Turbine

Osheaga 2025 | Le scratch à l’honneur sur la Scène de l’Île : entrevue avec Turbine

Osheaga arrive à grands pas avec une programmation toujours aussi variée. Si pour la majorité des scènes on ne retrouve pas de genre attitré, la Scène de l’Île fait figure d’exception : elle sera encore une fois consacrée à 100% aux musiques électroniques. Une semaine avant ILESONIQ, il se trouve encore plusieurs grands DJs et producers de l’international, salute, James Hype, Claude VonStroke et INJI notamment. Donc de l’international, oui, mais pas que non plus : quelques locaux viendront se relayer aux platines, et difficile de faire mieux en matière de platines que Turbine. On a rencontré les gars sur une terrasse pour mieux savoir à quoi s’attendre de leur perfo.

Québécois d’adoption

Trio d’expats de Lyon, Nantes et de la Normandie, Ben, Tony et Nico sont venus au Québec pour repartir à zéro ou se concentrer sur de nouveaux objectifs de carrière, tous tournant autour du son : travail de studio, compo pour des jeux vidéos, label spécialisé… Tout pour la musique, sans nécessairement se concentrer sur la musique dès le départ.

La genèse de Turbine vient pas longtemps après et l’histoire est assez simple : Tony et Ben jouent déjà de la musique ensemble en France depuis 2006. À leur arrivée progressive de l’autre côté de l’Atlantique, ils commencent à se tenir aux Sunday Scratch Sessions et enregistrent éventuellement un premier morceau (« On avait assez niaisé comme ça! ») qu’ils proposeront à la maison de disque de Nico, un morceau « plus intéressant que les autres que je recevais, plus électro ». Les gars se rencontrent en studio et un jour « pile flush » après, le groupe est créé et a déjà un premier titre collectif au compteur, avec l’objectif avoué de poursuivre un objectif de musicalité assumée dans un paysage où l’on retrouve plusieurs scratcheur de party ou d’artistes champ-gauche à la Kid Koala, mais peu de compositeurs.

Nous, c’est aux centièmes de secondes près. Si quelqu’un manque un scratch, [qu’il] manque une basse ou une voix, si je vois qu’il manque quelque chose, je dois réagir tout de suite sinon le château de cartes s’effondre. C’est une question de timing, comme un genre de Guitar Hero!

Unis dans la variété

Dès les débuts, le trio se propose de monter une liste de lecture Spotify pour se montrer l’un l’autre leurs inspirations musicales. Belle surprise : tout le monde a inclus des pièces de house, de bass et de DnB, genres qui deviendront leur pain et leur beurre par la suite bien qu’ils ne soient pas généralement associés au scratch de prime abord.

Plus spécifiquement, leur inspiration #1? Sans surprise, le trio français Birdy Nam Nam, eux aussi spécialiste du scratch, multiples champions du concours DMC et également figures marquantes de l’électro du début des années 2000 en France. Les gars mentionnent notamment aussi DJ Shadow, le duo international Scratch Nerds (DJ Craze et DJ Klever), le trio marseillais Chinese Man, ou encore l’incontournable montréalais A-Trak, qu’ils suivent depuis ses premiers spectacles en Europe alors qu’il officiait encore comme DJ pour Kanye West.

L’énergie avant tout

Sur Chinese Man, Ben me confie que « c’est dans ce qu’on vise en live : des shows où ça performe beaucoup sur scène avec les mains en l’air et tout, même si nous, on peut pas [rires] ». Même son de cloche pour une autre de leurs influences majeures autant sur album qu’en live : le duo de DJ Netik et DJ Fly, les « Avengers du scratch », eux qui ont remporté pas mal de prix en plus d’être un duo extrêmement influent en ce qui concerne la fusion du monde des turntablists avec l’univers EDM, réunissant sur certains titres des touches bien anglaises de DnB, de jungle et de breakbeat.

On travaille fort pour que les scratchs déclenchent des images et pour que les gens voient qu’on est pas que des DJs. On joue approximativement 1 200 samples dans le live, répartis à 3, donc ça fait beaucoup de sport et de gymnastique mentale. Tu penses à quelque chose d’autre chose, tu te loupes complètement. Faut pas penser à sa liste d’épiceries [rires].

Le trio profite aussi de chaque occasion en festival ou en salle pour retravailler. Si, au début, plusieurs titres étaient joués pour remplir un peu leurs setlists, alors que le groupe devait passer de « 3 minutes à une heure », notamment en prévision des championnats du monde en 2022 auxquels les gars participeront, les spectacles permettent plutôt aujourd’hui de constamment tester du nouveau matériel, essayer plus de samples et reconfigurer les morceaux joués dans une optique de proposer un 60 minutes ultra compact à chaque occasion. Et c’est ce à quoi le public peut s’attendre ce weekend : un set technique et live, retravaillé « avec de nouvelles transitions et une intro complètement différente », pour bien introduire une journée où la plupart des DJs et des artistes arrivent avec plus de matériel que leurs simples CDJs.

Turbine sera en prestation ce dimanche 3 août sur la Scène de l’Île de Osheaga à 14h. Des billets et passeports pour assister au spectacle ainsi qu’au reste du festival sont toujours disponibles sur le site de l’événement.

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