Manu Katché

Manu Katché au Monument-National I Des sonorités percussives

Dans le magnifique écrin du Monument-National, Manu Katché a présenté, dans le cadre du Festival International de Jazz de Montréal (FIJM), son récent projet musical, The Scope. Malgré un spectacle éloigné du jazz, force est de constater que le sympathique batteur n’a rien perdu de son jeu qui lui a valu des collaborations avec des artistes de renommée, en France comme à l’international. 

C’est d’ailleurs tiré de ces multiples influences que se façonne la musique éclectique du Français. Devant un fond de scène illuminé de bleu, l’artiste entre en catimini pour s’installer confortablement derrière ses fûts aux côtés de ses musiciens. Pour ce nouveau projet musical, Manu Katché est ainsi entouré d’un guitariste, d’un bassiste et d’un claviériste qui complètent le jeu vivace du batteur.

Le spectacle commence fort avec Keep Connexion, un titre durant lequel Manu Katché se donne à cœur joie sur son instrument fétiche. Que ce soit le rock ou la world music, ces deux influences mettent en évidence l’approche cartésienne menée par une caisse claire limpide et les sonorités percussives et déstructurées offertes par les toms. Malheureusement, la balance n’est pas idéalement réglée. D’emblée, on manque de profondeur sur les coups de grosse caisse tandis que les cymbales, utilisées à outrance, attaquent éperdument le canal auditif des festivaliers. Attentive, la salle semble toutefois se réjouir de découvrir, ou redécouvrir, un batteur exceptionnel qui joua notamment pour Marcus Miller, Youssou N’Dour, Peter Gabriel et bien plus encore.

Photo par Alexanne Brisson

Sur fond orangé cette fois-ci, il aborde par la suite un titre plus adouci, Overlooking, qui met en lumière le talent du guitariste Patrick Manouguian sur un solo finement interprété pour celui qui a contribué aux parties musicales de The Scope, un album paru en février 2019.

Profitant d’un moment de pause, Manu Katché discute quelques minutes avec son public afin de réitérer son plaisir de participer à cette édition du FIJM et explique par ailleurs le processus de création de sa dernière œuvre. Il réintégrera l’arrière scène pour Goodbye For Now, enchaîné par un solo assez mémorable où le batteur, pour son jeu puissant et spontané, sera acclamé de vive voix.

Photo par Alexanne Brisson

Durant l’heure et quart de spectacle, Manu Katché aura tenté, avec moins de succès que ses instrumentales, d’embarquer le public dans ses pièces chantées découlant de collaborations. Basé sur la bande originale, il n’aura fait que réinterpréter ses parties rythmiques sans amener davantage de touches improvisées sur des titres comme Let Love Rule (avec Jonatha Brooke). Ce qui n’empêche pas de les écouter en version studio, surtout Paris me manque qui présente un beat accrocheur conjugué au flow saisissant de Jazzy Bazz.

Comme souligné, Manu Katché aura aussi présenté de nombreuses pièces instrumentales, côtoyant divers univers musicaux comme le jazz fusion avec la vaporeuse Fooling Around, ou le funk sur les entraînantes Please Do. C’est dans ce genre d’environnement que s’aperçoit toute la classe dégagée Manu Katché, auditive ou visuelle. Par ses mouvements amples et son sourire visible de tous, c’est un plaisir de le voir jouer sur scène. Et malgré le fait que son projet n’était finalement pas estampillé « jazz », le public aura apprécié le moment passé avec ce culte personnage qui vécu une année et demie à Montréal.

Il est certain qu’il aura toujours sa place parmi les monuments du FIJM. Rien que ça.

 

Liste des chansons

  1. Keep Connexion
  2. Overlooking
  3. Vice
  4. Goodbye For Now
  5. Drum Solo
  6. Glow
  7. Paris me manque
  8. Fooling Around
  9. Don’t You Worry For Me
  10. Please Do
  11. Song for Her
  12. Tricky
  13. Let Love Rule
  14. No Vat

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