crédit photo: Sylvie-Ann Paré
Maelström

Maelström aux Écuries | Jouer avec l’illusion

Maelström, écrite par Tamara Nguyen et mise en scène par Annie Ranger, était en première hier soir au Théâtre Aux Écuries. Mêlant les registres comique, tragique et absurde, la performance invite les spectateurs à réfléchir sur des questions existentielles, alors que la fin est proche.

Le rideau est déjà ouvert avant que le spectacle commence. Sur la scène trône un cheval de carrousel, faiblement éclairé. À lui seul, il représente le lieu où tout se déroule : un parc d’attractions.

La salle, remplie, est plongée dans le noir, signe que le spectacle s’apprête à commencer. Des petits ronds de lumière colorée apparaissent, imitant ce qui semble être des étoiles. Puis, la lumière vient éclairer les quatre personnages qui occupent la scène.

Du comique…

S’ensuit une scène de présentation où Marilyn (Marilyn Perreault), David Emmanuel (David Emmanuel Jauniaux), et Maxime-Olivier (Maxime-Olivier Potvin), les trois membres du parc d’attractions, se disent « enchantés » de rencontrer la nouvelle arrivante. Elle s’appelle Marylin-euh et pas juste Marilyn, car, pas de chance, le nom était déjà pris et il faut bien différencier les deux jeunes femmes.

Les dialogues de Tamara Nguyen sont comiques, à la limite de l’absurde. Marilyn est déjantée et ne cesse de sourire, Maxime-Olivier est un joueur professionnel de sifflet et David Emmanuel décrit tout ce qui lui passe par la tête, ce qui est plutôt pratique pour visualiser l’action.

La pauvre Marylin-euh (Maryline Chery) essaye tant bien que mal d’intégrer le trio en participant à plusieurs activités du parc, dont un cours de sifflet et un tour de montagnes russes. Avec le cheval comme seul objet sur scène, les quatre acteurs miment leurs actions (magnifique interprétation du grill qui cuit des pogos). Il faut se projeter, mais on y croit. Le petit groupe court partout, disparaissant entre les pans des rideaux.

Les scènes plus théâtrales sont entrecoupées par des danseurs habillés de toutes les couleurs. On ne sait pas d’où ils viennent ni la raison de leur présence. Leurs corps se déplacent dans l’espace sous une lumière tamisée.

 

… au tragique

Finalement, Maelström vient nous toucher en abordant des sujets du quotidien, comme la pression de toujours bien paraître ou la peur de l’inconnu. Le personnage de David Emmanuel est particulièrement touchant avec les pensées qu’il récite à voix haute. Abattu par son incapacité à jouer du sifflet, il s’apitoie sur son sort, la vie et ses désillusions, le corps étalé sur le sol. Marylin-euh veut l’aider, mais d’après Maxime-Olivier, David Emmanuel va bien, puisqu’il le lui a affirmé plusieurs fois.

Marilyn vit aussi ses propres tourments lorsque des pensées viennent lui occuper l’esprit. Elle ne peut s’empêcher de réfléchir, mais elle veut juste se balancer et « avoir du fun ».

C’est en observant des feux d’artifice que se termine la journée (et la vie) du quatuor. Une fin prévisible, puisque les personnages répètent plusieurs fois au long du spectacle le temps qu’il reste, ajoutant à l’angoisse du compte à rebours de la vie.

Une fin que ne peut accepter Maxime-Olivier, inquiet à l’idée d’avoir manqué quelque chose. Et s’il fallait refaire un dernier tour de manège? De balançoire? S’ils n’avaient pas assez profité?

La fondatrice du Théâtre I.N.K livre un spectacle équilibré d’une heure dix dont on ressort touché et amusé. Une impression réussie en grande partie grâce à la qualité du jeu des acteurs principaux, notamment les trois gourous du parc d’attractions, complètement habités par leur personnage loufoque.

Maelström sera au Théâtre Aux Écuries jusqu’au 1er mars. Le lien pour la billetterie est ici.

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