crédit photo: Ari Larivière
Beck

OSHEAGA 2013 | Beck, The Breeders, Tricky et Yelawolf

À mi-chemin du festival Osheaga, le très attendu Beck assurait la tête d’affiche de la plus grosse soirée du festival, samedi soir, sur la Scène de la Rivière.

evenko

Beck. Photo de courtoisie par Pat Beaudry / evenko

C’était un secret de polichinelle : Osheaga courtisait Beck depuis les débuts du festival, en 2006. Et ça devait arriver tôt ou tard : c’était un mariage parfait entre un festival indie rock de plus en plus populaire et un artiste culte de ce même mouvement, dont la présence sur scène se fait étrangement de plus en plus rare avec les années.

Bien qu’il se soit fait attendre et que les critiques de ses récents concerts acoustiques en Europe aient été mitigées, Beck n’a pas déçu. Bien au contraire : il a offert l’une des prestations les plus mémorables de l’année à Montréal, avec une grille de chansons contenant pratiquement tous ses succès (à part ceux de Midnight Vultures, dont Sexx Laws), avec l’esprit éclectique de la carrière de Beck parfaitement représentée.

Dès le départ, les fans étaient avertis avec l’interprétation de Devil’s Haircut : ce sera une visite guidée de l’anthologie Beck , rien de moins. Puis, Black TambourineSoul Of  A Man et One Foot In The Grave ; aucune époque ne sera laissée de côté, sauf le futur. Beck revisite son passé avant d’aller de l’avant avec un nouvel album, dont les intentions commencent à être ouvertement formulées, mais pas vraiment de nouveaux titres en vue. Du moins, pas à Osheaga.

L’artiste américain souligne aussi au passage les ressemblances entre certaines de ses chansons et de grands classiques de la pop, en agençant Modern Guilt à Tainted Love (de The Four Preps, popularisée par The Soft Cell au début des années 1980) par exemple, ou encore Think I’m In Love fusionnée à I Feel Loved. Mais le meilleur (et plus efficace) de ses agencements demeure Sissyneck qui devenait Billy Jean et redevenait Sissyneck. Brillant clin d’oeil.

Photo de courtoisie par Pat Beaudry / evenko

Photo de courtoisie par Pat Beaudry / evenko

La prestation n’avait rien d’acoustique, à part une brève incursion dans les chansons plus folk du passé de Beck : The Golden Age
et Lost Cause de l’album Sea Change, puis la reprise de The Korgis, Everybody’s Got to Learn Sometime, enregistrée par Beck sur la trame sonore du film Eternal Sunshine of the Spotless Mind, ainsi que Just Noise du Song Reader, album paru sous forme de partitions musicales seulement, en décembre dernier.

Sinon, Beck et ses musiciens trempaient dans un atmosphère funky et électrique, multipliant les titres entraînants comme Gamma Ray (encore plus surf rock que sur disque), le mega-hit Loser avec l’apport d’une sitar (!), Qué Onda GueroGirl, E-Pro, puis, dans une finale orgasmique qui aurait fait lever le plafond si ce n’était un show extérieur, Where It’s At.

« J’ai toujours aimé Montréal. Lorsque je tournais pour Odelay en 1996 et Midnight Vultures en 1998, personne ne dansait au son de mes chansons encore… sauf à Montréal », laissait-il entendre lors d’une de ses rares interventions entre deux chansons.

Que ce soit sincère ou non, il aura au moins laissé sa trace dans la Métropole québécoise en rappelant pourquoi tant de mélomanes le vénèrent, ici comme ailleurs : son répertoire regorge de chansons brillantes, et lorsqu’il est dans le bon état d’esprit et entouré des musiciens appropriés, il est encore apte à livrer une prestation magistrale.

Le moment magique tant attendu par les organisateurs d’Osheaga s’est finalement produit : Beck a fait grâce de sa présence au Parc Jean-Drapeau, et c’était tout à fait à la hauteur des attentes.

 

The Breeders, Tricky et Yelawolf

Malheureusement, la foule massive et le temps de déplacement nécessaire pour se rendre de la scène verte aux deux scènes principales ont fait en sorte que nous avons dû rater la prestation d’Explosions In The Sky, qui en met toujours plein la vue, et surtout, plein l’ouïe. Selon les commentaires qui circulaient, le groupe post-rock a semblé être à la hauteur de sa réputation.

Plus tôt dans la journée, deux autres figures marquantes des années 1990 se sont produits, sur la scène verte dans leurs cas. Mais leurs approches ne pouvaient être plus différentes…

Photo par Karine Jacques.

Kim Deal, des Breeders. Photo par Karine Jacques.

Le groupe bostonais The Breeders s’y produisait vers 18h25. Le concept était simple : les soeurs Deal (Kim et Kelley) et leurs musiciens interprétaient leur mythique deuxième album Last Splash en intégral, vingt ans après sa sortie.  La version offerte ne différait pas beaucoup de celle endisquée, et on pouvait reconnaître, deux décennies plus tard, l’esthétique garage rock de ce brulôt grunge tant apprécié.

Pas trop appliquée mais mordante à souhait, la prestation de 50 minutes bien tassées nous replongeait avec nostalgie dans une époque où les Savages de ce monde était monnaie courante.

Une heure et demie avant, Tricky montait sur scène pour un concert beaucoup moins prévisible, mais aussi beaucoup plus éparpillé. Après deux pièces, par exemple, l’imprévisible artiste britannique (qui donne habituellement dans un trip-hop plutôt sensuel) a fait monté une bonne vingtaine de spectateurs sur scène pour danser au son d’une reprise d’une quinzaine de minutes d’Ace of Spades de Motorhead.

Photo de courtoisie, par Tim Snow / evenko.

Tricky. Photo de courtoisie, par Tim Snow / evenko.

Le show ressemblait davantage à un étrange house party improvisé, avec un spectateur déguisé en Elvis, un flamand rose gonflable et un faux roi qui dansait sur scène alors que Tricky se frappait le torse avec son micro, alors que sa choriste chantait en arrière de la foule impromptue sur scène.

Cette bizarre prestation décadente n’était pas sans charme, mais l’absence totale de considération pour les règles de base d’un concert normal a semblé en décontenancer plus d’un dans la foule.

Pour les adeptes de musique plus structurée, les titres Nothing Matters (de l’excellent nouvel album False Idols) et Puppy Toy étaient sans doute les titres les plus reconnaissables.

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Yelawolf. Photo par Karine Jacques.

La liberté que Tricky s’octroie sur une scène est certes rafraîchissante, mais un peu plus de discipline serait toutefois le bienvenu. Peu importe : on l’accueillerait bras ouvert de retour à Montréal.

Plus tôt en après-midi, le rappeur alternatif Yelawolf est venu faire son tour, sur la scène verte. On comprend rapidement le buzz qui l’entoure lorsqu’on le voit à l’oeuvre : son débit est impressionnant, son énergie en jette (comme en témoignait notamment l’excellente Push’em, chanson popularisée en duo avec Travis Barker mais interprétée en solo cette fois-ci) et sa présence de scène en impose.

Les musiques proposées par son DJ sont aussi très variées ; Yelawolf peut rapper autant au son de ses propres titres que sur des samples de Back In BlackSweet Home Alabama ou encore Smells Like Teen Spirit.

Pas mauvais du tout.

Photos en vrac

Beck (par Pat Beaudry / evenko)

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Yelawolf (par Karine Jacques)

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The Breeders (par Karine Jacques)

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the breeders_osheaga_2013_04 the breeders_osheaga_2013_03 Photo par Karine Jacques.

Tricky (par Karine Jacques)

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Explosions In The Sky (par Karine Jacques)

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Grille de chansons

Beck

Devil’s Haircut
Black Tambourine
Soul of a Man
One Foot in the Grave
Tainted Love / Modern Guilt
Think I’m in Love / I Feel Loved
Gamma Ray
Loser
Hotwax
Que Onda Guero
Girl
???
Chemtrails
The Golden Age
Lost Cause
Everybody’s Got to Learn Sometime (reprise de The Korgis, enregistrée sur la trame sonore d’Eternal Sunshine of the Spotless Mind)
Just Noise (du Song Reader)
Fourteen Rivers Fourteen Floods
Sissyneck / Billie Jean
E-Pro
Where It’s At

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