Montréal Complètement Cirque | Le Music-Hall de la Baronne à l’Olympia de Montréal
Tapis rouge, vedettes tous azimuts, clics clics de photographes, cravates et roses obligatoires (code vestimentaire imposé !) nous attendaient mercredi soir à la première du Music-Hall de la Baronne, coup d’envoi de la 4e édition de Montréal Complètement Cirque. Présenté dans le cadre du 20e anniversaire du Cirque Éloize, le spectacle se déroule jusqu’au 14 juillet à l’Olympia de Montréal, sous la direction artistique de Jeannot Painchaud.
La salle, en formule cabaret, était archi pleine. Le set-up présentait plusieurs tables sur scène, ne laissant que le proscenium aux artistes, agrémenté d’un genre de catwalk menant à une seconde scène, circulaire, au cœur des premières tables du parterre. La Baronne (Catherine Pinard) fait son entrée en robe de chambre toute chatoyante, nous avouant ne plus pouvoir attendre avant de nous rencontrer, trop excitée de nous présenter les numéros qu’elle a dénichés pour nous… En quelques minutes, déjà le ton était donné : cabotinage et farces plates en vue.
Les textes (Denis Bouchard, qui assure aussi la mise en scène, et Rémy Girard) nous ont paru d’une insignifiance crasse, aux situations peu originales et aux actions prévisibles, bordées de blagues banales, anodines et convenues. Nous passerons donc sur les interludes théâtraux et nous concentrerons sur les performances circassiennes : on est au cirque, après tout !
C’est avec un humour très premier degré que la Baronne ouvre le bal en accueillant son orchestre de 150 musiciens (ils sont deux multi-instrumentistes, Monsieur [Jean ] Fernand [Girard], chef d’orchestre, et Némo Venba) de même que ses acolytes de jeu : Monsieur Renaud (Paradis), maître de cérémonie, Monsieur Manu (Emmanuel Guillaume), homme à tout faire, et Désirée (Geneviève Beaudet), sa greluche de nièce.
Tous ensemble, accompagnés de quelques-uns des artistes de cirque de la soirée proposent un numéro d’ouverture alliant claquettes, chanson, chorégraphie avec chaises, et nous invitent à passer du bon temps et à boire allégrement.
C’est l’Autrichienne Christine Gruber qui nous fit retenir notre souffle la première avec son numéro aux anneaux aériens. Sexy, décadente, en pantalons 30’s, couvre-chef bien vissé sur le crâne, talons hauts, cravate et clope au bec, elle s’entortille dans tous les sens sur une toune lancinante tout en lançant un à un ses accessoires à un Monsieur Manu toujours aux aguets.
Suivra, sur un air de tango décadent, le Québécois Frédéric Lemieux-Cormier (appelons-le : le bel éphèbe), exécutant devant nous une pas pire prouesse : sa roue allemande est à peine plus petite que l’étroite scène sur laquelle il exhibe la maîtrise quasi parfaite de son art… et son corps de demi-dieu.
L’Américain Michael Lanphear prend la relève aux sangles au son de l’émouvante Chanson des vieux amants de Brel, avant que la Baronne courtise un spectateur pour son numéro Mon homme. Précédant l’entracte, l’Estonienne Katerina Reponnen et le Finlandais Pasi Nousiainen effectuent un numéro comique de main à main et d’antipodisme (acrobate jonglant avec des objets sur les pieds) : dextérité et concentration au menu.
Au retour de la pause, la Baronne nous gratifie d’un tableau absolument insipide où elle joue les dompteuses de fauves, fouet claquant à l’appui. Les fauves, c’est sa famille de dégénérés : un mari et deux ados caricaturaux… Cet épisode malaisant qui ne semblait jamais vouloir avoir de fin s’est conclu par un Monsieur Manu passant plusieurs minutes à sacrer : « ostie ! câlice ! saint-ciboire ! tabarnak ! » Re-malaise. Ça fait longtemps qu’on trouve pu ça drôle, des étrangers qui sacrent gros comme leur accent…
C’est en chantant Summertime avec brio que la Baronne reçoit une contorsionniste de Greenfield Park qui, avouons-le, ne nous a pas tiré une seule exclamation. Puis, Monsieur Renaud a entertainé son public avec un numéro de gumboots et de clapping participatif avant de nous présenter le duo de trapézistes (bel éphèbe + Myriam Deraiche) qui a évolué avec douceur, flexibilité et sensibilité sur la sensuelle Fever, interprétée par Geneviève Beaudet, absolument étonnante au micro. Belle surprise.
Un numéro de jonglerie a suivi avec le Cubain Rony Gòmez. Son costume et les pièces musicales choisies, au rythme ultrarapide, frisant le hit techno, faisaient détonner ses tours de passe-passe dans l’atmosphère cabaret du spectacle. Mais son adresse était littéralement hypnotisante.
Dernier numéro circassien de la soirée, le duo d’équilibristes formé des Québécois Camille Tremblay et Louis-Marc Bruneau-Blouin, soutenu par une populaire pièce italienne chantée par Renaud Paradis, a constitué un poétique tableau alliant force, grâce et précision. Comme un pas de deux la tête en bas, une sculpture d’humaine fragilité en mouvement. Magnifique.
Le numéro de clôture, quant à lui, a mis à contribution tout le monde, et s’est révélé aussi ordinaire et cabotin que le reste des interventions théâtrales… Dommage, bien dommage.
Vos commentaires