
Osheaga 2025 | Entrevue avec Royel Otis : fraîcheur australienne, chaos festif et éclats sincères
Quelques heures avant leur tout premier spectacle à Montréal, sur la Scène de la Rivière du festival Osheaga, le duo australien Royel Otis a pris le temps de discuter avec nous en coulisses. Décontractés, drôles et franchement lucides sur leur ascension fulgurante, Royel Maddell et Otis Pavlovic ont parlé de leur parcours, de leur nouveau disque, du poids des reprises… et des effets secondaires de la célébrité naissante. Compte-rendu d’une entrevue empreinte de franchise et de dérision.
Je pensais que faire de la musique, c’était moins de travail…
Le duo s’est formé à Sydney il y a environ six ans, jouant d’abord dans de petites salles de leur ville natale. Puis la pandémie est arrivée, bousculant les plans et donnant naissance à leurs premiers enregistrements. À leur propre surprise, le projet a rapidement gagné en ampleur, surtout grâce à la viralité de certaines reprises comme Murder on the Dancefloor de Sophie Ellis-Bextor ou Linger des Cranberries.
Mais avec le succès est venu un rythme de travail effréné. « Je voulais faire de la musique parce que je pensais que ce serait moins de boulot… », avoue Royel en riant. « On pensait qu’en devenant plus populaires, on aurait plus de temps libre, mais c’est l’inverse. On a de plus en plus de pression, de tournées, de contenu à sortir. »
Otis ajoute : « Tu t’habitues à ce rythme. Avant, après deux spectacles, j’étais épuisé. Maintenant, ça prend une semaine de concerts avant de m’écrouler. » L’heure est à l’endurance : « C’est le bon moment pour être actif. On frappe pendant que le fer est chaud. »
Entre deux avions, un nouvel album voit le jour
Le duo sortira un nouvel album dans les prochaines semaines, fruit de mois de tournées intenses et de longues absences loin de leurs proches. Bien que le disque n’ait pas de concept global, chaque chanson reflète une émotion ou un épisode vécu sur la route. « L’album s’est construit sur le manque : manque de nos amis, de nos familles, de nos relations », explique Royel.
Quatre morceaux du disque sont déjà intégrés à leur spectacle. Les autres suivront progressivement, surtout quand ils reprendront leur tournée à la fin de l’année. « Il y a 13 chansons sur l’album, et on va les introduire au fur et à mesure », précise Otis. L’ensemble promet une collection sincère, ancrée dans la réalité instable de jeunes musiciens constamment en déplacement.
Impossible de parler de Royel Otis sans mentionner leurs reprises devenues virales. C’est grâce à Murder on the Dancefloor et Linger que bien des fans les ont découverts. Et si le groupe est reconnaissant de l’attention que ces chansons ont suscité, ils rêvent tout de même de s’en détacher.
« On joue encore ces reprises en spectacle, parce qu’on sait que le public les attend », confie Royel. « Mais on espère un jour pouvoir les laisser de côté. » Otis renchérit : « Il y a une pression à jouer chaque chanson, même les nôtres qu’on ne préfère pas forcément en live. Mais au fond, on est là pour le public. »
Visages cachés, identités mouvantes
Un détail intrigant de leur passage à Osheaga : les photographes n’avaient pas le droit de capturer le visage de Royell. Une directive artistique? Une stratégie mystérieuse? Royel répond avec humour : « C’est pour qu’on puisse me remplacer facilement si je quitte le groupe. Juste à trouver un gars aux cheveux longs. »
Plus sérieusement, il évoque une évolution personnelle. « C’était lié à de l’insécurité, mais depuis quelque temps, je fréquente quelqu’un qui me fait sentir bien. Je commence à me foutre de tout ça. » Derrière l’humour, une vulnérabilité palpable.
Il faut dire que la vie de tournée a bouleversé le quotidien des deux jeunes hommes et mis à l’épreuve leurs relations personnelles. « Quand tu passes d’une routine stable à des absences de plusieurs mois, ça a forcément un impact », admet Otis. « Tu arrêtes peu à peu de parler à tes meilleurs amis. Et quand tu les revois à l’autre bout du monde, c’est spécial, mais tu te rends compte à quel point tu les avais oubliés. »
La distance avec l’Australie, leur pays d’origine, complique encore les choses. « On ne rentre presque plus au pays, même quand on a du temps libre », dit Royel. « Le voyage est trop long. On préfère rester dans des villes-relais, en Europe ou ailleurs. » Même s’ils restent attachés à leur terre natale, ils reconnaissent que leur nouvelle vie se vit ailleurs.
Invités à dire s’ils préfèrent les festivals ou les salles fermées, les deux musiciens n’hésitent pas : « Aujourd’hui, on choisit les festivals », lancent-ils. « C’est chaotique, imprévisible, il n’y a pas de soundcheck, mais c’est excitant. Et ce festival a l’air tellement cool. »
Osheaga 2025 représentait pour eux un jalon important : première présence à Montréal, premier grand festival canadien, premier contact avec un public local conquis d’avance. Et même s’ils devaient repartir dès le lendemain matin, les deux comparses sont repartis avec un souvenir vibrant de la métropole. On risque de les revoir sur l’une de nos scènes avant longtemps…
Royel Otis charme autant par leur désinvolture que par leur rigueur artistique. À Osheaga, ils ont prouvé qu’ils n’étaient pas qu’un buzz ou un groupe à reprises, mais bien un duo habité par une vision musicale solide, sensible et accrocheuse à la fois.
Avec un nouvel album en poche à venir le 22 août prochain, des tournées à venir et un amour sincère pour les scènes chaotiques, Royel Otis semble destiné à ne plus jamais quitter nos radars. Montréal n’aura été que le début.
Écoutez l’entrevue en intégrale :
- Artiste(s)
- Royel Otis
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Parc Jean-Drapeau
- Catégorie(s)
- Balado, Indie Pop, Indie Rock,
Événements à venir
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