
Le Cirque Éloize présente Bon Voyage 2025 | Aller-simple pour le 19e siècle
Le Cirque Éloize redonne vie à sa création Bon Voyage et nous plonge dans ses studios à la gare Dalhousie dans le Montréal du 19e siècle. L’institution circassienne mêle avec entrain théâtre, acrobaties et fragments d’histoire. Un spectacle bilingue et familial, joyeux sans être naïf, mais surtout immersif.
Bon Voyage n’est pas une nouveauté à proprement parler : il a été présenté pour la première fois en 2024, après avoir pris racine dans un balado éponyme produit par le Cirque Éloize en 2023. Ce retour scénique revisite donc un voyage à travers le temps — de Montréal à la côte Ouest — en s’ancrant dans une époque marquée par la variole, la crise du logement et des figures comme Honoré Beaugrand.
Le récit historique, très présent au début et ensuite plus dilué n’est jamais pesant. Il se mêle d’ailleurs à une correspondance épistolaire entre deux jeunes amoureux séparés. Outre la narration très évidente dans la première moitié du spectacle, il se glisse plus tard par touches discrètes, s’arrimant avec les numéros… Une ligne télégraphique devient alors une corde lisse pour faire des acrobaties, un messager à bicyclette fait de la roue Cyr. Quelques clins d’œil contemporains comme un poème de Louis Riel en version slam et une chanson kitsch sur les chutes du Niagara dynamisent l’ensemble (et surprennent un peu).
Cinq artistes pluridisciplinaires font vivre ce voyage avec une belle maîtrise technique. Contorsions, diabolo, sangles aériennes, patins : les numéros se succèdent avec justesse, entre moments d’émotion et parenthèses comiques bien dosées.
L’expérience, quant à elle, se veut pleinement immersive : le public est « dans le décor », tantôt un wagon de train, tantôt une rue de Montréal avec ses premiers lampadaires électriques. Si bien que les artistes frôlent parfois les spectateurs, au point de leur permettre de distinguer les grains de peau et la sueur des efforts. L’expérience est multisensorielle, comme en témoigne l’environnement sonore parfois trop riche en plus des stimulations visuelles –des images sont projetées en permanence à 360°–, peut entraver la compréhension, mais n’empêche pas pour autant de profiter du spectacle. Même quand les dialogues se perdent, l’atmosphère reste prenante.
On peut reprocher cependant un rythme un peu inégal. Divisé en deux temps bien distincts — dont je tairais les détails pour préserver la surprise — après l’arrivée du train à destination (Port Moody, proche de Vancouver) alors qu’on croit le voyage terminé, on nous propose un dernier numéro « dans le futur », réussi et poétique, mais qui tombe un peu comme un cheveu sur la soupe.
On ressort de la gare Dalhousie avec l’impression d’avoir voyagé dans le temps, où la grande histoire se mélange à la petite. Un voyage qui ne dit pas tout (ce n’est pas un cours d’histoire), mais plutôt une rêverie à travers la mémoire collective.
Bon Voyage est présenté aux studios du Cirque Éloize jusqu’au 27 juillet. Plus d’informations ici.
Photos en vrac
- Artiste(s)
- Cirque Éloize
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Gare Dalhousie
- Catégorie(s)
- Cirque,
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