Les Érotisseries à l’Espace Libre | Inconfort rempli d’extase
La première représentation de la reprise du spectacle Les Érotisseries avait lieu ce mardi soir à l’Espace Libre. Mêlant cirque, théâtre, nudité et fantasmes, ce spectacle à tableaux réveillera vos sens de toutes les manières possibles, soyez-en assurés.
Après un avertissement aguicheur et un excellent préambule à ce qui allait être présenté, le spectacle s’ouvre sur une scène des plus évocatrices et des plus intimes. Les Érotisseries comporte tellement de rebondissements et de surprises qu’il serait dommage de vous vendre le punch dès les premières lignes de cette critique. Ce qui peut être mentionné est que vous assisterez à une version revisitée de L’Origine du Monde de Gustave Courbet, avec fleur en prime.
Les premiers tableaux sont surtout de nature circassienne, présentant des numéros de corde lisse, d’acrobaties au sol et une cracheuse de feu.
Ce qui rehaussait ces numéros et les sortait de l’acrobatie est l’aspect érotique qui y était rattaché. Le tableau impliquant du feu, par exemple, impliquait tellement d’éléments sensuels, que ce soit le costume, le jeu de la chaleur sur la peau ou la fumée qui ondoie. L’excitation que semblaient procurer les flammes à l’interprète ramenait cette performance à quelque chose de très pur : le simple fait de se donner du plaisir. Plusieurs tableaux de ce spectacle avaient cette qualité très particulière d’évoquer l’érotisme sans toutefois le montrer, de suggérer le plaisir, la vulnérabilité et le consentement sans pour autant les montrer.
Au début de la représentation, il est mentionné que le public peut se positionner comme étant un «public voyeur» ou un «public mouillé», donc qu’il peut rester à sa place ou participer lorsque nécessaire. Lors d’un des numéros, l’une des spectatrices a eu droit à un lapdance de la part d’Éliane Bonin. Il était évidemment mentionné avant l’exécution du lapdance, que la personne pouvait se rétracter à n’importe quel moment, qu’elle pouvait demander l’arrêt complet de l’acte. Dans une situation de spectacle, il est très peu probable qu’une personne se risque à couper court à la performance, peu importe son inconfort, mais il était visible qu’Éliane faisait énormément de «check-ins» avec la spectatrice, ce qui a grandement détendu l’atmosphère.
Certains numéros au milieu du spectacle tiraient plutôt vers un humour grotesque. L’amalgame de cette ambiance bien spécifique avec les autres numéros beaucoup plus oniriques a quelque peu détonné, mais restait une cassure efficace pour ensuite faire continuer le spectacle dans une douceur renouvelée.
La qualité et l’efficacité des éclairages et de la conception sonore doivent absolument être mentionnées. Visuellement et auditivement, l’expérience était incroyablement intéressante. Chaque lumière ajoutait au numéro présenté, les sons étaient subtils, mais rendait l’expérience encore plus intense, plus enveloppante. Les choix musicaux étaient en accord parfait avec l’ambiance des diverses performances et accompagnaient le spectacle avec brio.
La beauté de ce spectacle repose également dans les sensations qui sont vécues par le public. On ressent de l’émerveillement, de la curiosité et parfois même de l’inconfort, qui sont toutes des émotions qui peuvent également être vécus dans des contextes où la sexualité et la sensualité entrent en jeu. La mise à nu complète, tant des interprètes que des thèmes explorés, rend ce spectacle pertinent et fait voir de manière tout à fait décomplexée diverses manières de se faire plaisir.
Les Érotisseries est présenté jusqu’au 9 décembre à l’Espace Libre. Détails et billets par ici.
- Artiste(s)
- Les érotisseries
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Espace Libre
- Catégorie(s)
- Cirque, Danse,
Vos commentaires