Kali Uchis à l’Olympia | Lascive et envoûtante
L’équipe derrière le spectacle de Kali Uchis a dû composer avec toutes sortes de problèmes et d’imprévus avant le spectacle, si bien qu’aucune première partie n’était présente pour réchauffer la salle. Qu’à cela ne tienne, la chanteuse américano-colombienne a fait grimper la température en un rien de temps dans l’Olympia, gardant les brûleurs bien allumés pendant plus d’une heure complète.
La mise en scène du spectacle était simple mais efficace : un grand rideau blanc couvrait tout l’arrière de la scène, permettant d’envelopper l’espace de différentes couleurs. Kali Uchis a profité de ce drap pour jouer aux ombres chinoises un court instant avant d’entrer sur une scène rouge écarlate pour entamer Dead to Me. Déjà, les mouvements de hanches emportaient son corps de gauche à droite et de haut à (très) bas, au grand bonheur de la foule.
Avec ses quatre musiciens accomplis bien entassés dans les coins, Kali avait tout l’espace voulu pour danser. Certes, la chanteuse de 24 ans a passé la majorité du spectacle devant son pied de micro, en plein milieu de la scène. Le dynamisme du spectacle n’en a toutefois pas été affecté pour autant car ses pas de danse, allant du tourniquet au brassage de popotin, étaient nombreux, sans jamais pour autant défier le bon goût.
* Photo par Louis-Philippe Martin.
Séduire avec classe
Oui, Kali Uchis est capable d’être sensuelle sur scène, et elle semble en mode séduction durant pratiquement tout le spectacle. C’est toutefois son professionnalisme et sa grâce qui ont su charmer le public. C’est qu’elle danse aussi bien qu’elle chante, cette Karly-Marina. À plusieurs reprises durant le spectacle, elle se permet de pousser la note dans des territoires risqués, sans jamais trébucher. Sa voix est d’ailleurs particulièrement mise en valeur lorsqu’elle reprend I Feel Love de Donna Summer, classique du disco qui navigue allègrement dans les aigus.
Le contact avec le public aura été constant, même si certains spectateurs avaient le don de gâcher les rares moments où Kali Uchis essayait de s’adresser à la foule. Difficile en effet de bien comprendre ce qu’elle dit lorsqu’il y a constamment deux ou trois gars qui décident de crier des « Mamacita! » et des « I love you » pour l’enterrer. Si tu l’aimes vraiment, tu écouterais ce qu’elle dit, surtout quand elle semble vouloir parler de sujets importants comme la pauvreté en Colombie. Dans tous les cas, personne ne te trouve cute et tout le monde t’haït…
C’est dommage parce que le reste de la foule était définitivement là pour les bonnes raisons. Nombreux étaient d’ailleurs ceux qui se sont prêtés au jeu de rapper le couplet de Tyler, The Creator sur l’excellente After the Storm, alors que Kali tendait le micro. L’unisson était si bien réussi que l’absence du rappeur ne s’est pas du tout fait sentir. De plus, que ce soit Flight 22, Tyrant ou Miami, pratiquement chaque pièce était accueillie avec beaucoup d’enthousiasme.
Injecter de la chaleur en octobre
Au final, ce spectacle aura surtout été une bonne occasion d’apprécier les compositions de son premier album, Isolation, paru plus tôt cette année. La liste des producteurs est longue sur ce disque, et inclut de grandes pointures dont Gorillaz, Kevin Parker de Tame Impala et Greg Kurstin. Pendant le spectacle, les chansons prenaient parfois un air vaguement plus rock, alors que tout ou presque était joué live.
Ceci étant dit, tant sur scène que sur disque, il est difficile de catégoriser la musique de la jeune autrice-compositrice-interprète dans un seul style de musique. Ses influences sont très diverses, allant du R&B au jazz, du funk au soul et de l’indie au reggaeton. Les chansons se tiennent toutefois bien grâce à une voix irréprochable et chaleureuse et à un soleil qui ne semble jamais loin à l’horizon. Chose certaine, Kali Uchis a tout le charisme et la prestance d’une vedette de la pop, si bien qu’on se demande ce qu’attend le grand public pour l’adopter.
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