Tegan and Sara

OSHEAGA 2013 | Entrevue avec Tegan and Sara

C’est un secret de polichinelle : les soeurs calgariennes Tegan et Sara Quin, mieux connues sous leur nom de duo Tegan and Sara, ont une relation particulière avec Montréal. À leur passage au festival Osheaga ce week-end, Sors-tu.ca a donné rendez-vous à Sara, afin de discuter de ce lien profond (particulièrement pour elle) et du changement de cap qui a permis au duo de renouveler son public.

Photo par Karine Jacques.

Photo par Karine Jacques.

« J’ai habité pendant 10 ans à Montréal et les chansons que j’ai écrites sur chacun des trois derniers albums l’ont toutes été à l’appartement que j’ai toujours ici. »

Bien qu’elle ne soit plus aussi assidue au Québec depuis quelques années en raison des occupations du groupe, Sara tenait à garder un pied à terre à Montréal. « Je suis de plus en plus souvent à New York et en tournée, mais j’ai conservé mon appartement à Montréal parce que j’aime y écrire. C’est ici que je suis la plus créative. J’ai un superbe appartement lumineux, c’est grand et je peux faire du bruit à ma guise. J’ai installé un genre de mini-studio dans un grand placard et j’ai enregistré chacune de mes chansons des trois derniers albums dans ce placard ».

« Mais surtout, je trouve ça tranquille ici, je peux réfléchir et prendre du recul plus facilement. » L’omniprésence du français (langue qu’elle ne maîtrise pas) y est aussi pour beaucoup. « C’est drôle à dire, mais ça me permet de déconnecter plus facilement. Je me sens anonyme, invisible et ça me donne l’impression que je peux observer sans participer. Je sais que ça peut paraître étrange, mais ça me permet d’être très créative. »

 

Rajeunir d’album en album

C’est donc à Montréal que plusieurs des chansons du plus récent album, Heartthrob, ont été écrites.  Ce septième item à la discographie de Tegan and Sara figure à la courte liste des finalistes en vue du prix Polaris 2013, et se distingue des albums précédents par la prédominance des sonorités pop rock.

Photo par Karine Jacques.

Photo par Karine Jacques.

« Nos chansons ont toujours provenue des mêmes intentions. Ce qui me semble différent, c’est que nous sommes maintenant dans la trentaine et certains de nos fans demeurent des gens plutôt jeunes, parfois 13, 14 ou 15 ans. »

« En fait, nous avons toujours voulu faire de la musique pour ces gens-là : ceux pour qui la musique est leur vie, qu’ils ne pensent qu’à ça. Ceux qui vont voir des shows et portent des t-shirts de groupes, comme moi quand j’étais à cet âge. La différence, c’est que nous n’avons plus 15 ans, et nous explorons ces mêmes thèmes, ces mêmes idées – tu sais, quand la vie est complètement folle, et que tu tombes amoureux, et que tu as le coeur brisé – mais à travers notre regard d’adultes. L’esprit reste la même, mais le point de vue est différent. »

Pas étonnant, donc, que les fans de Tegan and Sara utilisent constamment leurs paroles comme statuts Facebook. Certains se les font même tatouer. « À chaque fois qu’on fait des rencontres meet and greet avec les fans, nous rencontrons au moins une personne qui s’est fait tatouer nos visages, notre pochette ou un extrait de nos paroles sur son corps. »

Les jumelles albertaines peuvent facilement comprendre cette idée : Tegan arbore elle-même un tatouage de paroles de Bruce Springsteen. « Je sais que l’impact de ces paroles a été majeur sur sa vie, et elle ressentait le besoin d’en faire une citation permanente. Parfois, chez les fans, ça nous étonne tout de même : pourquoi s’identifie-t-elle à telle phrase ou tels mots ?  On ne sait jamais trop pourquoi, mais il semble que ces paroles  soient comme un mantra, et qu’elles les aient si profondément touchées qu’elles veulent les porter avec elles pour toujours. »

Cette réalité est aussi très générationnelle. Étrangement, le public de Tegan and Sara provient désormais majoritairement d’une génération plus encline aux tatouages. Certains fans ont suivi le cheminement du groupe, du début à la fin, mais Tegan and Sara connaît un tracé de carrière qui témoigne d’un renouvellement de public assez étonnant.

Dernièrement, Tegan and Sara assurait la première partie de fun. en tournée, et Tegan avouait en entrevue qu’elles y trouvent davantage leur compte qu’au cours de la tournée précédente, alors qu’elles suivaient The Killers. « Il y a une certaine excitation lors des concerts de fun. qui est vraiment spéciale : ce sont souvent de jeunes fans qui commencent à peine à aller voir des concerts. Et je crois que c’est une partie intégrante à ce que nous faisons. Notre seule façon de survivre, c’est de rétablir un contact avec un nouveau public à chaque fois. Naturellement, il y a des gens qui partent, qui se désintéressent de tel groupe ou même de la musique en général. Alors il faut en conquérir d’autres. Ça nous tient éveillées et créatives. »

Vos commentaires