
Noga Erez au Théâtre Beanfield | Une visite qu’on espérait depuis longtemps
Ce moment était très attendu : Noga Erez, en chair et en groove, a enfin foulé la scène du Théâtre Beanfield dimanche dernier. La salle était pleine à craquer, comblée par les fans venus célébrer la venue de l’artiste israélienne dans le cadre de sa toute première tournée en Amérique du Nord, alors qu’elle faisait escale entourée de ses complices Ori Rousso — génie du sampling, du synthétiseur et de la guitare — et Ran Jacobovitz, aux percussions et à la batterie électronique. Ensemble, ils forment un trio électro-pop redoutablement précis, ancrant chaque morceau dans un groove dense et viscéral, à la fois brut et raffiné.
Le concert s’est ouvert avec ses titres les plus populaires — de quoi surprendre : pourquoi livrer ses plus grands succès dès le départ ? La réponse s’impose vite : son répertoire est si riche que chaque chanson pourrait conclure le spectacle. On passe de End of the Roads à Dumb, puis Views, Watch the News, PC People, A+… une succession de hits qui ne laissent aucun répit. La foule bondit, danse, chante — emportée dans un flot continu où chaque transition semble une montée d’adrénaline.
Sur scène, Noga Erez dégage une présence magnétique. Elle occupe l’espace sans artifice, simplement par la force du regard, du mouvement, de la sincérité. Sa voix navigue entre fragilité et rage, entre syncopes maîtrisées et cris étouffés. Ses textes, à la fois politiques et poétiques, résonnent comme des fragments de résistance et de lucidité dans un monde saturé d’images. Il y a chez elle cette tension rare entre la pulsion du corps et la réflexion intérieure, entre l’instinct et la construction.
Il est vrai que la finesse des arrangements studio — les textures, les couches sonores, la précision des paroles — s’efface partiellement dans le tumulte du live. Certaines subtilités se perdent, mais ce qui surgit en échange est l’urgence, la chair, la présence. Là où l’album est calibré, la scène est vivante, mouvante. Là où tout est ciselé, ici tout se respire. Erez ne reproduit pas : elle réinvente, transforme, amplifie.
La foule, en délire, voulait lui rendre l’amour. Pour plusieurs, c’était un rêve : voir enfin Noga Erez autrement qu’à travers un écran. Le public québécois a répondu avec ferveur, jusqu’à se taire complètement pendant un moment suspendu : une version acoustique voix-guitare de Mind Show, où Erez s’est dévoilée sans armure. Ce contraste bouleverse : la même voix qui faisait trembler la salle devient intime, vulnérable, presque chuchotée.
La scénographie, volontairement dépouillée, repose sur un jeu de lumière minimaliste. Des coupures nettes de son et de lumière surprennent, avant qu’un dernier morceau n’explose dans un déluge de couleurs vibrantes — éclats roses, bleus, jaunes — comme une explosion de fin de rêve. Le spectacle se termine sans cérémonie, dans la simplicité : un regard, un sourire, un dernier accord. Comme une promesse. Comme un appel à revenir.
Photos en vrac
- Artiste(s)
- Noga erez
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Théâtre Beanfield
- Catégorie(s)
- Electro, Electropop,
Vos commentaires