Fils du diable

Le groupe trad Les Fils du Diable accusé de promouvoir le satanisme

Les Fils du Diable sont un trio de musique traditionnelle d’influences cajun, folk, pop, celtique et québécois composé de Marc Angers à la voix et au violon, Robert Langlois, à la basse et aux percussions et anciennement par Hugo St-Laurent aux claviers, maintenant remplacé par François de Grandpré. Leurs albums À la bière comme à la guerre et Les Fils du Diable sont festifs et joyeux. C’est de la musique dansante et de party. Bien malgré eux, ils se retrouvent désormais accusés de faire la promotion du satanisme. Sors-tu? s’est entretenu avec François Angers, le gérant du groupe pour connaître leur version des faits.

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Diane Doucet, une résidente de Belle-Baie au Nouveau-Brunswick, considère que le trio de musiciens fait la promotion du satanisme. Elle publie des vidéos à caractères militants et dévots sur sa page Facebook personnelle. On y retrouve notamment une vidéo en intitulée « Controverse acadienne », d’une durée de 40 minutes qui a déjà accumulé plus de 20 000 visionnements. Elle y critique des éléments scéniques des Fils du Diable.

Une mise en scène dérange une croyante dévote

Parmi les éléments qui dérange Diane Doucet, il y a un petit cabinet. « Le meuble qui est là est un ancien tabernacle que l’on a acheté dans un magasin d’antiquité. On a mis une lumière dedans pour mettre en vedette le violon de Marc, le chanteur principal. C’est le centre du spectacle. » Selon Diane Doucet la lumière dans le tabernacle représente Jésus-Christ, elle voit donc ceci comme un blasphème. « Ce n’est pas notre intention du tout », se défend François Angers.

Ils ont fait appel au comédien Martin Laroque afin de rendre leur spectacle intéressant au niveau de la mise en scène à l’image de la légende des Trois Fils. « Pour nous, tout a commencé avec la musique, après ça a été de bâtir une petite légende comme quoi les Fils du Diable, nés de trois mères différentes, ces fils-là se sont rencontrés plus tard et pour chasser le Diable, il fallait qu’ils jouent de la musique festive. »

« Pendant nos spectacles, on danse, on chante et on tape du pied pendant une heure et demie. La seule association que l’on a avec le Diable, c’est qu’on est des bons diables! », explique François Angers comme par l’expression qui veut dire « personne sympathique, facile à vivre ».

Ce n’est pas la musique qui dérange madame Doucet, ce sont principalement le décor et la mise en scène. Elle le dit elle-même : « De première impression, c’est de la musique joyeuse. Je ne me suis pas concentré sur les paroles, car jusqu’à maintenant c’est le symbolique visuel que j’ai remarqué qui va à l’encontre de l’identité traditionnelle acadienne. »

Mme Doucet décrie aussi la présence de ce qu’elle considère être un ostensoir, c’est-à-dire un objet liturgique où l’on place l’hostie consacrée. « Nous, ce n’est pas ça, c’est juste un soleil, corrige le gérant du groupe. C’est une pièce que nous avons achetée au Dollarama et installée sur le micro. La dame acadienne a vu des choses auxquelles nous n’avions pas pensé nous-mêmes.  »

Un autre élément qui dérange Mme Doucet, ce sont les planches de Ouija achetées dans une friperie par le groupe. « Les gars se sont inspirés de décor qu’ils ont vus en Louisiane, à la Nouvelle-Orléans. Tout ce qui a trait à la fête, en plus d’avoir un côté mystique. »

 

En croisade contre le groupe

Pour leur tournée dans les écoles du Nord de l’Ontario, le groupe a épuré son décor par prudence et pour ne pas créer de controverse après que Diane Doucet eut appelé la direction des écoles. « Elle nous accuse de dénigrer l’Eucharistie et de terroriser les enfants ». La tournée a pris son cours comme prévu. « Nous, on fait un contrat, on a été invité pour apporter de la joie. »

« Dans les chansons, il n’y a rien d’offensant ou de religieux. » Pour la suite des choses, le groupe a bien l’intention de garder tous les éléments de son décor :

Quand on va aller au Nouveau-Brunswick, à la fête des Acadiens, je regrette mais même si Madame est là, on va utiliser tout notre matériel.

Le groupe avait fait une tournée d’écoles au Nouveau-Brunswick à l’automne dernier. Mme Doucet avait tenté d’entrer en contact avec le groupe, mais ça s’était arrêté là. « Cette fois-ci, elle a pris les grands moyens, elle a même fait appel au journal local L’Acadie nouvelle. À partir de ce moment-là, nous avions l’impression qu’elle menait une croisade. »

 

De la musique endiablée, la référence au diable s’arrête là

L’histoire ne s’arrête pas là, les Fils du Diable vont jouer cet été à la Fête des Acadiens en compagnie du groupe 1755 le 16 août, à Petit-Rocher, le village de Diane Doucet, ce qui ne fait évidemment pas son affaire. Le groupe est étonné de se retrouver au cœur d’une telle histoire de nos jours, mais en même temps « avec les réseaux sociaux maintenant tout le monde a le droit de parole : du premier au dernier, même si tu as une opinion tranchée ou extrême… », exprime François Angers. « Mais au début on se demandait quand même si cela allait nuire à notre tournée de spectacles ».

« On ne lui en veut pas. Elle nous cause des problèmes, mais nous ne souhaitons pas partir de chicane », dit François Angers.

Nous ne sommes pas sataniques, j’ai moi-même la foi et je porte une petite croix dans mon cou depuis 50 ans.

« Nous ne sommes pas décrits de la bonne façon », continue-t-il. Le message que le groupe souhaite véhiculer à ceux qui les croient sataniques est le suivant : « Qu’ils viennent nous voir en spectacle, ils vont comprendre. On a du plaisir, et la positivité, c’est ça qui chasse le Diable de notre vie! C’est aussi simple que ça. »

 

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