Mr Bungle

Mr Bungle retourne à ses racines thrash metal avec un nouvel album et un show virtuel d’Halloween

Plus de vingt ans après sa séparation, le groupe de rock expérimental Mr Bungle est de retour! Après avoir donné quelques spectacles dans trois villes américaines en février dernier, les membres fondateurs Mike Patton, Trey Spruance et Trevor Dunn, ainsi que leurs deux nouveaux complices, le guitariste Scott Ian (d’Anthrax) et le batteur Dave Lombardo (de Slayer), sortaient vendredi un premier album depuis  « California » en 1999, et proposait, le lendemain, un spectacle virtuel diffusé en direct le jour de l’Halloween.

En fait, ce nouvel album, qui compte comme un quatrième opus officiel à leur discographie, est une relecture des chansons de leur démo de 1986, intitulé The Raging Wrath of the Easter Bunny. Il n’existait en ligne que des versions à la qualité sonore exécrable, jusqu’à ce que Patton, Spruance et Dunn décident de faire honneur à leurs créations d’adolescence en s’adjoignant les services de Ian et Lombardo.

À l’instar des spectacles de février, le résultat sur disque est très différent des trois albums qui avaient fait la renommée du groupe dans les années 1990. L’habile collage post-moderne de jazz, de métal, de surf, de polka, de ska et quoi encore, fait ici place à un style résolument plus thrash métal. Sur disque comme sur scène, d’ailleurs, il ne reste plus la moindre trace de Mr BungleDisco Volante ou California.

On se retrouve plutôt avec un album d’une violence inouïe, beaucoup moins étourdissant que Disco Volante ou cool que California. Un féroce tour de force de cinq musiciens virtuoses qui mettent à profit leur précellence métalistique, tout en respectant l’approche humoristique absurde et immature des gamins de 16 ans qu’ils étaient lorsqu’ils l’ont écrit. « Laurel & Hardy death metal », comme le dit si bien Patton.

* Crédit photo : Jack Bennett.

Et le spectacle virtuel dans tout ça?

Par où commencer…

Intitulé The Night They Came Home — un clin d’oeil au classique d’horreur de John Carpenter : Halloween – The Night He Came Home (1978) — Mr Bungle nous conviait à un spectacle dans la bibliothèque publique de leur ville natale d’Eureka, dans le nord de la Californie. Un retour au bercail à tous les niveaux.

Il n’y avait évidemment pas de public, mais on a pris soin d’enregistrer des petits caméos amusants insérés au montage, comme si une seule personne assise dans un divan regardait le concert et réagissait entre les chansons. Henry Rollins, King Bozzo (des Melvins, et collègue de Patton au sein de Fantômas), l’acteur Brian Posehn et Josh Homme (de Queens of the Stone Age), notamment, ont joué le jeu avec humour.

La « première partie » était assurée par Neil Hamburger, un personnage de stand-up comique incarné par Gregg Turkington, qui a notamment été directeur de tournée de Mr Bungle par le passé. Ses « knock knock jokes » et autres one-liners mesquins à l’égard de diverses personnalités de l’histoire de la musique — dont les Red Hot Chili Peppers, sans surprise! — étaient savoureusement malaisants.

Un exemple :

What is the only thing worse than getting a parking ticket on your birthday?

Getting a Foo Fighters ticket on your birthday!

* Crédit photo : Jack Bennett.

 

Après une bonne demi-heure de scènes documentaires en coulisse (Patton qui se fait faire des tresses, Trevor Dunn qui lit un livre, Dave Lombardo qui répond à des questions de façon incompréhensible parce qu’il porte un masque, Scott Ian qui raconte faire de l’arthrite dans les doigts après avoir pratiqué les chansons de Bungle pendant 4 mois) et de blagues de Neil Hamburger, le groupe s’est finalement pointé sur « scène » pour interpréter la chanson thème du personnage pour enfants Mr Rogers (Won’t You Be My Neighbor), avant de lancer une cavalcade de bombes thrash métal tirées du nouvel album, à commencer par Anarchy Up Your Anus, Raping Your Mind et Bungle Grind.

Doux jésus que ça rentre au poste!

* Crédit photo : Jack Bennett.

 

Ce serait pas un show de Mr Bungle sans reprises surprenantes, et le groupe s’est gâté en empruntant Summer Breeze de Seals and Crofts, en respectant le ton musicalement léger mais en remplaçant plusieurs paroles par des trucs vraiment plus obscènes.

Les excellentes Methematics et Eracist suivent, puis Glutton For Punishment et l’amusante Hypocrites/Habla Español O Muere, qui intègre l’air archi-connu de La Cucaracha. 

Une autre reprise au « rappel » : Mike Patton demande au public (virtuel) s’il veut entendre un hommage à Van Halen, comme s’il s’agissait d’une boutade de mauvais goût… avant de jouer une version salement thrash de Loss of Control. 

Décidément, Mr Bungle est de retour, et bien que cette nouvelle direction du groupe prenne un peu son public par surprise après 20 ans d’absence, force est d’admettre que c’est pleinement assumé, maîtrisé et rodé.

Maintenant que la boucle est bouclée, que les musiciens cinquantenaires ont fait honneur aux compositions de leur adolescence, est-ce à nouveau la fin pour Mr Bungle?  Ou la formation actuelle a-t-elle pris suffisamment plaisir à l’exercice pour pousser plus loin et revenir avec d’autres compositions dans le futur?  Dur à dire. Probablement qu’eux-mêmes ne le savent pas.

Toutefois, il ne serait pas surprenant de les voir prendre la route une fois la pandémie tassée.

Au générique, on pouvait lire les phrases : « Hope to see you in person. Be smart and be safe », tout juste après une mention de l’agence qui les booke.

Ne serait-ce pas un groupe idéal à booker pour la résurrection de Heavy Montréal post-pandémie?

En attendant, il est encore possible de visionner le spectacle virtuel The Night They Came Home en différé jusqu’au 3 novembre. Détails et billets par ici.

 

Par ailleurs, nous avions assisté au spectacle du 10 février dernier à Brookly, ce qui avait donné lieu à ce balado de la série Big Shiny Tounes :

Grilles de chansons :

  1. Won’t You Be My Neighbor
  2. Anarchy Up Your Anus
  3. Raping Your Mind
  4. Bungle Grind
  5. Methematics
  6. Intro de Hell Awaits (de Slayer)
  7. Summer Breeze (reprise de Seals and Crofts)
  8. Eracist
  9. World Up My Ass (reprise de Circle Jerks)
  10. Glutton For Punishment
  11. Hypocrites/Habla Español O Muere
  12. Spreading The Thighs of Death
  13. Loss For Words (reprise de Corrosion of Conformity)
  14. Sudden Death

RAPPEL

Loss of Control (reprise de Van Halen)

Vos commentaires