Le Requiem de Verdi par l’OSM | Grandeur italienne, à la montréalaise
Pour lancer les festivités de la programmation en salle de la Virée classique 2024, le chef Payare et ses cuistots nous ont servi, vendredi soir, l’intemporel Requiem de Giuseppe Verdi, ode à la mort dont le thème du Dies Irae fut repris un nombre incalculable de fois dans la culture pop. L’interprétation de l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM), du chœur et des quatre solistes était rigoureuse et équilibrée, et n’augure que du bon pour le reste des activités et des concerts proposés ce week-end par l’institution montréalaise.
L’arpège descendant de la mineur jouée par la section de violoncelles, signe du début de l’interprétation du Requiem, se fait parfaitement entendre dans une Maison symphonique comble, mais attentive. Le pianissimo est parfaitement orchestré d’emblée par le reste des cordes et par le chœur également.
Le texte, chanté évidemment en latin, est projeté en dessous du Grand orgue Pierre-Béique en français et en anglais, habitude que prend l’OSM afin de faire saisir à son auditoire, sur le moment, toute l’ampleur dramatique d’un livret comme tel.
Moment que la salle attendait, le Dies Irae est rapidement interprété avec ardeur et intensité, mais sans une pointe d’exagération. Les cuivres n’empiètent pas sur les autres sections alors qu’on sait à quel point ce serait facile pour eux de s’emporter dans la frénésie collective d’un tel tableau. Chapeau à la section de percussions également pour leur précision chirurgicale.
Les passages particulièrement puissants du Dies Irae comme le thème, le Tuba Mirum (qui a laissé entrevoir des trompettistes au deuxième étage de la Maison symphonique, répondant au reste de l’orchestre!) et le Rex tremendae permettent à Payare de se conforter dans sa qualité première, diriger avec expressivité et générosité.
Le ténor Oreste Cosimo s’illustre parfaitement sur le Ingemisco, dévoile son coffre étonnamment impressionnant, alors qu’Adam Palka, basse, révèle tout son penchant théâtral, dramatique, italien, quoi, sur le magnifique segment du Confutatis.
Performance un peu moins convaincante de la part de la soprano Joyce El-Khoury, globalement solide dans l’ensemble de l’œuvre mais n’ayant pas réussi à atteindre parfaitement ce si bémol aiguë ô combien important et mémorable durant le Libera Me. La mezzo-soprano Rihab Chaieb, quant à elle, se démarquait seule dans des tableaux comme Lux aeterna ou Liber scriptus, mais ne parvenait pas à étaler son timbre de voix quand elle partageait la partition avec le reste des solistes ou le chœur, notamment dans l’Offertorio ou le Lacrymosa.
La fugue du Libera Me sonne le début de la fin de l’œuvre, les dernières minutes de son interprétation. La voix d’El-Khoury se fait entendre dans cette ultime et puissante tempête musicale, avant le repos éternel.
Libera me, libère-moi.
Les applaudissements rompent ce silence d’or, et l’ovation dure plusieurs minutes.
L’interprétation d’une œuvre aussi populaire, presque la plus populaire dans son genre, laisse place aux mille comparaisons, mais il y a vraiment très peu à redire sur cette version offerte par l’OSM, le chœur de l’OSM et les quatre solistes.
Le Requiem de Verdi sera joué à nouveau ce dimanche, à 15h.
Photos en vrac
- Artiste(s)
- Choeur de l'OSM, Orchestre Symphonique de Montréal
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- La Maison symphonique
- Catégorie(s)
- Classique,
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