crédit photo: Antoine Saito
Orchestre Symphonique de Montréal

Les Planètes de Holst par l’OSM à la Maison symphonique | Bon matin, les mélomanes

Une vingtaine de musiciens ont interprété dimanche la célèbre et sensationnelle partition de Gustav Holst Les Planètes à la Maison symphonique. Le concert était programmé à 11h du matin et la qualité de l’orchestration a permis au public de commencer la journée du bon pied.

La Maison symphonique n’a pas en face d’elle l’OSM en entier, mais bien une poignée de ses musiciens. Une douzaine de cuivres, trois percussionnistes, un organiste et un joueur de célesta composent l’ensemble dirigé par Thomas Le Duc-Moreau.

La formation débute avec Mars, la meilleure séquence de l’œuvre d’un avis personnel. Seule la timbale joue le premier rythme obsessif de la pièce, avant de se faire rejoindre par le tuba, les trombones et le reste des cuivres. Le premier mouvement de ce poème symphonique signé Holst est l’un des plus adaptés à la puissance pouvant être offerte par une section de cuivres, tout comme le génial Jupiter. Attention à la précision des attaques, par contre. Jouer dans sur un temps de silence comme l’un des trombonistes (il est assumé que c’était un tromboniste, peut-être à tort) a fait sur les dernières secondes pompeuses de Mars trottera sûrement dans la tête du malheureux musicien ayant commis l’erreur. Il est possible d’interpréter la pièce sans faute 100 fois, 1000 fois, c’est bien en concert que la performance importera uniquement aux yeux et aux oreilles du public. Un peu cruel, c’est vrai.

* Photo par Antoine Saito.

Pendant Vénus et Mercure, qui rappellent un caractère lumineux en contraste total avec la hargne de l’introduction des Planètes, les cuivres se font moins présents et Jean-Willy Kunz, organiste en résidence de l’OSM, peut développer toute sa palette technique. L’arrangement pour cuivres de Mark Gaal, créé en Amérique du Nord aujourd’hui même, parvient presque à nous faire oublier les bois et les cordes de la partition originale. Presque, parce que les instants cuivrés chatouillant les fortissimos demeurent sans doute les temps forts de l’interprétation de l’œuvre.

Après Saturne, au caractère planant magnifié par une trompette en sourdine, l’ensemble s’attaque à Uranus, mouvement le plus ardu rythmiquement et encore l’un des plus fascinants de la pièce d’un avis personnel. Et le résultat est tout bonnement impeccable. La séquence en entier tricote sur des syncopes et des contre-temps difficiles à aller chercher en musique d’ensemble. Chapeau aux musiciens pour avoir réalisé une si belle interprétation d’Uranus, évidemment, mais aussi à Thomas Le Duc-Moreau pour sa direction affûtée.

L’ensemble clôture sa performance après une cinquantaine de minutes avec Neptune. Les airs à l’orgue s’évaporent peu à peu, se mariant au silence et au calme d’une Maison symphonique attentive.

* Photo par Antoine Saito.

Une superbe initiative de la part de l’OSM, de proposer un concert d’une aussi grande qualité sans la prétention d’une soirée mondaine au programme chargé. Les billets pour la performance matinale étaient plus qu’abordables, et la durée du spectacle permet sans doute de convaincre les presque passionnés encore hésitants qui s’endormiraient devant les quatre heures d’un opéra.

La réactualisation des Planètes aux cuivres, aux percussions et à l’orgue représente le troisième concert de la série Les 10 printemps du Grand Orgue Pierre-Béique, dédiée aux 10 ans de l’instrument trônant au fond de la salle. L’Orchestre revisitera aussi en mai le Boléro de Ravel et Le Sacre du printemps (interprété au début de la 90e saison de l’OSM) sous le chef de l’organiste Olivier Latry.

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