
Mois du Créole à Montréal | Jacques Schwarz-Bart et Grégory Privat donnent le coup d’envoi en beauté!
En ce superbe samedi d’octobre, le saxophoniste guadeloupéen Jacques Schwarz-Bart et le pianiste martiniquais Grégory Privat donnaient le coup d’envoi de la 24ᵉ édition du Mois du Créole à Montréal. Ce duo exceptionnel nous offrait la musique de leur album 22. Retour sur l’évènement.
Deux décennies de complicité
C’est un peu plus tard que prévu, après d’innombrables discours concernant l’ouverture de la 24ᵉ édition du Mois du Créole à Montréal, que Privat, une étoile montante, et Schwarz-Bart, musicien reconnu, sautent enfin sur scène. Le duo entame Dlo Pann, morceau d’ouverture de leur album 22. Cet album commun résume l’histoire de cette collaboration : deux musiciens nés un 22 décembre, séparés par 22 ans, qui jouent ensemble depuis… vingt-deux ans! Les musiciens représentent deux générations de pionniers du jazz afro-caribéen, originaires des deux îles sœurs des Antilles : la Martinique et la Guadeloupe. Leurs visions musicales, bien que distinctes, ont évolué en symbiose au fil de nombreuses collaborations passées.
Le duo prend son envol; la richesse et la chaleur profonde du saxophone ténor de Jacques Schwarz-Bart traduisent clairement les liens étroits entre le jazz moderne et les traditions afro-caribéennes, tout comme le piano fluide et luxuriant de Grégory Privat, qui puise son inspiration non seulement dans l’histoire du jazz dans son ensemble, mais aussi dans la musique classique, les grooves ancestraux caribéens et même dans des harmonies empruntées à d’autres musiques du monde.
En l’absence de batterie, le duo doit prendre en charge le langage rythmique à travers le piano et le saxophone. C’est sophistiqué, singulier et dénué d’artifices. Cette singularité, on la retrouve bien sûr dans la maîtrise de leurs instruments, ainsi que dans leur créativité, mais aussi dans la déconstruction et la reconstruction de schémas. On remarque rapidement que ces rythmiques sont puisées à travers des influences multiples : impressionnisme français, Gwoka guadeloupéen, rythmes sénégalais ou encore Bèlè martiniquais.
Un connaisseur du genre m’a remis à l’ordre : « ce n’est pas du jazz, c’est du Kreyol Jazz », une esthétique hybride, fondée sur la rencontre entre structures du jazz et rythmes créoles.
Le duo a interprété la plupart des pièces se trouvant sur leur album commun 22, ce matériel qui a servi de terreau fertile a une palette rafraîchissante et contrastée de moments d’improvisation. Schwarz-Bart et Privat ont exploité la créolité du jazz pour, au final, harmoniser leurs deux visions musicales bien distinctes.
Très bon concert de ces deux figures majeures du jazz afro-caribéen qui, grâce a leur travail, ont propulsé les musiciens de ces régions au premier plan de la scène jazz française (après avoir longtemps été minimisés, voire totalement exclus des récits officiels). Les deux complices parlent la même langue, mais avec des accents radicalement différents, chacun apportant à son jeu et à son approche de la musique des particularités propres aux différences entre leurs générations, origines et expériences. C’est dans ce contexte que s’est inscrit le concert d’ouverture au cabaret du MEM.
- Artiste(s)
- Jacques Schwarz-Bart
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Cabaret du MEM
- Catégorie(s)
- Jazz, Jazz/Blues,
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