Karin Kei Nagano | Sur les traces de ses parents
À 18 ans, Karin Kei Nagano, la fille du maestro Nagano et de la pianiste Mari Kodama, a presque tout d’une jeune fille normale : baignée dans la musique depuis son plus jeune âge entre une maman pianiste et un papa chef d’orchestre qui parcourt le monde, elle vient en effet de sortir son deuxième disque autour des Inventions et Sinfonies de J.S. Bach sous la bannière Analekta. Un samedi après-midi à la Maison Symphonique, elle nous accueille avec sourire et modestie dans une loge de son deuxième chez-soi.
C’est avec beaucoup de douceur qu’elle nous raconte un peu son parcours. D’abord attirée par le violoncelle, c’est finalement le piano qu’elle commence sur les conseils de ses parents afin d’avoir une base musicale solide avant de garder définitivement cet instrument. Après avoir étudié à Paris, elle est maintenant élève de Peter Frankl à Yale où elle a entamé en septembre dernier un Bachelor of Arts. Au niveau de la notoriété de ses parents, la jeune fille confie : « J’ai eu beaucoup de chance d’avoir des parents qui ont essayé de maintenir une vie extrêmement normale et régulière malgré les voyages et beaucoup de distance car nous étions beaucoup séparés. »
En 2014, elle a sorti son premier disque autour des concertos pour piano n°12 et 13 de Mozart, dans une version pour piano et quatuor à cordes écrite par Mozart lui-même et accompagnée par le Cecilia String Quartet. C’est au compositeur allemand J.S. Bach qu’elle s’intéresse pour son second disque dans un répertoire qu’elle pratique depuis très jeune. « J’ai beaucoup réfléchi pour trouver un répertoire qui me correspondait vraiment et je pense que l’idée des Sinfonies et des Inventions m’est venue à l’esprit car ce sont des oeuvres que j’ai commencé au début de mon apprentissage et que je continue d’étudier tout en apprenant du nouveau répertoire. Ce sont des pièces écrites pour la jeunesse donc je trouvais que c’était intéressant de ressortir ce côté-là ainsi que la vitalité qu’on peut trouver mais en même temps de voir cette sorte de complexité dans l’écriture du compositeur.
Je pense que maintenant, je suis vraiment entre l’enfant et l’adulte ; je suis à un point où je peux encore exprimer cette jeunesse tout en ayant plus de capacités que lorsque j’avais 6 ans.
Elle se dit aussi très reconnaissante envers Analekta pour la confiance que la maison de disques lui accorde dans un projet pour lequel elle s’est beaucoup investie.
La jeune pianiste parle ensuite de ses diverses expériences en studio, concerts ou en musique de chambre à la maison qui ont toutes leurs propres particularités les rendant spéciales. « Au studio, il s’agit plutôt d’un travail de sculpteur, de raffinement. On a une sorte de double-vision. C’est comme si on est à la fois la personne qui joue et la personne qui écoute. C’est très intéressant mais en même temps, il n’y a pas cette même énergie ou la nervosité qui vient avec le fait de performer devant un auditoire. » Étudiante à Yale University, elle limite pour le moment ses concerts aux vacances scolaires mais a quelques projets en vue en Allemagne et au Japon.
Concernant ses goûts musicaux, passionnée par ce qu’elle fait et débordante d’enthousiasme, elle a du mal à trancher : « Ça dépend beaucoup des moments et de mon humeur, bien que Bach et Mozart restent dans mes préférés. Mais j’aime beaucoup Schumann aussi, Messiaen, Britten, Debussy, Ravel, Fauré… C’est trop difficile de choisir ! » Karin Kei joue de tout et aime découvrir de nouvelles pièces, bien qu’elle soit un peu impressionnée par la masse énorme de répertoire composé pour son instrument : « Il y a tellement de répertoire… L’un de mes professeurs m’a dit un jour : il n’y a jamais trop de difficultés dans la musique, la musique est la musique et c’est à nous de la réaliser. »
La pianiste prend ses inspirations auprès des plus grands, notamment András Schiff et Tatiana Nikolayeva pour Bach. « J’aime comprendre leur interprétation, pas pour les copier mais pour comprendre leur manière de voir l’oeuvre. » Outre une excellente musicienne, elle impressionne par sa maturité et sa réflexion sur la musique et la vie en général. On lui souhaite donc d’avoir une aussi jolie carrière que ses parents et ses modèles musicaux.
Portrait chinois
Si tu étais…
- Un instrument : le violoncelle
- Un compositeur : j’aimerais être dans l’esprit de Bach pour savoir à quoi il pense
- Une tonalité : Si bémol Majeur
- Une oeuvre : peut-être Les Noces de Figaro de Mozart mais c’est difficile…
- Un(e) pianiste : Maria Joao Pires
- Un artiste autre que musicien : Denys Arcand ou Michel Houellebecq
- Un orchestre : L’Orchestre Symphonique de Montréal ou l’Orchestre Philarmonique de Budapest
- Un art : la musique
- Artiste(s)
- Karin Kei Nagano
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Maison Symphonique de Montréal
- Catégorie(s)
- Classique, Classique,
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