Jon Anderson et Rick Wakeman à Montréal: Entrevue avec Jon Anderson
Dans le cadre de sa venue au Québec cette semaine, Jon Anderson – ancien leader et chanteur du groupe de rock progressif Yes – s’est entretenu avec Sors-tu.ca par téléphone au sujet de ses différents projets musicaux, de l’état actuel de l’industrie de la musique et de sa tournée avec Rick Wakeman (ancien claviériste de Yes) qui l’amènera à Montréal ce samedi soir.
Suite à de graves complications respiratoires en 2008 et à l’annulation de la tournée 40e anniversaire de Yes, les membres du groupe ont décidé de ne pas attendre la rémission de Jon Anderson et l’ont remplacé avec un chanteur issu d’un groupe hommage, le Montréalais Benoit David.
Bien que blessé par cette tournure des événements, l’éternel positif Jon Anderson a pris le temps de méditer sur sa vie et sa carrière, et s’est remis peu à peu au travail. Lancé en 2010, l’album Survival and Other Stories a été créé en collaboration avec plusieurs artistes du monde entier que Jon Anderson a recrutés via Internet. Certains textes sur l’album, dont Unbroken Spirit et Cloudz, témoignent de la force de caractère du célèbre chanteur.
« Cette collection de chanson, c’est le résultat de toutes ces émotions que j’avais en moi, de tout ce que j’ai traversé. J’ai été très malade, j’ai subi six opérations et se sortir de ça, c’était comme découvrir un nouveau monde. Ma vie, c’est la musique. La musique et l’aventure. »
« Je vais très bien maintenant. Heureusement, ma femme (Jane) est toujours là pour moi, elle voyage avec moi et nous sommes très heureux. Je suis en amour avec ma vie, je suis en amour avec ma femme; que demander de plus? »
Le 25 octobre dernier, le jour de son 67e anniversaire, Jon Anderson a lancé la pièce Open sur différentes plateformes numériques, une chanson de 21 minutes qui voit l’artiste revenir au format qu’il privilégiait dans les années 70 avec Yes.
« Ça a commencé par un brouillon que j’ai fait à la guitare. Je l’ai fait écouter à mon ami Stefan Poddell, qui est arrangeur et compositeur. Il est reparti chez lui et un mois plus tard il me présentait de magnifiques arrangements pour la pièce. La chanson fut complétée un peu comme de la peinture à numéro, avec d’autres musiciens ici et là, une chorale de jeunes, ma femme, etc. C’est une chanson dont je suis très fier. »
« Les comptables ont pris le contrôle de l’industrie »
Jon Anderson ne fait jamais rien comme les autres. Et c’est le climat actuel dans l’industrie de la musique qui lui donne autant de liberté.
« Les compagnies de disque ne joueraient pas ce genre de morceau à la radio. Mais c’est de la musique, vous savez? La musique, ce n’est pas “gagner de l’argent”. La musique, c’est la création et ce pouvoir de création nous est transmis par les forces qui nous entourent. Nous sommes tous connectés, à tant de niveaux, et la musique devrait être une célébration. »
« Ça ressemble un peu à ce que nous faisions dans les années 70, quand Ahmet Ertegun était à la tête d’Atlantic (Records). Il adorait la musique, et il nous donnait carte blanche pour créer. Malheureusement, à la fin de la décennie les comptables ont pris le contrôle de l’industrie et l’aspect commercial a eu préséance sur tout. Le sexe, l’image, et l’argent, c’est ce qui comptait. Et cela empêche les gens de profiter de l’expérience que peut leur donner la musique, qui est une chose tellement puissante. Même les musiciens peuvent se faire prendre dans ce cercle vicieux. »
« Les compagnies de disques ont signé leur arrêt de mort lorsqu’elles ont cessé de croire en la musique. »
« Je crois que c’est super. Les gens vont se demander “c’est quoi cette voix ?” Tu souhaites toujours attirer plus de monde vers ce que tu fais. Tant mieux si de jeunes admirateurs de hip-hop s’intéressent à ce que je fais, à ce que j’ai accompli avec Yes, avec Vangelis et à mes autres projets. »
The Living Tree
Depuis leur dernier passage au Québec en 2006, Jon Anderson et son vieil acolyte Rick Wakeman ont lancé un album en 2010 intitulé The Living Tree. Ce sont des pièces de cet album, ainsi que de vieux classiques, que les deux hommes vont jouer ce samedi à Montréal.
« C’est une merveilleuse expérience que d’être sur scène avec Rick. C’est très différent; ce n’est pas du rock’n’roll, ce n’est pas ci, ce n’est pas cela… C’est simplement moi et Rick sur scène. Nous reprenons des classiques de Yes, comme Awaken. Le public semble aimer les nouvelles chansons, et il aime surtout les interactions entre Rick et moi, car vous savez, Rick aime blaguer. J’explique une chanson, il interrompt avec une blague et le public éclate de rire, et le tout est très divertissant. »
« Le public québécois a toujours été bon avec moi. Avec Yes, nous avions toujours hâte de venir, les gens sont très… éclatés, ils adorent notre musique et nous supportent énormément. J’ai toujours aimé venir à Québec et Montréal. »
Collabo en vue avec… Amon Tobin?
Et qu’y a-t-il dans le futur pour Jon Anderson?
« Je travaille présentement sur trois comédies musicales, deux comédies musicales pour enfants, un concerto pour violon, une pièce musicale dansée, un concerto de guitare, etc. Je travaille sur différents types de musique. Il y a tellement de gens intéressants avec qui collaborer. Il y a ce gars, de Montréal, Amon Tobin, que j’ai vu sur YouTube. J’ai été sidéré par l’aspect visuel et sonore de ses spectacles, et j’adorerais travailler avec lui. J’ai des idées complètement démentes, côté vocal, que j’aimerais essayer avec lui. »
- Artiste(s)
- Jon Anderson et Rick Wakeman
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Théâtre St-Denis
- Catégorie(s)
- Rock,
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