Les Retrouvailles Osheaga – Jour 1 | Charlotte Cardin marque avec brio le retour d’Osheaga au Parc Jean-Drapeau
Les Retrouvailles d’Osheaga portent bien leur nom. Vingt-six mois après la fin de la dernière édition d’Osheaga, il faisait bon renouer avec le Parc Jean-Drapeau, les lettres colorées O-S-H-E-A-G-A en haut de la colline et les spectacles en continu sur les deux scènes principales devant une foule certes plus petite qu’à l’habitude, mais assez fournie pour créer une vraie ambiance de festival extérieur en ces circonstances inhabituelles.
La logistique était plutôt impressionannte. Ici à gauche, on récupère son accréditation, puis à droite, on prépare son passeport vaccinal et sa preuve d’identité afin d’obtenir un bracelet « Vacciné! Paaaaarty! ». Les agents de sécurité fouillent tout le monde, quelqu’un nous pose la série de questions COVID auxquelles on est malheureusement désormais accoutumés, et hop, on se retrouve sur le site!
Les zones délimitées, nommées « quais », sont bien identifiées, et des indications claires permettent de bien comprendre par où passer. Un nombre impressionnant de clôtures permettent de créer ce labyrinthe, dans lequel on finit par s’orienter assez vite. Chaque quai dispose d’un bar, d’un « BBQ » (petite tente de restauration rapide avec hot-dogs et burgers) et de toilettes, donc on n’attend nulle part. Au besoin, une ère de restauration un peu plus élaborée est accessible juste à l’extérieur de la zone des quais, avec quelques foodtrucks familiers, si on veut prendre le temps.
Puisqu’Osheaga doit compter sur une programmation 100% canadienne, evenko a eu le flair de confier la tête d’affiche de sa première soirée à Charlotte Cardin. Un « no-brainer », comme disent les Anglais, puisque Charlotte a vendu près de 25 000 billets pour une douzaine de représentations de son spectacle au MTELUS en 2022. L’engouement est là. L’aspect nouveauté et exclusivité aussi, puisque la populaire chanteuse québécoise n’a donné qu’une poignée de spectacles à Trois-Rivières et Rimouski au cours des derniers mois, après avoir connu un succès monstre avec son premier album Phoenix, paru au printemps, et son impressionnant show virtuel.
C’était un assez gros test pour elle, parce que la production de son spectacle n’a pas été rodée à la hauteur de sa popularité explosive. On l’a d’ailleurs senti un peu nerveuse et mécanique sur les deux ou trois premières chansons, avant de prendre ses aises et de livrer ce qui s’est avéré être un spectacle réussi.
Les tableaux présentés en arrière-plan par les écrans et les éclairages rappelaient un peu le travail fait sur son show virtuel. On reconnaissait l’ambiance sous-marine d’Oceans, son duo avec l’oiseau sur une branche sur XOXO, les chandelles et la chorale sur la magnifique Sun Goes Down, qu’elle a qualifiée de « chanson la plus personnelle que j’ai jamais écrite ».
Les fans buvaient ses paroles, chantaient à tue-tête, dansaient avec joie sur des chansons comme Sex to Me. Des adeptes de tous âges, vraiment. On constatait la présence de plusieurs mineurs, accompagnés de leurs parents. Avec la foule moins dense, c’était d’autant plus invitant pour les petites familles, et ça fait du bien de voir ça pour un festival comme Osheaga.
Charlotte s’est montrée particulièrement en contrôle de son art lors des moments solo : Good Girl seule au piano, Sun Goes Down justement, où elle s’accompagne à la guitare et a été rejointe par une chorale de six femmes et quatre hommes.
On constate quelques maladresses de mises en scène ici et là, quelques moments moins naturels, notamment avec la guitare un peu inutile sur Phoenix, mais dans l’ensemble, pour un spectacle jamais présenté dans ce genre de gros contexte encore, c’était franchement très convaincant. On peut être fier de cette femme qui a été tout feu tout flamme cette année, et qui continuera son chemin pour encore longtemps.
La prestation de 75 minutes s’est terminée avec sa reprise de Fou n’importe où de « l’homme de sa vie », Daniel Bélanger, Meaningless au cours de laquelle les musiciens et elle ont interprété de jolis petits pas d’Achy Breaky Dance lors d’un petit moment amusant, et un rappel inattendu : « Je n’avais sincèrement pas préparé de rappel. On m’avait dit que ça ne se faisait pas d’habitude, un rappel, à Osheaga! » Elle est visiblement mal renseignée, parce qu’on peine pour notre part à penser à un seul spectacle en tête d’affiche SANS rappel à Osheaga ces 15 dernières années. Peu importe, elle a sorti Faufile de son chapeau, seule au piano, pour le plus grand plaisir des fans qui ne prévoyaient pas partir si tôt après un spectacle aussi enivrant.
Bülow, Magi Merlin et Odie se démarquent
Le restant de la journée était aussi plutôt agréable. Pas comme d’habitude (qu’est-ce qui l’est, ces temps-ci?), mais il faut soulever les différences positives :
- Un collègue a décidé d’aller se prendre un hot-dog au début d’une chanson de Soran, et est revenu avec ledit hot-dog avant la fin de cette même chanson de Soran
- Quelqu’un a oublié son téléphone parterre sur un carré de tourbe, et l’a retrouvé une heure plus tard
- On a réussi à prendre le métro après le spectacle de Charlotte Cardin sans attendre en tapon devant l’entrée du métro
- On a réussi à voir TOUS LES SHOWS de la journée, puisqu’il n’y avait que deux scènes et que les shows se succédaient sans se superposer à l’horaire.
On a donc pu voir tous les artistes présentés lors de cette première journée, sans en manquer un.e.
Verdict? La jeune chanteuse allemano-canadienne Bülow a donné de loin le meilleur show pop de la journée, à part Charlotte Cardin. Assumée, charismatique sans en mettre trop, elle a livré avec bagoût des très bonnes versions de ses chansons, dont les hits Revolver et Get Stüpid d’entrée de jeu et la délicieusement adolescente You and Jennifer.
Le rappeur montréalais Odie a été un autre de nos coups de coeur. Son flow très décontracté et sa façon d’aller chercher la foule nous a épaté. On sent dans son style des influences world à la Fela Kuti, et une dégaine à la Kid Cudi. Très prometteur.
Magi Merlin, dont on a bien aimé le premier EP présenté récemment, a aussi bien tiré son épingle du jeu avec une prestation R&B / soul plutôt convaincante. On la sent un peu plus jeune dans son cheminement, mais le potentiel est immense.
Ah oui, une autre chose positive qu’on n’avait jamais vue à Osheaga : les artistes Jessia, Ruby Waters et JJ Wilde, qui ont tous joué (sans trop nous impressionner) en milieu de journée, étaient présentes dans la foule lors du spectacle de Bülow, sans trop se faire achaler, mais en prenant tout de même quelques selfies avec des nouveaux fans. Très sympathique cette ambiance un peu plus relâchée pour un gros festival au Parc Jean-Drapeau.
Ça se poursuit samedi avec Jesse Reyez en tête d’affiche, ainsi que Majid Jordan, Roy Woods et LANY. Notre rédactrice Emma Brien-Desrochers et notre photographe Marie-Emmanuelle Laurin braveront la pluie pour y assister et vous en rapporter les meilleurs moments demain. Si vous faites comme elles, arrivez tôt pour voir Fernie (pépite cachée de la scène montréalaise), la lauréate du prix Polaris 2019, Haviah Mighty, et le projet rap QCLTUR qui promet d’en mettre plein la vue.
Photos en vrac
Grille de chansons de Charlotte Cardin
1 Passive Agressive
2 Daddy
3 Sad Girl
4 Oceans
5 XOXO
6 Romeo
7 Je Quitte
8 Dirty Dirty
9 Sex to Me
10 Good Girl
11 Sun Goes Down
12 Anyone Who Loves Me
13 Phoenix
14 Main Girl
15 Fou n’importe où
16 Meaningless
Rappel
Faufile (seule au piano)
- Artiste(s)
- bülow, Charlotte Cardin, Jessia, JJ Wilde, magi merlin, Odie, Osheaga, Ruby Waters
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Parc Jean-Drapeau
- Catégorie(s)
- Festival,
Événements à venir
-
samedi
Vos commentaires