Lien(s) (Destins Croisés) à l’Agora de la Danse | Un spectacle fluide aux accents métissés
Danseur et chorégraphe, Ismaël Mouaraki a fondé sa compagnie Destins Croisés pour mélanger danse contemporaine et danses urbaines. D’origine franco-marocaine, il puise l’inspiration de ses chorégraphies dans ses racines métisses. Lien(s), sa nouvelle œuvre, est inspirée de l’énergie des buanderies fréquentées à son arrivée à Montréal. Le spectacle en préparation depuis 2013, est en représentation pour la première fois à l’Agora de la Danse du 3 au 5 février 2016.
Ismaël Mouaraki pratique la danse de rue depuis l’âge de 12 ans. Arrivé au Québec en 1997, il crée sa première œuvre Destins Croisés, qui donnera son nom à sa compagnie. Né en France Ismaël a grandi dans un milieu familial métissé. Destins Croisés se veut être un brassage de cultures et d’expériences personnelles où Ismaël a développé sa signature artistique, s’ancrant dans l’exploration des genres et l’ouverture aux autres.
Lien(s) s’inspire de ses visites dans les buanderies fréquentées dès son arrivée à Montréal. Pour le spectateur non averti, il est impossible de reconnaître cet environnement. Par contre, on y retrouve la même énergie, la même ambiance de rencontre. Rassemblant des interprètes au style, aux racines socio-culturelles très différentes, il reproduit les interactions entre des individus qui ne seraient probablement pas croisés autrement. La fluidité, les mouvements amples de la danse contemporaine sont associés aux danses urbaines telles que le Breakdance ou le Waacking.
Dans Lien(s), cinq danseurs évoluent dans un espace scénique ultra-épuré sur fond de musique électronique. Des lignes lumineuses apparaissent et disparaissent au sol, délimitant les zones dans lesquelles ils évoluent. En association avec les jeux de lumière, la scénographie est vraiment très réussie. D’une part le résultat est très esthétique, d’autres parts, il laisse aux danseurs toute la place pour s’exprimer. Ils évoluent en parfaite adéquation avec la musique, sans élément perturbateur qui viendrait déconcentrer le spectateur.
Cette dernière œuvre d’Ismaël Mouaraki est pleine d’énergie. Comme pour un spectacle improvisé, on vit dans le moment présent. Ismaël et ses danseurs surprennent, on se demande souvent quelle sera la prochaine interaction. Le mouvement est perpétuel, le rythme imposé ne doit pas être simple à maintenir. Par contre, ça ne se voit absolument pas! Tout est aérien, semble facile. J’ai particulièrement apprécié la fluidité des transferts de poids entre les danseurs. Savamment orchestrés, ils ne perdent pas en spontanéité. Et bien qu’ayant des styles qui leur sont propres, les danseurs maintiennent une unité, un sentiment de groupe.
La pièce est courte, ou plutôt, le temps passe vite! Les danseurs sont en mouvement perpétuel. Il n’y a pas de pause, pas le temps de perdre sa concentration. On est surpris, on retient son souffle, et on apprécie les 55 minutes de la représentation. Lorsque les lumières se rallument, une voisine s’exclame: « Quoi? C’est déjà fini? ». Je pense que c’est gagné, Ismaël nous aura tenu en haleine jusqu’au bout.
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