Montréal en lumière 2015 | Entrevue avec Anna Aaron

Parmi les belles découvertes que nous réservait Montréal en lumière cette année, on comptait notamment la Suissesse Anna Aaron, qui posait pied au Québec dans le but de présenter sa pop lyrique, parfois poignante et souvent puissante. Tout juste avant sa prestation à l’Astral, vendredi dernier, Sors-tu.ca a eu l’occasion de la rencontrer dans un restaurant près du Vieux-Port de Montréal.

Que ce soit à l’Astral vendredi soir, ou en première partie de Stephan Eicher au Théâtre Maisonneuve samedi, Anna Aaron se donnait pour mission de faire découvrir son univers, et principalement son nouvel album Neuro, sorti en novembre dernier.

Photo par Manon Boquen.

Photo par Manon Boquen.

Celui-ci puise ses racines en partie dans le roman cyber-punk Neuromancer de William Gibson, ce qui ajoute à son disque indie pop lyrique un côté un peu mystique, et une deuxième lecture intrigante au niveau des textes.

« J’ai réfléchi sur le fait qu’à l’époque, on avait le physique, et tout ce qui n’était pas physique était spirituel, ou magique. Mais aujourd’hui, on a cette troisième chose qu’on appelle le digital, l’univers numérique.  Je me suis posé la question : qu’est-ce que c’est par rapport à notre corps, à notre cerveau, à l’imagination ?  Comment se fait cette relation entre l’homme et le web. »

Étrangement, cette réflexion lui est venue d’un livre paru… en 1984. « Je trouve que les artistes, les écrivains et les réalisateurs de films sont toujours un peu en avance. Même plus rapide que la science, parce qu’ils bougent dans l’espace des rêves et de la magie. Ils ne sont pas limités par la science, donc ils sont beaucoup plus libres. Dans la créativité, on trouve beaucoup de prémonition. »

Quelque part entre Lykke Li et Sophie Hunger, l’album a été réalisé par David Kosten (de Bat For Lashes), et compte sur la « science instrumentale » de Ben Christophers (aussi de Bat For Lashes) et de l’apport du batteur Jason Cooper (qui a tourné avec The Cure). Ces rencontres proviennent principalement de Kosten. « J’avais entendu Two Suns, l’album de Bat For Lashes. Et ça m’a beaucoup plu, comment il était produit. J’ai cherché le nom du producteur, c’était David Kosten, et j’ai communiqué avec lui, sans savoir. Il nous a répondu et après, Ben Christophers et Jason Cooper étaient des amis de Kosten. »

Musicalement, l’univers déchirant d’Aaron gagne beaucoup grâce aux arrangements de ceux-ci. Évidemment, ça complique aussi la tournée, puisqu’on ne déplace pas les gars de Bat For Lashes facilement, mais la chanteuse peut heureusement compter sur l’apport live d’Émilie Zoé, une compatriote suisse qui donne une autre saveur au live.

Photo par Manon Boquen

Photo par Manon Boquen

 

Trouver ses racines en Suisse

L’occasion était bonne pour parler de la Suisse, pays à l’honneur à Montréal en lumière cette année. Qu’en est-il de sa scène musicale ? « Elle est petite !  La Suisse, c’est un pays très très petit. Ça peut être un avantage, parce qu’on se connaît, c’est assez facile de faire des liens, des rapports, mais en même temps, ça peut être un peu serré. On a bientôt envie de partir. Faire la tournée en Suisse, ça dure une semaine et tu as joué partout. Alors il faut partir assez vite, en fait. »

Partir pour la tournée, oui. Mais ce n’est vraiment pas qu’Anna Aaron soit prise de la piqûre du voyage, elle qui a habité quelques années en Angleterre, en Asie et en Nouvelle-Zélande, jusqu’à ce que sa famille s’installe pour de bon en Suisse, alors qu’elle avait 10 ans.

« Je dois avouer qu’aujourd’hui, comme adulte, je ne voyage pas beaucoup, à l’exception de la tournée. La relation avec « home », si tu as voyagé beaucoup dans ton enfance, ça peut aller dans les deux sens : il y a des gens qui ont besoin de toujours partir parce que c’est l’habitude, et d’autres qui se disent que finalement, ils peuvent avoir un endroit fixe et en profite pour ne pas partir. Je crois que je suis plutôt dans la deuxième catégorie, je suis peut-être un peu traumatisée… »

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