
Osheaga 2025 – Jour 1 | La Swamp Princess Doechii réussit haut la main sa rentrée canadienne
Le Parc Jean‑Drapeau vibrait par un superbe vendredi d’août pour le lancement de la 18ᵉ édition d’Osheaga. Pendant que les têtes d’affiche attendues sur les grosses scènes principales, comme The Killers, Glass Animals, Dominic Fike et Finneas, attiraient l’attention de notre collègue Claudie Bouchard, il faisait bon se pencher aussi sur ce qui se tramait de l’autre côté du site. Un programme très éclectique qui en mettait plein la vue et les oreilles, malgré des retards importants dans l’horaire et des problèmes techniques récurrents sur la scène de la vallée.
Doechii dépose sa carte de visite
Doechii, récemment récompensée par le Grammy du meilleur album rap (reconnaissance que seulement deux autres femmes ont obtenu dans l’histoire des Grammys), présentait son tout premier concert au Canada sur la scène de la forêt. Originalement prévue à 21h50, sa performance fut repoussée à 22h10, et fut de courte durée (comme prévu) : à peine 45 minutes. Mais quelle impression elle aura laissé…
Son entrée, charismatique, a immédiatement capté l’attention : posture assurée, longues tresses presques menaçante, énergie constante, interaction avec le public… Le mot badass vient immédiatement en tête!
Les hybrides rap‑chant étaient maîtrisés. L’équilibre était bien pensé : des titres phares de son album à tonalité swamp‑rap cohabitaient avec des passages plus mélodiques, sans rupture de rythme. Sa DJ, Miss Milan, contribue aussi beaucoup à la proposition avec son énergie contagieuse et son rythme soutenu.
Par ailleurs, la cohérence visuelle et sonore du show était remarquable, même si la scénographie restait minimaliste avec son décor de marécage floridien.
La « Swamp Princess », comme elle aime bien se surnommer elle-même, confirmait son statut de star en ascension, qui défend très bien live la réputation qu’elle s’est faite à coup de singles, d’EP et bien entendu avec son excellent album Alligator Bites Never Heal.
Avec des titres comme la frondeuse GTFO, CATFISH, la plus vieille SLIDE pour les fans de la première heure, mais aussi bien entendu son hit Tik Tok Anxiety (qui nous permettait de constater sa magnifique voix chantée), et la très divertissante DENIAL IS A RIVER, son set laissait un goût de revenez-y. On en aurait pris un tout petit peu plus, mais en 45 minutes, elle a su poser une marque durable dans l’esprit des festivaliers.
Barry Can’t Swim : duo projeté en plein dans l’indie-pop électro
Tout juste avant Doechii, alors que le soleil se couchait, le projet Barry Can’t Swim s’est produit sur la scène de la vallée, qui a été le théâtre de sonos hasardeuses tout au long de la journée. Mais ça s’est visiblement réglé à temps pour Barry Can’t Swim, puisque ça sonnait comme une tonne de brique!
Entouré d’un batteur et d’une claviériste/multi-instrumentiste, l’Écossais Joshua Spence Mainnie s’est distingué par une polyvalence sonore rafraîchissante, et des projections visuels à l’avenant.
Le batteur, à la fois précis et fluide, offrait des rythmes organiques sans tomber dans la répétition mécanique ; la claviériste alternait entre nappes synthétiques et mélodies accrocheuses. Le trio a proposé un univers électro-dance engageant, mais également bien foutu, et avec juste assez une saveur live pour donner un bon show. Court et calibré, le set offrait une respiration bienvenue dans la programmation dense du vendredi. Une découverte électro enthousiasmante, à surveiller s’ils reviennent à Montréal. C’était, eux aussi, leur première visite selon nos recherches.
La Femme : énergie intacte malgré des contretemps techniques
Si les pépins techniques de la Scène de la vallée ont épargné Barry Can’t Swim, on ne peut pas en dire autant du groupe français La Femme, dont le début a été repoussé d’une bonne vingtaine de minutes. On ne comprenait plus trop ce qui se passait alors que les musiciens étaient sur scène à tenter de tout faire fonctionner, sans succès, avant que ça débloque d’un coup. Le groupe se lance alors sans hésitation dans une interprétation de Packshot particulièrement énervée, avec deux micros qui ne semblaient pas fonctionner.
Pas grave : les musiciens de La Femme sont des pros et des habitués des conditions variables en festival, et ils ont tôt fait de faire monter d’un cran l’intensité. Pas de flafla, pas trop de discussion, La Femme a tenu la barre avec panache.
* Photo par Marie-Claire Denis.
Leur répertoire, mêlant new-wave psychédélique et surf-rock réinventé, a explosé dans une mise en scène colorée et dansante. Le public est resté accroché malgré la frustration du timing écourté. Le groupe a compensé en enchaînant des morceaux percutants sans temps morts, prouvant qu’il dispose d’un véritable souffle live qui transcende les ennuis techniques.
Des titres comme Elle ne t’aime pas et Où va le monde sont toujours aussi charmants, alors que Foutre le bordel donne envie de kicker des poubelles. Sans niaisage aucun, La Femme a conclu avec Sur la planche et Antitaxi, le BPM légèrement caféiné, ce qui ajoute un petit charme punk supplémentaire qui n’est pas du tout désagréable.
* Photo par Marie-Claire Denis.
Justement, parlant de punk, on a aussi pu voir à l’oeuvre le groupe montréalais Pypy, sous la scène-tente Sirius, au beau milieu du site d’Osheaga. Le quatuor mené par l’excentrique chanteuse Annie-Claude Deschênes (Duchess Says) et le guitariste Roy Vucino (Red Mass) a livré une performance très punk, brève — environ 30 minutes —, brutale et sans filtre.
Leur son était tranchant, rapide, avec un esprit do‑it‑yourself assumé. La voix parfois criée, la guitare saturée, des morceaux courts, des riffs efficaces : tout y était pour faire headbanguer un petit noyau de fans affinés. En revanche, pour ceux venus à la base pour des sets plus casés, cela a pu sembler chaotique et peu accessible. Mais c’est justement cette audace viscérale qui a marqué les esprits. Une bouffée d’authenticité punk au milieu d’un festival plutôt calibré.
* Photo par Marc-André Mongrain.
Parlant de calibré, on en a aussi profité pour aller voir ce qui se trame du côté de The Struts, groupe britannique au style glam‑rock très codé, mais tout de même plutôt sympathique.
Leur prestation était divertissante : costumes flashy, peu de subversion mais beaucoup de showmanship. On ne cherchait pas l’innovation mais bien l’exubérance classique — gestes amples, refrains taillés pour le chant collectif, solos de guitare hyper visibles. Le spectre du cliché n’est jamais loin : poses théâtrales TRÈS très inspirés d’un certain Jagger, mais le tout livré sans fausse modestie. Le groupe assume le passé glam des années 70‑80, et leur bonne humeur communicative a su emporter le public dans une atmosphère festive.
Entre artistes émergents et plus rodés, cette première journée a déjà permis d’explorer plusieurs univers. C’est ce qu’on aime d’Osheaga : les découvertes, les saveurs variées, les programmations bien fournies et l’ambiance baba-cool qui règne sur le site!
Rendez‑vous pour les jours suivants avec Tyler, The Creator (samedi) et Olivia Rodrigo (dimanche) en têtes d’affiche.
Photos en vrac
(par Luna Choquette-Loranger)
Doechii
- Artiste(s)
- Barry Can't Swim, Doechii, La Femme, Pypy, The Struts
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Parc Jean-Drapeau
- Catégorie(s)
- Electro, Indie, Indie Rock, Pop, Punk, Rap,
Événements à venir
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vendredi
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