Cavalia - Odysséo

Odysseo de retour à Montréal | De très bons acteurs les chevaux de Cavalia!

Tout se décline avec démesure à propos du spectacle Odysseo de la troupe Cavalia : le plus grand chapiteau au monde avec ses 38 mètres de hauteur (équivalant à un édifice de 12 étages), une scène d’une superficie de 1 626 mètres carrés et des coulisses de 15 mètres, 70 chevaux de 13 races différentes, 20 cavaliers, 50 artistes en provenance de 11 pays, 365 costumes, 6 000 tonnes de terre, de pierre et de sable, 18 projecteurs d’images, 150 000 litres d’eau créant un lac en moins de 15 minutes devant 2 074 spectateurs éblouis chaque soir.


 

Un lieu époustouflant

Seulement le choix du lieu, aux abords du pont Jacques-Cartier, pour installer ce véritable village de cinq tentes blanches, incluant les écuries, c’était partir gagnant. On ne pouvait imaginer une meilleure utilisation pour cet espace mal aimé et sous-estimé de 5 388 mètres carrés en plein centre-ville de Montréal, qu’avec ce grandiose spectacle itinérant qui nécessite 120 camions pour se déplacer de ville en ville. 3 millions de spectateurs ont jusqu’ici été charmés par l’œuvre, avec ses 1 500 représentations déjà en Amérique du Nord, depuis la première mondiale à Laval en 2011.

Se voulant une élégie à la noblesse et à l’élégance du cheval, entretenant ce lien millénaire avec l’évolution de l’homme qui a soumis la race chevaline tant à l’exécution de travaux de la ferme qu’en moyen de transport, et jusqu’à le transformer honteusement en instrument pour faire la guerre, Odysseo est tout cela à la fois.

On ne peut imaginer le nombre d’heures de travail, patient et dosé, pour entraîner les chevaux à se donner ainsi en un spectacle aux figures complexes. Les chevaux, magnifiés, s’en trouvent ainsi devenus de très bons acteurs, s’exécutant avec une précision parfaite. Ce sont tous des mâles, soit des étalons ou des hongres châtrés. Le plus jeune a 5 ans, le plus vieux, 15 ans. Chaque cheval a un nom qui lui est propre, et sa personnalité, pour ainsi dire.

Comment cet animal, même en le sachant doué d’intelligence, peut-il, comme pour un texte difficile à apprendre par un comédien, se souvenir de chaque mouvement chorégraphié et mis en scène avec une prodigieuse minutie par Wayne Fowkes et ses acolytes ? Une tâche, pour mieux dire une passion, qui ne s’explique pas. C’est ce même Britannique habitant l’Autriche qui a été coordinateur artistique du gigantesque Millenium Dome de Londres au passage à l’an 2000.

* CREDITS: LYNNE GLAZER

Le fondateur et directeur artistique de Cavalia, Normand Latourelle, est un visionnaire qui a le don de bien s’entourer. D’une fidélité réciproque pour cette quatrième collaboration, le compositeur Michel Cusson, qui s’est fait connaître avec le groupe UZEB, signe la musique live. Deux cellules de musiciens sont placées en hauteur sur chaque côté de la scène. Et la très belle voix, envoûtante, de Daniela Bulleri a aussi tout à voir avec l’enveloppement musical efficace du spectacle.

C’est un habitué du théâtre, Guillaume Lord, qui a conçu cette immensément grande scénographie en constante transformation, et qui nous emmène des steppes d’Asie au Grand Canyon, de la savanne africaine aux glaciers nordiques, de l’Île de Pâques au désert du Sahara. Avec un étonnant pouvoir d’illusion pour créer des perspectives en plongée 3D aussi parfaites qu’impressionnantes, le décor comporte même en son centre un monticule de terre équivalant en hauteur à un édifice de trois étages. Les talents du collectif Geodezik, qui a été concepteur visuel pour des artistes tels que Cher, Bette Midler, Tina Turner et Usher entre autres, y sont pour beaucoup également.

La conception des éclairages vient aussi d’un praticien du théâtre, Alain Lortie, alors que les costumes métissés proviennent de Michèle Hamel qui s’est inspirée et a porté plus loin le travail d’origine du regretté Georges Lévesque, ayant habillé aussi bien Diane Dufresne que Carole Laure, et qui est mort quelques jours avant la création de l’œuvre.

Il faut regarder Odysseo comme un grand opéra moderne, mais aussi imposant, profond et lourd de sens que ceux de Wagner. L’oeuvre ne tient pas qu’à la présence et à l’habileté impressionnante des chevaux et leurs 20 cavaliers se déployant en cascades. C’est un heureux mariage entre les arts équestres, les arts de la scène et l’utilisation à juste dose de prouesses artistiques à la fine pointe des nouvelles technologies. Le spectacle emprunte aussi allègrement au cirque, avec des numéros d’acrobatie et de haute voltige qui nous font nous sentir par moments à la TOHU. Que du spectaculaire!

Ainsi, Odysseo est une aventure scénique totale, ancrée dans la terre noire tout autant qu’elle est aérienne, fluide et intangible comme les arts circassiens. « Un festin visuel » a écrit le Vancouver Sun, « De la vraie magie d’Hollywood sur scène » y est allé pour sa part CNN, alors que le Boston Globe a parlé de « force équine », de quoi susciter notre plus grande fierté devant ce succès québécois mondial.

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