Le Requiem de Mozart à la basilique Notre-Dame de Montréal | Divin
Composé à la frontière entre la vie et la mort, le Requiem de W. A. Mozart s’inscrit au titre de l’une des œuvres les plus magistrales non pas seulement du classicisme, mais de l’histoire entière de la musique classique. La Société Philharmonique du Nouveau Monde (SPNM), dirigée par le maestro Michel Brousseau, accompagnée d’un chœur et de quatre solistes, interprétait l’œuvre du génie autrichien à deux reprises à la basilique Notre-Dame de Montréal. Le Concerto pour clarinette en la majeur de Mozart était présenté en première partie de la performance.
L’imposante basilique, en arrivant à l’événement, trône devant la rue Notre Dame et intimide presque les passants aux alentours. Les Nord-Américains ne semblent pas familiers avec ce type d’architecture, rappelant le style européen, et quoi de mieux que de se rendre à l’endroit en appréciant par la même occasion la crème de la crème de la musique classique.
La messe des morts
Une présentatrice annonce que la SPNM n’a plus interprété le Requiem de Mozart depuis plusieurs années, entre autres à cause des mesures entourant la Covid-19, et que l’ensemble s’apprêtait à dévoiler la 16e édition de l’œuvre de l’Autrichien. Elle continue, expliquant que les musiciens et chanteurs ont concocté « un concert digne du grand maître de Salzbourg, autant dans le concerto que dans le Requiem ».
Dès les premières notes du Requiem aeternam, de l’Introitus, le ton est promptement donné : les instrumentistes de la Société Philharmonique du Nouveau Monde connaissent la partition sur le bout des doigts, au point où l’annuelle interprétation du Requiem par l’orchestre est autoqualifiée d’une « tradition automnale ».
L’introduction est invitante, sombre, pompeuse, le chœur sa marie à merveille à l’orchestre, avant d’enchaîner sur la double fugue du Kyrie, une forme reprise de nombreuses fois dans la composition de Mozart.
Sans attendre, le Dies Irae, jour du Jugement Dernier, se fait entendre dans la basilique, un mouvement particulièrement animé et traduisant les cris, cette souffrance des damnés après la mort. Chaque musicien y donne son maximum, fabriquant un résultat à la hauteur des attentes.
Pour les novices, la magie du Requiem de Mozart se situe avant tout dans sa légende : une partie de l’œuvre provient de la plume inspirée de Mozart, alors que le reste, personne ne le sait complètement. L’anonymat de la commande ajoute encore une pincée de sel au mystère.
Anges & Démons
Enchaînant sur le Tuba mirum, au baryton-basse et au trombone particulièrement justes, un segment compliqué étant donné que les musiciens se dévoilent autant à découvert, les artistes continuent sur le Rex tremendae, puis le Recordare. Les quatre solistes chantent ensemble sur le passage, parfois a capella, ce qui permet d’apprécier les différents timbres de voix et l’enchevêtrement ingénieux de la composition.
Suivant une dizaine de minutes plus calmes, l’œuvre revient dans son caractère mordant avec les premières notes du Confutatis, avant d’alterner sur une ligne plus douce, dans la même partie. Le passage représente à la perfection ces deux faces de la mort, les sopranos et les altos, comme des anges, invitent le public au ciel, en même temps que les ténors et les basses tirent vers les tréfonds ardents.
Et puis, ce passage. Le Lacrimosa. Sans aucun doute l’une des plus belles mélodies jamais écrites dans la période. L’élégance caractérielle du personnage de Mozart est troquée pour un caractère sombre, si sombre que l’on croirait parfois entendre la trame de la fin du monde durant cette dernière partie du Sequentia.
Les 200 musiciens sur scène continuent sur une interprétation exemplaire du Sanctus, Benedictus et de l’Agnus Dei, plus lumineux dans leur globalité que le reste de l’œuvre, avant de terminer sur les segments du Communio. L’ensemble revient dans une fugue intéressante, avant de faire entendre un long accord dans la basilique comme clôture. La note résonne quelques instants, le temps de rappeler cette citation de Sacha Guitry : « Lorsqu’on vient d’entendre un morceau de Mozart, le silence qui lui succède est encore de lui ». Le public se lève et acclame les talentueux musiciens.
Précédant du Mozart, du Mozart
En guise d’ouverture de la soirée, le clarinettiste Martin Gauvreau interprétait brillamment le Concerto pour clarinette en la majeur du même compositeur autrichien.
Pas un choix posé au hasard que de se jeter sur cette œuvre : Mozart composait en 1791 cet unique concerto pour clarinette dans son répertoire quelques semaines avant sa mort, tout comme son Requiem.
Après une longue introduction, le temps de poser les bases de l’œuvre, Gauvreau entre et montre sa technicité d’emblée. Le clarinettiste exploite toute la tessiture de son instrument dans des envolées techniques et maîtrisées.
Même durant les passages en forte, le son de la clarinette se distingue à merveille du reste de l’orchestre, un plus grand défi que pour un concerto de piano ou d’un cuivre.
Certains passages de l’Adagio poussent presque vers ce que l’on pourrait qualifier de romantique, malgré le fait que l’œuvre se situe davantage dans une forme classique, aux résolutions de demi-tons et aux trilles propres à la patte de Mozart.
- Artiste(s)
- Société philharmonique du Nouveau Monde
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Basilique Notre-Dame
- Catégorie(s)
- Classique,
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