Lancement de « Godspeed: Elevated » de Naya Ali : La grande mise en Cène
Mardi soir dernier, Naya Ali présentait son dernier album Godspeed: Elevated devant famille et amis (et quelques médias) lors d’une soirée intime au Balcon. Pour se rendre à la salle de spectacle, un guide est nécessaire: elle se trouve au fin fond de l’Église Unie Saint-James, sur Sainte-Catherine.
Dans la salle, l’éclairage est rosé et tamisé. Sur scène, une longue table à demie recouverte d’une nappe blanche est parsemée de pains, eux-mêmes déposés sur des plateaux dorés. Une liste de lecture rap joue, telle la bande sonore de la soirée. Le décore ainsi que la salle elle-même donnent une atmosphère mythique, rappelant la peinture La Cène.
La salle se remplie au compte goûte: les médias et invités d’honneurs s’installent au par terre alors que les proches, eux, sont au balcon. Le spectacle est annoncé pour 19h15, mais ne commence pas avant 20h: l’artiste zigzague à travers les petites tables rondes, saluant les journalistes, invités et amis.
Soudainement, les lumières s’éteignent et une dizaine de personnes descendent du balcon pour s’installer sur scène, autour de la table. Mis à part le cliquetis des verres derrière le bar et le bruit de la ventilation, c’est silence total. Une voix grave jaillit des boîtes de son: « GOODSPEED ». Voilà qui fait sursauter la foule. Naya Ali se dirige à son tour sur la scène, prenant place au milieu de ses convives: on croirait véritablement la peinture de Da Vinci.
L’artiste originaire de Notre-Dame-de-Grâce attrape le micro et met la table pour le reste de la soirée:
Quelle atmosphère spéciale, hein? Merci de prendre place à cette table avec nous ce soir, lors ce ce moment iconique, dans ce lieu iconique et lors de ce moment historique iconique.
Naya Ali fait finalement place au rap et nous offre une première chanson, accompagnée d’une solide chorégraphie effectuée par quelques danseurs, ainsi qu’une mise en scène bien rodée. Féroce, elle offre une performance puissante, à en donner des frissons.
Entre chaque chanson, elle prend le temps de s’adresser aux spectateurs, de les remercier d’être présents pour honorer son album, « cette oeuvre d’art ». Elle présente également ses quatre réalisateurs, qui sont, à ce moment-ci, les seuls à être assis à la table. DJ John Brown, Chase Wave, Kevin Figs et Adrian X saluent la foule.
Plusieurs chansons touchantes s’enchaînent, dont Toronto’s Gold, qu’elle a d’ailleurs préparée avec ce dernier, qui est basé dans la capitale ontarienne. Adrian X se lève de son siège pour agripper sa guitare électrique et les deux artistes commentent la violence liée aux armes à feu qui augmente drastiquement dans les dernières années. « Nous étions enragés quand nous avons fait cette chanson », s’exclame Naya Ali, et ça parait. La tension et l’émotion que les deux artistes dégagent sont palpables.
Une des dernières chansons, King, un hommage à son chien Simba, mort du cancer, agit en coup de grâce. Dans un faisceau de lumière, elle chante un cri du coeur qui donne les larmes aux yeux.
À plusieurs reprises, elle souligne l’irrégularité du spectacle, de cet « évènement familial spécial ». Elle lance une pluie de remerciements à la foule, s’assurant que chaque personne présente se sente la bienvenue, se sente importante pour l’artiste, telle un membre de la famille. Elle prend le temps de remercier toutes les personnes ayant participé au projet individuellement.
La soirée prend fin alors que Naya Ali se promène à travers la foule, distribuant accolade et poignées de main bien senties aux journalistes et invités d’honneur, avec qui elle semble construire une relation privilégiée.
En confidence à Sors-tu?, celle qui performe principalement en anglais affirme recevoir beaucoup d’amour de la part des médias francophones québécois. « Il y a déjà une scène et une place pour le rap québécois au sein de ces médias, alors que les médias anglophones montréalais ne semblent pas être intéressés », explique-t-elle. Son hypothèse: « il y a peut-être moins de sections culturelles, peut être moins de place donnée à la culture dans ces médias-là… »
Le Devoir, La Presse, le Journal de Québec, tous se jettent sur la rappeuse: « Il y a eu beaucoup de love beaucoup de soutien de la part des médias francophones ». Ailleurs au Canada, elle commence réellement à se faire un nom. Son son, rappelant celui des rappeurs torontois, lui a valu d’être affichée sur le fameux billboard du Eaton Center à Toronto.
L’album Godspeed: Elevated de Naya Ali est notamment disponible sur Bandcamp:
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