Le 27e Festival Fringe de Montréal est lancé | Fringerez-vous en attrapant le Fringe Buzz ?

Comme chaque année depuis 1991, le Festival Fringe de Montréal débutait lundi soir avec son toujours aussi hétéroclite Fringe-For-All au Café Campus. Devant une foule aussi compacte qu’exubérante, pas moins de 70 compagnies artistiques en tous genres sont venues présenter deux minutes de leur spectacle au programme, juste de quoi titiller les habitués et attirer de nouveaux explorateurs d’artistes marginaux prêts à tout pour se faire connaître et rendre leur art accessible.

Plus de 800 performances réunissant quelque 500 artistes disparates seront ainsi livrées jusqu’au 18 juin dans une douzaine de salles parallèles sur le grand Plateau. À quoi s’ajouteront la programmation du Parc Fringe (le Parc des Amériques, coin Saint-Laurent et Rachel), les Nuits du Fringe tard en fin de soirée, et des événements d’envergure comme le concours de Air Guitar du Québec qui se tiendra le 3 juin au Théâtre MainLine.

Car attention, le Fringe n’est pas le free for all à quoi on pourrait penser. Au contraire, le réseau international des Fringe est très bien structuré et se déploie un peu partout dans le monde. Fondé à Édimbourg en 1947 par des artistes refoulés au festival officiel de la capitale écossaise, le Fringe est fort de ses multiples ramifications sur la planète des arts de la scène. D’ailleurs, pour marquer les 70 ans du mouvement Fringe, se tiendra le 11 juillet prochain la toute première Journée mondiale du Fringe.

Amy Blackmore, directrice générale et artistique du Fringe de Montréal, parlait hier de l’événement comme d’un Noël, un véritable temps des Fêtes pour les artistes sans grands moyens qui ne demandent qu’à percer. « Le Fringe démocratise les arts vivants », se plaît-elle à répéter en ne manquant pas de rappeler les règles de base du mouvement Fringe:

1. La programmation se fait par tirage au sort, ou selon le principe du premier arrivé premier accepté.
2. Aucune forme de censure n’est exercée, laissant aux artistes la plus totale liberté d’expression.
3. 100% des recettes de la billetterie sont versées aux artistes.
4. Enfin, le prix moyen des billets qui est de 10.$ doit rester accessible au plus grand nombre.

 

Porte-parole : Paul Cargnello

Pour la première fois cette année, c’est un auteur-compositeur-interprète, Paul Cargnello, qui tient lieu de porte-parole. « Je me sens privilégié, je suis énormément fier de représenter le Fringe, disait-il. Je suis internationaliste, et j’aime l’idée que le festival soit un mouvement international. C’est une manifestation artistique doublée d’un engagement social. J’ai déjà joué au Parc Fringe plusieurs fois avant d’être connu. C’est rare pour un artiste de pouvoir s’exprimer sans aucune censure ni contraintes. Dans le monde de la musique, on est toujours sous contrat avec des distributeurs ou autres qui vont nous dire d’aller vers telle ou telle chose pour connaître un succès populaire. Au Fringe, un artiste peut faire tout ce qu’il veut, avec une énorme liberté. »

Ce Montréalais de naissance qui à 38 ans compte 11 albums, avec des tubes comme Une rose noire en 2007, a même composé une chanson-thème pour souligner sa présence en tant que porte-parole du Fringe cette année. C’est aussi Paul Cargnello qui ouvrira les activités du Parc Fringe le 8 juin accompagné par The Skinny Bros.

Théâtre, danse, musique, cirque, marionnettes, improvisation, mime, magie, cabaret burlesque, drag, clown, théâtre d’objets, poésie, laboratoires scéniques, il y en a vraiment pour tous les goûts. En français ou en anglais ou les deux, le Fringe ratisse large, contribuant au rapprochement des deux solitudes, ce qui définit du moins en art le Montréal jeune de maintenant.

« La programmation de cette année en particulier, selon Amy Blackmore, est 100% éclectique : une violoniste, des tatouages en direct, du disco, des Drag Queens et encore plus. Suivez le #fringebuzz pour tout connaître, et partagez l’information aussi avec le bouche-à-oreille. »

Hier soir, en effet, on a pu intercepter deux minutes de shows parmi les plus bizarroïdes, comme deux chaises qui copulent, une satire de cours prénatal, une réflexion philosophique sur la police, un magicien de pacotille, une dinde trônant sur un tabouret, des fantômes en jaquettes blanches munis de lampes frontales, des Drag Queens très royales, des bouffons aux maquillages élaborés, un Peter Pansexual, entre autres choses.

Mais la programmation du Fringe fait une place aussi bien à une pièce de Strindberg, Les Créanciers, à un texte de Simon Boulerice par la compagnie Globe Bulle Rouge, à un Petit Prince selon Machiavel, ou à une production sérieuse de Recto Verso Théâtre.

Un Fringe-For-All international se tiendra le 7 juin au Petit Campus, avec des trouvailles venues de l’étranger, mais du Canada aussi, sachant que le tout premier Fringe canadien est celui d’Edmonton, fondé en 1982, et que les 32 Fringes de la planète se connaissent et se complètent dans un même mouvement de liberté créatrice en arts vivants.