NXNE 2014 – Jour 4 | Mac Demarco, Spoon et plus
Lorsqu’on assiste à un festival comme NXNE, il est extrêmement difficile d’aller à tous les spectacles que l’on aimerait voir. Les différents lieux éparpillés dans la ville, le temps pour se déplacer entre chaque endroit, sans compter les nombreuses performances d’intérêt inscrites en même temps à l’horaire, sont autant d’obstacles qui nous barrent le chemin. Il faut savoir se laisser porter par la vague de la curiosité et être capable d’improviser. C’est un peu ainsi que s’est construit notre samedi, le jour 4 des festivités.
Parce que ces comptes-rendus que vous lisez ne peuvent s’écrire d’eux-mêmes, il nous a fallu manquer la croisière sur le lac Ontario prévue en après-midi au cours de laquelle se produisaient quelques artistes, dont Mac DeMarco, que nous allions revoir en soirée. Nous sommes plutôt allés à la boutique Gap sur Queen St. à 15h pour écouter de la pop adolescente avec la formation floridienne Beach Day.
Beach Day et Craft Spells au Gap
Lieu atypique de concert que cette boutique de vêtements, le son est correct et une petite foule compacte s’y trouve. La chanteuse de Beach Day possède un très grand charisme, marqué par une évidente humilité mêlée à un joli minois et une voix très agréable. Cette pop un peu surf, composée de deux guitares (les deux filles du groupe), une basse et une batterie, possédant certaines similitudes avec ce que faisaient les Bangles et les Go-Go’s à une autre époque, mais de manière plus énergique, se prend très bien. C’est un peu répétitif, c’est de la power pop à numéro, mais c’est bien exécuté.
S’est ensuivi une performance de Craft Spells, de Seattle. Les problèmes techniques ont tout de suite nui à la performance de cette formation rock parfois comparée à Cocteau Twins. Le chanteur et leader de la formation, Justin Vallesteros, ne cessait de s’électrocuter sur son micro dû à un mauvais système électrique dans la boutique, ce qui a eu pour effet de le frustrer incroyablement. Vallesteros n’a cessé de pester contre le technicien de son (lui envoyant même le doigt d’honneur à un moment donné), contre Gap (« Thanks for coming to The Gap. Sporting your casual monochrome, today’s new fashion »), contre l’univers entier, mais a continué de jouer pour le plaisir des fans, en dodelinant de la tête et mâchant de manière nonchalante son chewing-gum.
La musique du groupe est atmosphérique, de belles envolées de guitares nappées de synthétiseurs, mais la voix est monotone – c’était peut-être un effet des problèmes de Vallesteros – et l’ensemble perd son intérêt après un moment. Encore une fois, dans d’autres circonstances ç’aurait été certainement plus intéressant.
Mac Demarco et son fan Luke
Plus tard en soirée, au square Yonge-Dundas, nous avons assisté au concert de Mac DeMarco. Le sympathique chanteur de la côte ouest-canadienne, aux allures de gentil camionneur tout droit sorti des années 1990 (avec sa casquette, sa chemise carreautée, son t-shirt des Simpsons et sa longue chevelure) est un vrai « crowdpleaser ».
Sa musique est enjouée, de jolies petites chansons bien construites et entraînantes. Le registre de sa voix est plus vaste qu’on le soupçonnerait de prime abord. DeMarco a une attitude cool et est toujours souriant, ce qui fait en sorte que lorsque quelqu’un monte sur scène, il le laisse monter, comme ce fut le cas pour un certain « Luke », membre du public qui est venu danser sur scène. Prenant ses aises, Luke s’est mis à boire à partir de la bouteille d’eau de DeMarco et a même volé une cigarette qui se trouvait sur une table près du chanteur. Mais surtout, Luke a dansé, pris des photos de la foule, et a arpenté la scène un bon moment avant que DeMarco ne l’envoie faire du bodysurfing.
Plus tard, c’est DeMarco lui-même qui allé se faire porter par le public, et somme toute ce fut un excellent spectacle, plein d’entrain et de bonne humeur, parfait pour une grande place des festivals.
Spoon
Puis, ce fut au tour du groupe rock Spoon. Les Texans, menés par Britt Daniel, ont offert au public leurs plus grands succès dans une atmosphère énergique. La performance vocale de Daniel était sans failles, et leur rock à saveur punk a su enflammer le square Yonge-Dundas. Que des sourires dans la foule, surtout lorsque de nombreux ballons de plage sur lesquels était inscrit le nom du groupe ont été lancés dans le public.
Des guitares endiablées, des claviers joués avec ferveur, des rythmes enlevés et des chansons dramatiques et parfois émouvantes, Spoon a offert un concert enlevant, que nous avons dû quitter en plein milieu pour nous assurer une place au spectacle de Rhye au Massey Hall, à quelques minutes de marche.
Rhye
À l’entrée, on nous a indiqué que les photos étaient interdites. N’empêche, cela nous a permis de mieux nous concentrer sur la performance en soi. La voix du chanteur Milosh est d’une beauté indescriptible, surtout lorsque qu’elle remplit et rebondit entre les murs d’une salle à la sonorité exquise comme le Massey Hall.
La troupe californienne donne dans un R&B exécuté avec une précision chirurgicale et avec parcimonie. Aucune note superflue, tout est calculé au battement près. Un peu de batterie ici, du violon par là, de l’orgue Hammond et la voix exquise de Milosh, le tout est subjuguant. La musique de Rhye est une sorte de muzak de niveau supérieur, mais c’est de l’excellente muzak. Et en spectacle, c’est à ne pas manquer! L’expérience est savoureuse.
Nous avions ensuite prévu assister au spectacle de Future Islands à minuit au Tattoo. Mais la file à l’entrée était interminable, et même les détenteurs de passes média avaient de la difficulté à entrer. Minuit passé, et nous décidons de laisser tomber et d’aller au prochain endroit prévu sur notre itinéraire, la taverne Paddock, à quelques minutes à pied de là. En marchant, nous avons vu un tramway en mouvement et aux lumières tamisées dans lequel se produisait un groupe. Toute la ville est en mode festival…
Unwed Mothers et Lindsay Barr
Dans l’élégant petit bar du Paddock se préparait, sur une scène exiguë près de la porte d’entrée, la formation Unwed Mothers, originaire d’Edmonton en Alberta. Donnant dans un blues qui fait penser aux Black Keys (période The Big Come Up) et les Montréalais The Damn Truth, Unwed Mothers remplit l’espace sonore grâce à sa guitare électrique mélodieuse et enragée, mais surtout à la voix de la chanteuse Julie Adams, qui surprend par la petitesse de cette jeune femme comparée à l’immensité de sa voix.
Celle-ci s’accompagne également aux claviers, et avec la basse et la batterie le groupe possède une force de frappe qui étonne. Par contre, le bassiste donnait l’impression de s’emmerder, ce qui en retour ne nous donnait pas envie à nous, membres de l’auditoire, de s’intéresser à lui. Enfin, c’est du bien bon blues que propose Unwed Mothers.
Puis finalement, Lindsay Barr a pris d’assaut la petite scène du Paddock. Nous avions prévu venir la voir jouer, car la rockeuse est originaire de Peterborough, et l’auteur de ces lignes habite dans cette même petite ville ontarienne. Nous nous devions donc d’aller encourager un talent « local», surtout que nous en avions beaucoup entendu parler sans jamais l’avoir vue live.
Et quel dommage de ne l’avoir jamais vue avant : Lindsay Barr possède une voix de blueswoman comme peu en possèdent, qu’on peut qualifier de « smoky » et « raspy ». Dans des chansons qui parlent d’amour, Barr livre tout son cœur et plus encore avec une attitude rock et sur des rythmes enlevants, accompagnée d’une guitare électrique, une basse, une batterie et d’elle-même à la guitare acoustique.
Le groupe a offert quelques ballades, mais surtout c’est à une décharge électrique que le petit public captivé a eu droit. Quelle belle façon de terminer la soirée. À la sortie du bar, dépassé 2 h, les rues du centre-ville de Toronto étaient en effervescence puisqu’exceptionnellement, les bars restaient ouverts jusqu’à 4 h (et plus dans certains cas). Mais nous devions aller dormir pour mieux assister à d’autres spectacles dimanche.
On se laisse porter par l’inspiration du moment et l’envie de faire des découvertes en ce dernier jour de festival, et nous prévoyons donc voir Sonic Avenues, White Poppy, Courtney Barnett, CTZNSHP, The Effens et plus encore! À suivre.
- Artiste(s)
- Craft Spells, Mac DeMarco, NXNE (North By Northeast), Rhye, Spoon
- Ville(s)
- Toronto
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