Le Clone est triste

Le Clone est triste (mais le public s’offre une pinte de bon sang!)

Le Théâtre du Futur (Clotaire Rapaille – L’Opéra Rock, L’Assassinat du Président, La Vague Parfaite) poursuit son excellent travail de dystopie théâtrale absurde avec sa pièce la plus accomplie à date : Le Clone est triste. Les baby-boomers passent au hachoir dans cette fable improbable à la mixité de tons déconcertante, mais habilement menée par une troupe d’acteurs en pleine maîtrise du genre et un texte truffé de lol.

À notre arrivée aux Écuries, on a un peu l’impression de s’être trompé de lieu. Le décor ne ressemble ni à la simplicité DIY du Théâtre du Futur, ni à une quelconque pièce futuriste. Au contraire, on retrouve quelques personnages aristocrates qui flânent l’air emmerdé dans une somptueuse maison ancienne style XIXe siècle et peinent à se divertir pendant qu’il pleut à l’extérieur.

Photo par Josée Lecompte

Sitôt le spectacle commencé, le ton décalé des textes d’Olivier Morin et de Guillaume Tremblay annonce toutefois les couleurs : on emprunte les codes d’un type de théâtre révolu pour mieux le pervertir à grands coups de répliques imprévisibles, de revirements narratifs impossibles et de références culturelles actuelles (juste assez nichées pour satisfaire le public à l’affût).

Comme d’habitude avec cette troupe, on nous situe dans un avenir relativement lointain qui nous raconte l’improbable futur proche. Dans ce cas-ci, on est en 2067, et quelques années auparavant, les derniers indécrottables baby-boomers ont été déportés sur la Lune pour crimes contre la Terre par la génération post-milléniariale. Oh et le clonage a été interdit, question de permettre enfin aux vieillards de la génération X d’avoir un semblant d’impact sur la société avant de passer l’arme à gauche sans que les sempiternelles boomers ne s’imposent.

Pour se désennuyer, donc, nos personnages aristocrates se lancent dans une enquête de salon de type « Meurtre et mystère » où l’on tente de découvrir qui a tué Gilles Douillette, un clone possiblement porteur des organes du dernier baby-boomer encore sur Terre.

Le tout prendra des airs de récit d’enquête à la Scooby Doo, de théâtre mondain aux gestuelles ridicules, d’opéra-rock, d’histoire enfantine sans queue ni tête et même de concerto le temps d’une pause pipi (pour les acteurs, pas le public). Le jeune pianiste Philippe Prud’homme sert aussi de personnage secondaire, tout comme le comparse des deux auteurs, Navet Confit. La musique live ajoute à la variété des moments loufoques, qui sont nombreux et inventifs. Marie-Claude Guérin complète à merveille le duo central, s’intègre parfaitement au ton.

Évidemment, le spectre des baby-boomers est omniprésent, et on leur passe un savon… tout en parodiant ceux et celles qui ont la fâcheuse tendance à leur attribuer la faute pour tous les maux du monde.

Du grand n’importe quoi, au meilleur sens possible.

Le clone est triste est présenté du 29 janvier au 16 février 2019 au Théâtre Aux Écuries, à Montréal. Détails et billets par ici.

* Photo par Josée Lecompte.


Crédits :

Texte Olivier Morin et Guillaume Tremblay
Mise en scène Olivier Morin
Musique Navet Confit et Philippe Prud’homme
Interprètes Navet Confit, Marie-Claude Guérin, Olivier Morin, Philippe Prud’homme et Guillaume Tremblay
Production Théâtre du Futur

Vos commentaires