Le père au Théâtre du Nouveau Monde | Quand la mémoire s’efface
À l’affiche du Théâtre du Nouveau Monde jusqu’au 21 avril 2024, Le père est une pièce de théâtre humoristique et touchante à la fois, qui aborde un sujet qui concerne de nombreuses familles : que faire quand un parents commence à perdre la mémoire?
Un sujet touchant adoucis par l’humour
Écrite par le dramaturge français Florian Zeller et adaptée pour le Théâtre du Nouveau Monde par le dramaturge canadien Emmanuel Reichenbach, la pièce relate le récit d’André, un père, qui voit sa mémoire se dégrader et la réalité s’effriter alors que la folie et l’incompréhension s’installent. Joué par Marc Messier, le personnage entraîne le public dans ses doutes et dans cette réalité ou plus rien ne semble faire de sens pour lui.
Alors que son père commence à perdre la mémoire, Anne, jouée par Catherine Trudeau, essaie de s’en occuper du mieux qu’elle peut. Malgré l’amour qu’elle a pour son lui, elle n’est pas capable de s’en occuper seule, pourtant son père refuse l’aide des aides soignantes qu’Anne essaie de lui imposer. André ne comprend pas pourquoi il aurait besoin d’aide, alors que pour le public et pour Anne, il est clair qu’il ne peut pas s’occuper de lui seul.
André se trouve dans une sorte de déni : il va bien, ce sont les autres qui racontent n’importe quoi et se moquent de lui. Bien que ce refus ou cette incapacité à voir la réalité fait mal au cœur, cela apporte de nombreuses scènes très comiques qui auront réussit aisément à faire rire le public. La perte continuelle d’un objet, la présence « d’inconnus » dans l’espace de vie d’André, qui fait semblant de les reconnaître, des meubles qui disparaissent et bien d’autres malentendus qui permettent de rendre la situation comique.
Par moments, le public a l’impression de ne pas comprendre tout ce qui se passe, il ressent la même confusion qu’André et ce qui le rapproche du personnage. Bien qu’André puisse être blessant, notamment avec sa fille, le personnage a un côté très enfantin, insouciant et drôle qui le rend extrêmement touchant,
Un décors fascinant
En regardant le décor sur scène, on peut voir un appartement placé de biais, les deux murs les plus proches du public ont été « effacés » pour permettre aux spectateurs de voir ce qui se déroule dans cet appartement montréalais. Le public semble vraiment avoir une vue plongeante sur un vrai appartement dans lequel les personnages évoluent. Le décor est très bien fait et on en oublie qu’on regarde une scène de théâtre et non des scènes de vie réelles.
Entre chaque scène, la scène est plongée dans le noir et le public est ébloui par de grandes ampoules. Quand l’appartement se rallume, on plonge à nouveau dans l’histoire. Mais au fur et à mesure, le personnage du père et le public se rendent compte que quelques détails du décors changent. Il faut y porter beaucoup d’attention, certains changements sont minimes, presque indétectables. Ces changements de décors sont faits discrètement et efficacement, et déstabilisent autant le public que André.
Il est cependant dommage qu’à de nombreuses reprises, en évoluant dans le décor, les acteurs tournent le dos au public. Au théâtre, il est intéressant de voir les expressions faciales des acteurs quand ils jouent. Ici, on voit régulièrement leurs dos ce qui peut être un peu frustrant.
Malgré tout, le langage corporel des acteurs permet dans l’ensemble de bien comprendre les émotions des différents personnages. La performance la plus marquante reste celle de Marc Messier, il parvient aisément à passer du rire à la douceur, la peur, l’incompréhension, et quand il change d’émotion, il entraîne le public avec lui. C’est lui qui donne le ton et permet aux spectateurs de savoir ce qu’ils doivent ressentir.
Après le grand écran, le retour aux planches
L’histoire de la pièce Le père a déjà été adaptée au cinéma dans le film du même nom (The Father) en 2020. Bien que l’histoire soit restée majoritairement la même, il est possible d’apprécier la pièce tout en ayant déjà vu le film. Ou inversement, sans avoir vu ni même entendu parler du long métrage de Florian Zeller avec Anthony Hopkins (le père) et Olivia Colman (Anne).
Il est intéressant de voir comment certains détails ont été changés pour être plus adaptés au grand écran et comment d’autres ont été modifiés pour que cela fonctionne sur une scène de théâtre, en direct devant un public.
Le père est une histoire touchante qui parle de problématiques réelles qui touchent de nombreuses personnes. Le public sortira en ayant rit et passé une bonne soirée, mais il sera plus éduqué et sensibilisé au sujet de la perte de mémoire, voire de l’arrivée de la démence chez une personne âgée. Le père est à l’affiche du Théâtre du Nouveau Monde jusqu’au 21 avril 2024. Détails et billets par ici.
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