crédit photo: Richmond Lam
Le show beige

Le show beige à La Licorne | Tout sauf beige

À la suite d’une résidence de La Manufacture dédiée à la relève, l’autrice et comédienne Camille Giguère-Côté a pondu son premier texte : Le Show Beige, cette « tentative de canaliser un besoin de grandiose au milieu d’un quotidien qui ne l’est franchement pas toujours ».  Comblé par une distribution de rêve, ce spectacle haut en couleur et en émotion est tout sauf beige.

Les lumières dévoilent une brochette de sirènes et tritons qui nous accueillent en nous regardant dans les yeux, dans une tirade qui décrit avec dérision des gestes que nous posons dans la vie mais qui n’ont souvent aucun sens.  Ou les commentaires que nos voisins font tout haut qui auraient pu rester tout bas.  Et la spirale qui nous entraîne immanquablement dans l’absurdité du quotidien.  Tout ça en costumes de sirènes irisés.

Le ton est donné pour cet enchaînement de sketchs, de nouveaux personnages et une nouvelle situation toutes plus insensées et délicieuses les unes que les autres.  Une sitcom de sirènes finalement.  Les acteurs sont dans un décor de piscine de pub de bière, arborant des flotteurs gonflables en forme d’arc-en-ciel ou de beigne.  Il y a même une glissade bleu ciel comme dans vos rêves de banlieue les plus fous.  Un employé de crèmerie qui vit une crise existentialiste face à la saveur du moment indécente « orange sanguine et sauce soya ».  Des engueulades de couples dont l’enjeu de base est niaiseux mais dévoile un enjeu profond et surréel.  Ou bien encore une partie de Twister particulièrement dramatique.  Shout out d’ailleurs à Simon Lacroix pour la position de master yogi tenue plusieurs minutes.

L’écriture de Camille Giguère-Côté provoque des chocs d’hilarité au détour de chaque phrase.  Dans le rythme d’un show d’humour, les gags défilent là où on ne s’y attend pas.  Elle amalgame des images contradictoires, insère des références culturelles succulentes et saupoudre le tout de digressions jouissives.  La mise en scène de Pascale Renaud-Hébert renforce le niveau d’absurde d’une coche en appuyant sur les contrastes de jeu et les accessoires surprises, comme le micro pénis.  Mais pas au sens que vous pensez.  Au sens, un micro accroché vis-à-vis du pénis.

Les comédiens brillent par leur timing comique et leur agilité verbale.  En effet, les phrases étant parfois longues mais truffées de petits trésors, ils arrivent à nous offrir chaque bouchées en virtuoses de la verve.  Ariel Charest fournit une intensité phénoménale et des réactions on point, Irdens Exantus incarne avec aplomb les différentes situations tandis que Benoît Drouin-Germain épate en se métamorphosant à chaque nouvelle apparition.  Raphaëlle Lalande est déjà drôle juste avec ses regards et Simon Lacroix exploite son clown naturel de piteux pitou.

Si votre curiosité n’est pas encore piquée, dites-vous qu’il y a dans ce show tout ce qu’il faut pour vous faire oublier la froideur de janvier : un costume de crème glacée napolitaine, un odorama dans le plancher qui détecte les fantômes, une magicienne blasée, des jokes d’antidépresseurs et au risque de me répéter, un micro pénis.

À voir au Théâtre La Licorne jusqu’au 1er mars 2025. Détails et billets par ici.

 

Informations

  • Texte Camille Giguère-Côté
  • Mise en scène Pascale Renaud-Hébert
  • Avec Ariel Charest, Benoît Drouin-Germain, Irdens Exantus, Simon Lacroix, Raphaëlle Lalande
  • Assistance à la mise en scène et régie Marie-Hélène Dufort
  • Décor et accessoires Gabrielle Doucet
  • Costumes Elen Ewing
  • Éclairages Robin Kittel-Ouimet
  • Musique Antoine Berthiaume

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