
  2. Faut vraiment que le DJ trouve une autre transition pour passer d’une chanson à une autre. L’effet rewind c’est correct une fois, deux fois peut-être. Toutes les fois c’est trop. Arrête, big.

 

YUNG LEAN

Un bon 3-4 minutes de Enya.

C’est comme ça que commence la performance du légendaire Yung Lean. Personne sur scène, juste de la musique épique de fantaisie qui joue à plein volume.

Arrive soudainement Leandoer, coat de cuir vintage au dos, tuque au coco, micro orné d’ailes gothiques en métal à la main.

Même s’il est seul sur scène, et même s’il aurait préféré qu’il fasse noir, et même s’il semble un brin fatiguette, la performance de Yung Lean prend une toute autre envergure quand on y rajoute tout l’amour que le public lui démontre. Tout le monde connaît toutes les paroles. Ça se tait quand il parle, ça crie quand il faut, ça danse en permanence.

Et c’est là qu’on constate à quel point il est un artiste charnière pour toute une génération. L’inventeur et le réinventeur d’un style, autant musical qu’esthétique. Un pionnier. Un avant-gardiste qu’on a toujours tendance à un peu tasser du revers de la main mais qui, mark my words, sera de toutes les listes de rappeurs d’influences dans un futur pas si lointain.

Sad Boys 4 Life.

YAEJI, HORSEGIIRL ET DESTROY LONELY

On va regrouper ici les performances de ces trois artistes. Pas qu’iels sont moindres, juste que le format de celles-ci était plus standard et qu’on aurait pas 800 mots à écrire sur chaque.

Je dis « standard », mais y’a rien de standard dans la présentation de horsegiirL. D’un, vous serez surpris d’apprendre que horsegiirL porte littéralement une tête de cheval. Mais pas celle qu’on achète en joke au magasin d’Halloween sur Mont-Royal. Non, plus un genre de cheval humanoïde absolument fucking terrifiant. Le set est très bon. De la house excentrique, de l’hyperpop, quasiment du hardstyle par bouts. Mais le masque? Anxiogène.

Yaeji de son coté offre un DJ set plutôt décousu. La direction musicale est un peu éparpillée et on se ramasse avec du Princess Nokia et beaucoup de vibes UK qui finissent par redonder un peu.

En ce qui concerne Destroy Lonely, force est d’admettre que la performance est bonne et que l’audience embarque. Si tu veux du rage music pour pousser du monde dans une foule, t’es servi avec Destroy Lonely. Mais faut que je le dise, je n’ai jamais TANT compris l’attrait de Destroy Lonely à la base. Un artiste qui fait ce son parmi des milliers. Un gun sur la tempe, je ne pourrais dire si c’est une de ses chansons ou un démo de Don Toliver.

 

GESAFFELSTEIN

Au tour du roi de la French Touch de fouler les planches flambant neuves de Palomosa, maintenant.

Luisant, scintillant, chic, mince, grand, le producteur désormais sans visage se penche dès son arrivée devant les synthés qui se trouvent devant lui, au centre d’un show de lasers orné d’immenses obélisques et autres formations diamanteuses.

Ça part. Les basses sont lourdes, les claviers, tranchants. On hoche violemment de la tête.

Oh my god ses yeux viennent-tu d’allumer? Ses yeux viennent d’allumer!

Deux phares jaunes dans la nuit. L’effet est très « Elijah Wood dans Sin City ».

C’est fou raide. Meilleur show.

Puis quelques chansons passent. Les yeux se ferment et se rallument. Il passe d’un clavier à l’autre. Y’a des lasers, mais c’est un peu les mêmes que tantôt, non?

Et arrive malheureusement ce qui arrive quand un artiste mise tout sur le look et peut-être pas assez sur le feel. On se tanne. On comprend l’idée, l’artiste stoïque, non-humain, muet. Daft Punk l’ont fait, tsé. Mais si la mise en scène ne change pas DRASTIQUEMENT aux quelques chansons, ou si l’œuvre ne couvre pas un assez vaste types d’ambiances, vient que ça tient plus du DJ set que de la réelle performance de festival.

Ou alors peut-être que j’étais le seul à ne pas avoir de MD et là je chiale sur un spectacle que tout le monde a adoré.

La première édition de Palomosa se poursuit samedi, sous la pluie, avec Jai Paul, Yves Tumor, BADBADNOTGOOD, The Dare, Pelada et plusieurs autres.

Photos en vrac

Yung Lean

Destroy Lonely

Gesaffelstein

Ambiance générale

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