
Osheaga 2025 – Jour 3 | Une dernière journée de coups de coeur, d’exploration et de découvertes
La dernière journée de la 18e édition du festival OSHEAGA, ce dimanche 3 août 2025, s’est terminée sous le signe de la diversité musicale et des coups de cœur inattendus. Bien sûr, tout le monde attendait Olivia Rodrigo, Cage The Elephant et The Beaches, et ça, le collègue Mathieu Aubre vous en parlera dans son compte-rendu. Mais les pulsations industrielles de Debby Friday, l’exubérante relecture du turntablism de Turbine, le charisme folk-rock de Ruby Waters et l’élégance indie-pop de Royel Otis ont aussi contribué à fournir aux festivaliers une finale riche en contrastes et en intensité.
Debby Friday : catharsis électronique en plein soleil
Dès le début d’après-midi, Debby Friday a pris d’assaut la scène de la Vallée avec son électro-dance légèrement punk, très sexu et pleinement assumé.
Ceux qui se demandent à quel point le prix Polaris Music Prize propulse des carrières, Debby Friday l’a remporté en 2023 et deux ans plus tard, elle joue à Osheaga… à 14h sur une scène secondaire devant environ 50 personnes. Et ce, deux jours après avoir lancé l’album qui fait suite à celui qui lui a permis de remporter le prestigieux prix canadien.
Mais ce contexte humble ne l’a pas empêchée de se faire valoir pour autant.
L’artiste torontoise d’origine montréalaise a livré un set tendu et viscéral, dans lequel beats industriels, spoken word furieux et incantations futuristes ont fusionné dans un tourbillon sonore percutant. Évoquant visuellement une super-héroïne cyberpunk, elle a transformé le terrain en dancefloor post-apocalyptique.
Sur la scène de l’île, on a pu attraper une vingtaine de minutes du trio montréalais Turbine, qui a donné une performance explosive, confirmant son statut de révélation locale.
Comme l’expliquait le collègue Mathieu Aubre, qui a discuté avec eux en amont d’Osheaga, Turbine est un trio de DJ/turntablists français établi à Montréal, formé de Benjamin, Tony et Nico. Leur ambition : propulser la scratch music hors de ses codes traditionnels en la réinventant au croisement de l’EDM, de la bass music et d’une dimension scénique performative.
C’est ce qu’on a pu constater à les voir aller, produisant à trois une musique nerveuse, mais précise, dansante mais imprévisible.
Leur démarche créative est exigeante : chaque morceau est d’abord produit en studio (principalement par Benjamin), puis retravaillé pour l’adapter au format vinyl scratchable avec un rendu musical fluide et dansant. Leur objectif est clair : un show audiovisuel puissant, visuel et immersif — bien plus qu’un simple set de DJ. Et à ce qu’on a pu voir, c’est plutôt réussi. On les surveillera de près, ceux-là!
Ruby Waters : vulnérabilité et puissance à la scène de la rivière
En fin d’après-midi, Ruby Waters a conquis le public avec son folk-rock hybride teinté de soul et d’influences grunge. Portée par une voix rauque et pleine d’émotion, l’artiste originaire d’Orangeville a offert une prestation à la fois intime et enflammée. Des chansons comme Quantum Physics et Open Arms ont résonné avec sincérité, pendant que le public reprenait en chœur ses refrains les plus fédérateurs. Sans artifice, avec une énergie brute et magnétique, Ruby Waters a rappelé pourquoi elle est l’une des figures montantes de la scène canadienne.
Son interprétation de If It Makes You Happy de Sheryl Crow ne déviait pas beaucoup de la version originale, mais l’interprétation vocale était si juste qu’on ne pouvait s’empêcher de la chanter avec elle. Un beau moment de la journée.
Royel Otis : fraîcheur psyché-pop venue de Sydney
Enfin, c’est le duo australien Royel Otis – avec qui on a eu l’occasion de discuter quelques moments avant qu’ils montent sur scène – a aussi charmé les festivaliers en début de soirée sur la scène de la rivière. Visiblement ravis de fouler le sol québécois pour la première fois, Royel Maddell et Otis Pavlovic ont livré un set lumineux, parfait pour adoucir la transition vers la tombée du jour.
* Photo par Jillian Goldenberg.
Portés par leur dernier album Pratts & Pain, ils ont aligné des morceaux baignés de nostalgie indie et d’arrangements psychédéliques, avec une décontraction toute australienne. Le public, curieux et rapidement conquis, s’est laissé bercer par leurs harmonies rêveuses et leurs riffs scintillants. Mention spéciale pour Sofa King et leur reprise enjouée de Murder on the Dancefloor, qui a provoqué une vague de danse spontanée.
Leur approche à deux voix presque en tout temps ajoute un souffle aux mélodies vocales que la plupart des groupes indie pop du genre n’ont pas, et les arrangements de guitare revêtent un mordant appréciable qu’on ne retrouve pas nécessairement sur album. Le groupe a visiblement de l’expérience et de l’assurance, et on ne peut qu’espérer qu’on nous les ramènera en ville avant longtemps, pourquoi pas au MTELUS en 2026!
* Photo par Jillian Goldenberg.
Avec une programmation éclectique, des découvertes marquantes et une météo clémente, OSHEAGA 2025 s’est conclue dans un crescendo d’émotions et de rythmes variés. La dernière journée, à l’image du festival dans son ensemble, a su offrir autant de moments d’introspection que d’explosions collectives.
Le rendez-vous est déjà pris pour l’édition 2026.
Photos en vrac
Debby Friday
(par Pierre Langlois)
Ruby Waters
(par Pierre Langlois)
Royel Otis
(par Jillian Goldenberg)
- Artiste(s)
- Debby Friday , Royel Otis, Ruby Waters, Turbine
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Parc Jean-Drapeau
- Catégorie(s)
- Folk, Indie Rock,
Événements à venir
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